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FOLK ROCK PSYCHé  |  STUDIO

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KALEIDOSCOPE - A Beacon From Mars (1968)
Par LE KINGBEE le 17 Janvier 2021          Consultée 721 fois

Malgré des critiques élogieuses, le premier disque est un flop monstrueux qui ne se vend pas. Si sur scène le groupe parvient à surprendre par son éclectisme avec un répertoire orienté vers un Folk Rock Psy dans lequel s’emboîtent de fortes influences ethniques, en studio c’est une autre paire de manche.
Le label Epic décide de confier la formation à deux nouveaux producteurs : Stu Eisen et Mike Goldberg, deux débutants. Goldberg a toutefois une bonne conception du job, il était saxophoniste dans l’orchestre de Charlie Barnet et a enregistré un disque au sein d’un ensemble de Dizzy Gillespie.

Avec sa pochette colorée rappelant certains visuels caractéristiques du registre Rock Psyché, le groupe semble s’ouvrir au monde et à toute la galaxie. Illustré de deux astrophysiciens scrutant à l’aide d’un puissant télescope une moitié du globe, la pochette indique Marche and Two Steps, un sous-titre faisant probablement référence à l’influence des musiques ethniques et folkloriques dans lesquelles le groupe puise une partie de son répertoire.

Ce second jet enregistré en Californie dans les studios Epic est agrémenté de deux longs titres enregistrés dans les conditions d’un Live, sans overdub. Si des dissensions commencent à se faire sentir entre Saul Feldthouse et la doublette Chris Darrow/ Chester Crill (alias Fenrus Epp et Max Budda), elles ne se ressentent pas sur le disque. Ce nouvel opus dont la pochette colorée tranche avec celle de Side Trips reprend des ingrédients similaires avec une plongée au cœur d’une musique bigarrée et ethnique. Si certains y voient probablement un manque d’homogénéité et d’identité, le disque s’inscrit dans la vague des albums concept avec deux longs titres fermant chacune des faces.

KALEIDOSCOPE propose ici une belle invitation au voyage à travers la planète. Rassurez-vous, Mars ne fait pas partie de cette vaste expédition. Les influences celtiques sautent aux yeux avec "Greenwood Sidee", une variante de "Cruel Mother" à mi-chemin d'une chanson folklorique et d'une comptine. Si la chanson parlant d’un infanticide remonte au XVIIIème siècle, elle fait le bonheur de nombreux combos Folk irlandais durant les fifties avant que le duo canadien Ian & Sylvia puis Joan BAEZ la popularisent en dehors du paysage saxon. Ici après une intro de tambour à l’image d’une marche militaire, c’est un tulum turc, instrument de la famille des cornemuses, qui prend le relai et nous renvoie sur les rives d’un loch.
Autre morceau issu du trad., "Baldhead End Of A Broom" vient de Caroline du Nord. Création du guitariste Walter Smith, membre des Carolina Buddies, le titre fut repris par Grandpa Jones, puis June Carter avant de tomber dans l’escarcelle de Mike SEEGER, grand ami de Chris Darrow et membre fondateur des New Lost City Ramblers, groupe phare du Folk Revival. Là, si les guitares, la mandoline et l’harmonica hésitent entre Dixieland et Bluegrass, le chant prend une tournure complètement barrée, proche du Folk Psy, une interprétation diamétralement opposée à ses devancières.

Composition de Chris Darrow, "Life Will Pass You By" nous expédie en plein territoire Folk avec un bel assemblage de guitare acoustique, de mandoline tandis que le chant prend une teinte dylanesque. Autre titre influencé par l’aura du barde DYLAN, "I Found Out", création du songwriter Earl Shakleford, choriste pour Iggy POP et Walter Egan, combine Rock et Folk Psy, Saul Feldthouse et David Lindley se chargeant du chant avec d’étranges intonations.
Deux reprises agrémentent l’album: "You Don’t Love Me", un classique du bluesman Willie Cobbs qui prêta à polémique, plusieurs artistes s’en attribuant la paternité. Si le morceau ressemble fortement au "She’s Fine, She’s Mine" de Bo DIDDLEY, le groupe s’éloigne de la version originale caractéristique du Memphis Blues pour nous emmener plus à l’Est dans les terres du Blues Psy californien. Si le titre a fait l’objet d’excellentes versions (Clarence EDWARDS, Junior WELLS ou Albert KING), celle-ci se démarque avec la présence de deux harmonicas qui au lieu de se livrer un duel sans merci se complètent merveilleusement.
Petite descente vers les bayous louisianais avec "Louisiana Man", compo de Doug Kershaw et hit du duo Doug & Rusty. Si les titres cajuns ou plus communément louisianais intégrant le Top Ten du Billboard se comptent avec une étrange parcimonie, cette chanson entre de plein fouet dans le Top Ten avant de devenir l’un des hymnes de la Louisiane. Le titre est l’objet de bonnes reprises : Bobbie GEBTRY, Lucinda WILLIAMS, Connie SMITH en offrent des versions féminines valant le détour. Chez les cajuns, outre Doug Kershaw, brillant violoniste, Jimmy Newman fait danser toute la Louisiane et le Texas voisin tandis que Charley PRIDE en donne une excellente version avec lap steel guitare. Parallèlement, le titre connaît quelques essais mous du genou (The SEEKERS, Johnny CASH, Johnny RIVERS) que nous déconseillons. Là, le groupe respecte les traditions, améliorant même les codes avec la présence de deux violons alors que le chant de David Lindley colle assez bien à l’esprit du morceau.

Gardons le meilleur pour la fin avec les deux titres fleuves fermant les deux faces du disque. "Taxim" prend sa source sur "Sehnaz Longa", un trad. de Santuri Ethem Efendi, l’un des maître de la musique santurienne. Pendant plus de 11 minutes, le groupe nous propose un diaporama musical partant du Bosphore avec comme point d’arrivée une descente vers l’Irak et l’Iran. Plein de nuances, le rythme monte crescendo, passant de la Longa (danse turque) pour finir dans une farandole perse proche de la transe. L’utilisation du santur, instrument de la famille des cithares proche du tympanon français, cumulée au saz, à l’oud (luth à manche court) et au timpani (équivalent des timbales perses) nous propose un superbe voyage dans une partie du monde aux paysages bien contrastés. Il n'y a plus qu'à déguster un thé à la menthe bien chaud.
"Beacon From Mars" qui donne son titre au disque rappelle à certains l’univers des DOORS. Pendant plus de douze minutes, le titre prend toutes les teintes et délires du Rock Psy, chaque instrument s’engouffrant dans des brèches sonores aussi surprenantes qu’improbables, à l’image de l’orgue, d’un clavecin, d’un harmonica et d’une basse qui tentent de garder le temple.

Avec un producteur du calibre d’Albert Grossman ou de Jerry Wexler, KALEIDOSCOPE aurait dû s’imposer plus durablement sur la scène américaine. Peut-être trop avant-gardiste et trop porté sur des colorations ethniques bien éloignées du son du Rock californien pâtiné d’Acid, le groupe ne parviendra pas à percer durablement. Si Epic a publié en single "Found Out", n’importe quel producteur ayant quelques grammes de jugeote aurait proposé une version de "Taxim" en format radio. Disque inégal de part son éclectisme, "A Beacon From Mars" s’inscrit toutefois parmi les bonnes curiosités de cette fin sixties, se démarquant des diktats et des conventions.

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   LE KINGBEE

 
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- David Perry Lindley (guitare, cithare 2-4, fiddle 6)
- Chris Darrow (chant 5-6-7, basse 1-4-7-8, mandoline 3-5, guitare)
- John Vidican (batterie, timbale 4-8)
- Saul Feldthouse (chant 1-2-3-8, basse 5-6, oud 4, saz 4, guitare 7,)
- Maxwell Budda (chant 7, basse3, orgue 1-8, harmonium 1, violon 2-)


1. I Found Out
2. Greenwood Sidee
3. Life Will Pass You By
4. Taxim
5. Baldheaded End Of A Broom
6. Louisiana Man
7. You Don't Love Me
8. Beacon From Mars



             



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