Vous connaissez Julia ? Elle est arrivée deux jours après mon anniversaire, en 2014. Le 31 Mars pour être précise. Et elle annonçait le grand retour d'ARCHIMEDE sur des notes quelque peu différentes de ce que nous leur connaissions alors. Quelle tendresse dans ce texte ! Non pas qu'il n'y en ait pas eu auparavant, bien au contraire, mais celle-ci est différente. On parle toujours d'amour, mais sous une autre forme. L'amour paternel. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a beaucoup de maturité dans ce disque. Et c'est très touchant, je dois dire.

Il est important de noter qu'après deux superbes albums produits en compagnie de Philippe Paradis, Frédéric et Nicolas décident de remettre quelque peu en question leur façon de faire et d'aller voir comment ça se passe ailleurs. Ainsi, ils se tournent pour « Arcadie » vers le collectif A.L.B.E.R.T connu pour avoir travaillé avec Jean-Louis AUBERT, Alain SOUCHON ou encore Arthur H.

L'album, lui, voit le jour le 16 Juin 2014 et, comme pour ne pas trop bousculer les fans de la première heure, la première chanson c'est du ARCHIMEDE tout craché. Un texte engagé, un humour railleur, des sons pop rock et la machine est relancée ! On apprécie même la chorale enfantine qui intègre la jeune génération dans le combat mené par la chanson, et qui ouvre également une porte à l'enfance pour ce nouvel album.

En effet, on retrouve donc la petite "Julia" à la piste deux pour rappeler le single au public et tout de suite après, de nouveau l'engagement des deux frères Boisnard avec "Toi qui peines au bureau". Une chanson qui n'est pas sans rappeler "Les Petites Mains" de l'album précédent, mais toujours avec une pointe d'humour un peu cynique pour faire passer la pilule.

Comment parler d'Arcadie sans parler de la chanson "Ça Fly Away" ? Impossible. A la première écoute, elle m'a fait hurler de rire. Évidemment, ARCHIMEDE ce sont de fervents défenseurs de leur langue maternelle, même s'ils flirtent avec des sonorités de leurs voisins et amis anglais. Sans rancune, Fred et Nico ont décidé de se moquer gentiment de leurs confrères français qui ne savent que chanter en empruntant la langue la plus universelle de cette planète.

Dans une autre sorte d'engagement, les frangins ont écrit une très jolie chanson douce afin d'apporter leur soutien à la communauté homosexuelle. "Dis-le nous" est inspirée de faits réels et traite le sujet du coming out dans des milieux plutôt ruraux où il n'est pas toujours évident d'annoncer son homosexualité. Nicolas n'a pas manqué d'écrire qu'il ne s'agissait là que d'amour, une beau message empreint de bienveillance.

Et quand on parle d'amour, ARCHIMEDE n'est jamais loin. C'est donc avec pas moins de trois chansons qu'ils nous enchantent les oreilles pour nous parler de l'Amour avec un grand A … ou pas. En effet, "Au Marché des Amandiers" nous conte une histoire de plusieurs mois de chagrin d'amour, "L'amour à perpète" nous clame les regrets d'une rupture et "Oh viens ma chérie" est une nouvelle fois drôle à pleurer lorsque Nicolas nous chante qu'il ne sait plus quoi faire pour se débarrasser de son envahissante petite amie et qu'il est tellement lâche qu'il compte sur un miracle pour la faire disparaître.

Je ne peux pas tout dévoiler de cet album qui révèle une nouvelle facette du groupe, mais il m'est impossible de ne pas évoquer la dernière chanson de l'opus "Le Grand Jour". Une mélodie un peu traînante mais dotée d'un refrain plus léger, comme pour traduire la gravité du sujet mais avec une touche d'espoir. Néanmoins, il faut du temps pour comprendre de quoi traite précisément cette dernière chanson. Et c'est la dernière phrase qui vient mettre un terme à nos questionnements, comme un couperet s'abattant lorsqu'on comprend vraiment de quoi il s'agit. Je vous disais plus haut que l'album parlait d'enfance, mais cette dernière n'est pas toujours aussi légère et innocente qu'elle devrait l'être. On souligne ici la beauté de la voix de Nicolas dans des sonorités qu'on avait encore peu entendues, ainsi qu'un magnifique envol orchestral en fin de chanson.

Bien que cet album ne soit pas un aussi grand succès que le précédent, il vient cueillir des émotions plus profondes et très brutes, et pour cela on dit un grand bravo à Archimède. C'est encore une fois un pari réussi.