Quand on est fan, acheter les Greatest Hits ne sert souvent pas à grand-chose, la quasi-totalité de leurs titres étant déjà disponible sur les autres albums et les singles. Cependant, dans ces cas-là, c’est l'esprit du collectionneur qui l’emporte.

Et l’on peut dire qu'une fois de plus, on ne s’y est pas trompé. La quasi-totalité de ce premier Greatest Hits de l’histoire de GENESIS est constituée des morceaux les plus connus, avec forte présence d’Invisible Touch comme on pouvait s’y attendre. La track-list balaye tous les albums depuis And Then There Were Three en extrayant au moins une chanson de chacun, et même sans réelle prise de risques, ce disque remplit parfaitement son rôle.

Aucun risque ? Si, tout de même. Le groupe n’ayant pas voulu laisser de côté la période 70-75 a récupéré un unique morceau, en fait celui qui avait eu le plus grand succès à l’époque, "I Know What I Like". Il est étonnant de revenir en 73, durant la période la plus 'classique' du groupe, après être passé par la plus expérimentale (Abacab) et avant de revenir à des choses plus modernes, mais ça fait le charme de la compil. De même pour "Congo", preuve que Tony et Mike ne reniaient pas encore tout à fait leur escapade avec Ray Wilson.

Mais le plus curieux, et ce qui constitue la seule raison d’acheter le disque, c’est le réenregistrement de "The Carpet Crawlers". Rien qu’en sachant que les cinq membres se sont réunis pour l’occasion et qu’ils ont laissé le soin de la production à saint Trevor Horn (ex-YES), on ne peut s’attendre qu’à de l’or. Le problème, c’est qu’il s’avère que cette réunion n’en a pas été vraiment une, chacun des membres ayant enregistré séparément, et le résultat final ayant vu la participation de claviéristes et programmeurs extérieurs au groupe (Andy Richards, Gary Hughes et Jamie Muhoberac). Du coup, on ne sait plus très bien ce que fait Tony Banks, et la guitare de Steve Hackett peine à se faire entendre. La qualité est cependant au rendez-vous, nous avons un bel aperçu de ce qu’aurait pu donner un GENESIS à cinq membres dans sa version moderne. Ce qui n'empêche pas le sentiment de frustration. De plus, il y a cette magnifique alternance dans le chant, Peter Gabriel se réservant les deux premiers couplets, Phil Collins le troisième, et tout porte à croire que Ray Wilson aurait pu chanter le dernier, mais ça ne s’est pas fait.

Comme toutes les bonnes compilations, Turn it on Again est idéal pour faire connaître aux non-initiés une des facettes du groupe, peut-être la plus importante, GENESIS restant avant tout un groupe de pop. Et ce n'est pas une hérésie puisqu'ils ont toujours dignement représenté la face pop du rock progressif, Bill Bruford le dit lui-même. Rien que pour "The Carpet Crawlers" millésimé 99, les autres (ceux qui aiment la période 'classique') doivent l’acquérir.