Après un premier album regorgeant d’émotions et d'ambiances fortes, EROS NECROPSIQUE nous revient un an plus tard avec Pathos qui s’inscrit visuellement dans la lignée de son prédécesseur. Même pochette sombre, inquiétante et sobre, même packaging léché et même entame puissante avec "Le Départ", un titre où le chant semble être expulsé des entrailles de son créateur. La douleur, le désarroi, presque la folie, animent ce morceau qui conserve l’intensité constatée sur le premier album du groupe en y incorporant un peu plus de variété musicale grâce à l’adjonction de sonorités qui oscillent entre musiques médiévales et éructation Rock, le tout parsemé de cloches, de tambours et de guitares bien lourdes et grasses. Une très belle réussite qui enfonce le clou planté par leur premier excellent album, Charnelle Transcendance (1997).

Avec "Mathilde" le groupe réutilise le procédé employé avec "Pardon", à savoir un poème dont les premières lettres de chaque début de vers permettent de recréer le titre du morceau. Si le résultat est probant, le sentiment que le duo rémois piétine un petit peu pointe le bout de son nez. La découverte du troisième morceau, "L’ultime Révérence" qui se révèle n’être qu’une pâle copie du fabuleux "Communion" accentue cette impression qui ne fait que croître tout au long de la découverte de ce "Pathos". Par chance, si la recette reste la même, la qualité est toujours bien au rendez-vous. Seul l’effet de surprise à globalement disparu. Et il arrive seulement en de rares occasions, comme cela peut être le cas avec "Noyade", que la musique se fasse plus surprenante du fait de l’utilisation d’un clavier reproduisant des sonorités d’orgue et de cris languides. Il n’en reste pas moins que les textes sont toujours aussi travaillés et intéressants. C'est tout particulièrement le cas de celui de "La scission déchirante d’une illusoire fusion", qui effleure le sentiment d’isolement qui peut habiter toute composante d’un couple, ou bien le plus hermétique "Le deuil du merveilleux" qui semble célébrer l’innocence d'une jeunesse perdue.

"Pathos" se contente donc de reproduire les recettes dévoilées dans Charnelle Transcendance. Là où, au regard de la singularité du groupe, nous étions en droit d’espérer une évolution, une progression. Mais il n'est pas réellement ici question de se réinventer, et EROS NECROPSIQUE se contente, certes de manière très habile, de nous inviter à bord du même manège émotionnel. Le but, qui semble être de plonger l'auditoire dans un abîme de sentiments troublants et de le désorienter, n’est de ce fait qu’à moitié atteint. Car, si elle s'est déjà frottée à "Charnelle Transcendance", la victime possède déjà quelques repères et clefs l'aidant à appréhender le voyage qui lui est proposé.
Un voyage qui, pour autant, ne manquera pas d'en décoiffer certains.