Recherche avancée       Liste groupes



      
INDUS/NO WAVE  |  STUDIO

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


The YOUNG GODS - The Young Gods (1987)
Par CORNELIUS le 6 Mai 2021          Consultée 1129 fois

« On dirait un mélange bourré entre Stephan Eicher et MINISTRY » me confiait, il y a fort belle lurette, une connaissance quelque peu déconcertée par la folle originalité de ce premier YOUNG GODS. Jugement hâtif, relativement à côté de la plaque, mais compréhensible.

Enregistré en 1985 à Zürich (1986 pour les titres présents sur l’édition cd), cet album éponyme était et reste d’une singularité exemplaire, surtout pour un premier opus. Je n’ose imaginer quel aurait été mon propre ressenti si j’avais découvert, à un âge adéquat bien sûr, cet O.V.N.I . en 1987, date de sa sortie. Selon toute vraisemblance, j’aurais cherché des repères dans le genre alors peu défini que pratiquaient les jeunes dieux. Et les SWANS, entre autres, se seraient imposés tel une évidence ; non seulement parce que le nom du trio helvétique est un hommage au légendaire Young God, mais avant tout parce que la substantifique moelle de la bande à Gira se retrouve ici et dés le premier titre, "Nous de la Lune". Profondément caverneux, vocaux bestiaux, presque vomis. Mais dés ce fameux premier titre, on sent que quelque chose d’inhabituel se déverse dans nos esgourdes pourtant aguerries ; quelque chose de nouveau et de pittoresque. Les YOUNG GODS sont nés.

L’enchaînement entre la brutalité punk indus de "Jimmy" et cette pépite de post rock aérien qu’est "La Mouette", en plus de figurer parmi les moments particulièrement forts d’un disque qui ne connaît aucun temps mort, synthétise à merveille la violence tellurique et la plénitude alpestre caractéristiques de l’album. On passe donc ici des tréfonds d’un squat zürichois a un vol plané au-dessus de Derborence.

L’originalité avec laquelle le groupe utilise des samples de musique dite classique (en réalité plutôt romantique et impressionniste) sur "La Mouette" mais aussi avec "Jusqu’Au Bout" et plus encore sur le réjouissant "Did You Miss Me" (reprise complètement décalée du "Hello ! Hello ! I’m Back Again" de Garry Glitter), est clairement une des marques de fabrique du trio helvétique. A l’instar de SKINNY PUPPY pour les films d’horreur, ils manipulent des samples de Tchaïkovski, Liszt ou encore Stravinsky comme de véritables instruments, prouvant par là que le sampler est un véritable instrument (ce qui n’était pas tout à fait évident à concevoir en 1987).

Une des autres caractéristiques du groupe est l’accent, si particulier pour les non Romands, de Franz TREICHLER. Moi-même, je dois bien l’avouer malgré mon helvétisme avéré, j’ai cru tout d’abord que j’avais à faire à un Suisse allemand chantant en français – c’est dire ! "Si Tu Gardes" en est l’illustration parfaite. Chef d’œuvre baroque, ivre et majestueux tout en même temps, ce morceau est aussi l’occasion pour le chanteur de se lâcher avec une espèce de grâce qui n’appartient qu’à lui. « Tous les amants sont des planètes / J’aimerais bien un moment m’asseoir ».

Et puis les YOUNG GODS, c’est aussi, mine de rien, le groupe, sinon l’un des groupes précurseurs de l’indus metal. Un titre aussi sauvage et radical que "Envoyé", enregistré en 1986, donne le ton pour les deux décennies à venir, au moins.
Certes, c’est un fait reconnu à l’heure actuelle. Mais reconnu dans un cercle de plus en plus restreint et de moins en moins peuplé. D’où la nécessité de le rappeler.

Le disque s’achève avec "Comme Si C’était La Dernière Fois". Concrètement une boucle des RUTS sur laquelle Franz grogne pendant le couplet et chante sur le refrain un poème d’amour enténébré : « La lune continue sa vigile / Le temps est vraiment imbécile / Pour toi je me suis fais lesbien / Tu me fais tienne je te fais chienne ». Très certainement le titre le plus sombre et minimal des débuts du groupe, et peut-être de toute sa carrière. Le genre de morceau que l’on pourrait presque écouter à l’infini, tant il est accompli dans sa rugueuse simplicité.

Personnellement, c’est le grand Ramuz qui me vient à l’esprit lorsque je pense aux YOUNG GODS, et à cet album complètement habité en particulier. A l’instar de l’écrivain vaudois, ils ne revendiquent rien, sinon la singulière beauté d’un paysage et la manière, non moins singulière, de le percevoir en son for intérieur, donc d’être spirituellement Suisse, c'est-à-dire sérieusement contemplatif, mais jamais au point d’oublier l’heure de l’apéro.

Enfin, pour celles et ceux qui hésiteraient encore à faire le grand saut, je dirais qu’un album vénéré à la fois par David BOWIE, Trent Reznor et Mike Patton (pour ne citer qu’eux) ne peut vraisemblablement pas être mauvais – il est même divin, rassurez-vous.

A lire aussi en INDUS par CORNELIUS :


SEVERED HEADS
Since The Accident (1983)
A en perdre la tête




THROBBING GRISTLE
20 Jazz Funk Greats (1979)
Le petit oiseau va sortir


Marquez et partagez





 
   CORNELIUS

 
  N/A



- Franz Treichler (chant)
- Cesare Pizzi (samples)
- Frank Bagnoud (percussions)


1. Nous De La Lune
2. Jusqu'au Bout
3. A Ciel Ouvert
4. Jimmy
5. Fais La Mouette
6. Percussionne
7. Feu
8. Did You Miss Me ?
9. Si Tu Gardes
10. The Irrtum Boys
11. Envoyé
12. Soul Idiot
13. C.s.c.l.d.f.



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod