Né au haut Ghana occidental, Mario DIEKUUROH a commencé son éducation musicale à l’âge de 8 ans dans une école de gyli, instrument typique prenant la forme d’un marimba avec des calebasses en guise de résonateurs. Jeune homme, il déménage ensuite dans la capitale Accra et forme un groupe de danse avec le peuple dagari, établi au nord-est du pays. Puis sous la protection du Conseil des Arts ghanéen, il fonde le collectif Ananse Kromian Sounds où il joue du gyli. En tournée avec la Ghana National Dance Company au milieu des années 70, il se fixe à Deptford, quartier londonien, où il rencontrera Charles BULLEN, Charles HAYWARD et Gareth WILLIAMS, trio formant THIS HEAT. Après avoir joué ensemble plusieurs fois notamment au Factory situé à Manchester, le quatuor se posera en studio pour un bœuf.

Non explicitement nommée, la pièce provient donc de cette session d’improvisation unique en 1977 aux studios Cold Storage. Editée par Charles BULLEN, il s’agit d’une sélection des meilleurs moments de la journée et un enregistrement d’une occasion rare où les trois fortes entités créatrices structurant THIS HEAT ont accueilli en leur sein un quatrième larron.

Cette chanson fut d’abord produite en 1982 sous forme de cassette pour un split avec Albert MARCOEUR, sorti sur le label Tago Mago – du nom de la chanson de CAN – et managé par le journaliste musical Pascal Bussy. La cassette a par la suite été rééditée et vendue pendant la tournée de THIS IS NOT THIS HEAT, l’itération de THIS HEAT amputée de Gareth WILLIAMS malheureusement décédé en 2001, entité internationalement acclamée, active entre 2016 et 2019.

De qualité sonore assez correcte, la pièce alterne entre ambiance typiquement africaine (l’ouverture sur le rythme de « Horizontal Hold » nous envoyant au cœur du marché de Bamako, des échos du gyli couplés à guitare et alto), rythmes mécaniques électrisés à l’harmonica et vents non identifiés (est-ce une clarinette, une flûte étouffée ?) et moments plus délétères, la partie en duel flutiau/alto faisant furieusement penser aux climats de « Facelift », vertigineuse ouverture de Third, bien-nommé troisième album de SOFT MACHINE.

Un quart d’heure d’assez bonne facture, on en vient presque à regretter que cela ne dure pas plus longtemps à la fin. A retrouver sur leur bandcamp en version digitale pour trois livres, cependant réservé aux complétistes les plus chevronnés d’entre vous, ayant déjà saigné leur coffret Out of Cold Storage et ses innombrables trésors.