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KALEIDOSCOPE - Incredible! Kaleidoscope (1969)
Par LE KINGBEE le 22 Novembre 2022          Consultée 559 fois

Salué par la critique, KALEIDOSCOPE est durement boudé par le public, les deux premiers albums étant loin de se vendre comme escompté. Tout avait pourtant bien démarré : en 1967, la formation avait accompagné Leonard COHEN sur l’album Songs of Leonard Cohen avant d’enchaîner deux flops.

Suite à ces deux échecs commerciaux, Chris Darrow, l’un des fondateurs emblématiques de la première mouture, quitte le groupe pour rejoindre The Nitty Gritty Dirt Band. Le guitariste est remplacé par Stuart Brotman, premier bassiste de CANNED HEAT. Dans la foulée, John Vidican souhaitant poursuivre une carrière plus stable comme ingénieur du son quitte le groupe qui embauche alors Paul Lagos, batteur ayant fait ses gammes au sein de la Johnny Otis Review et Little RICHARD. D’un coup, c’est la section rythmique complète qui s’envole, un coup dur pour le groupe qui ne remet pas en cause son éclectisme, même si la touche Folk disparaît légèrement au profit d’une coloration encore plus bigarrée. Pourtant, tout s’annonçait bien, le groupe avait fait sensation lors du Festival de Newport en 68, certains concerts avec light-shows et danseuses du ventre demeurent mémorables.

Autre changement, si les deux premières galettes avaient été confiées à différents producteurs, cette fois-ci la formation est placée sous la houlette de Jackie Mills, un batteur de Jazz cofondateur avec Fred Astaire du label Choreo (futur Ava Records). Si Mills a longtemps été un batteur de Jazz session réputé (Anita O’DAY, Stan GETZ, Tommy Dorsey), ses liens avec le Rock et la Pop sont restreints, se limitant à quelques collaborations avec Elmer Bernstein et Fuse (groupe dans lequel figuraient Rick Nielsen et Tom Peterson, futurs CHEAP TRICK). Cette inexpérience dans les domaines du Folk et du Rock se retrouve pratiquement gommée, le producteur se contentant avec sagesse de laisser libre court aux différents membres du groupe.

Le départ de Darrow, grand pourvoyeur en matière d’écriture, permet au groupe de recentrer son travail sur ses compositions et par la même occasion de proposer un répertoire plus condensé venant en contrepoint d’un contrepoint particulièrement diversifié.
Quatre des sept morceaux proviennent d’un travail conjoint des cinq membres, chacun apportant un angle plus ou moins important au gré des pistes. A l’instar des deux galettes précédentes, "Lie To Me", titre d’ouverture, diffuse une ambiance surfant entre Orientalisme et Psychédélisme. L’utilisation d’un jeu de cymbales ajoutée au phrasé d’un oud délicat renforce ce décor plein de chaleur. Selon l’imagination de chacun, on pourrait croire que Kaleidoscope s’est exilé sur les rives du Bosphore, sur les côtes byzantines ou en plein territoire Omeyyade. Un morceau d’autant plus efficace qu’il n’atteint pas les 3 minutes de durée.
Jamais KALEIDOSCOPE n’a jamais aussi bien porté son nom, le groupe poursuit dans un complet Psychédélisme avec "Cuckoo", porté par l’harmonica obsédant de Fenrus Epp (alias Max Budda, Chester Crill et Templeton Parcely), un titre à la croisée des chemins de DR. JOHN, de The DOORS et de SPIRIT. Preuve de son étrange hétérogénéité, le groupe nous offre la véritable valse cajun de "Petit Fleur" * aux paroles en old french, accent cajun, fiddle, triangle, guitare acoustique. Les quarante dernières secondes nous prennent totalement à contrepied avec une square dance aussi échevelée qu’humoristique.
Mais ce travail de groupe demeure marqué par l’impressionnant "Seven-Ate Sweet", second et dernier morceau de la face B. Ce long patchwork de plus de 11 minutes nous fait presque parcourir la moitié du monde. L’assemblage des divers instruments reste un modèle du genre entre les passages de guitares, de bouzouki, de baglama, de fiddle, de cümbüs (sorte de luth turc similaire de banjo). Les changements de nuances et de rythmes se succèdent et laissent place à une toile de fond aussi épaisse que dense, appuyée par les paroles chantées en turc par Feldthouse. Un morceau à mi-chemin de SABICAS/Joe BECK et Erkin Koray.

Le groupe se métamorphose des pieds à la tête avec "Let The Good Love Flow", une compo du tandem Mayne Smith/David Lindley, qui nous renvoie ici vers une mixture Country Rock entre COMMANDER CODY et NEW RIDER OF THE PURPLE SAGE. Fort heureusement, les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, cette facétie ne s’éternise pas et a l’avantage de prendre l’auditeur à l’improviste. Autre création de David Lindley avec "Banjo" un instrumental qui met en avant la virtuosité de David Lindley et Saul Feldthouse, les deux musiciens se livrant un duel amical entre un banjo et son aïeul anatolien.

Seule reprise du disque, on reconnaît derrière le titre "Tempe Arizona" le "Killing Floor" d’Howlin’ WOLF. L’intro d’une batterie percutante et d’une basse pleine de rondeurs lance le titre sur de bons rails, Fenrus Epp s’offrant un petit solo d’harmonica alors qu’au deux tiers du morceau, Lagos se livre à une véritable démonstration de baguettes, alors qu’en arrière-plan un léger fumet de fiddle vient adoucir la sauce.

Extrêmement bigarré, Incredible ! Kaleidoscope porte bien son nom. Certaines stars de l’époque, parmi lesquelles l’anglais Jimmy PAGE, ne tarissent pas d’éloges sur la virtuosité et l’imagination du groupe. L’album se classe au 139ème rang du Billboard, mais noyé par le nombre de productions Rock Psyché qui font suite au fulgurant succès de Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band des BEATLES.
Si l’éclectisme et l’oscillation quasi perpétuelle des différents univers peuvent parfois donner mal à la tête, KALEIDOSCOPE délivre ici un album sortant des sentiers battus. Si le disque est parfois inégal, il propose tout de même cinq titres forts. Le vinyle a fait l'objet de deux rééditions sous format CD, on conseille aux amateurs la bonne vieille galette vinyle, celle-ci se négociant entre 30 et 50 euros.

Note réelle 3,5.


*Aucun lien avec son presque homonyme "Petite Fleur" de Sidney Bechet.

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   LE KINGBEE

 
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- David Lindley (chant, guitare, fiddle, banjo)
- Solomon Feldthouse (chant,guitare, oud, cümbüs)
- Stuart Brotman (basse, chant)
- Paul Lagos (batterie, chant)
- Fenrus Epp (harmonica, orgue, violon,chant)


1. Lie To Me
2. Let The Good Love Flow
3. Tempe Arizona
4. Petit Fleur
5. Banjo
6. Cuckoo
7. Seven-ate Sweet



             



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