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INDUS ROCK PSYCHé  |  STUDIO

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The YOUNG GODS - T.v. Sky (1993)
Par NOSFERATU le 8 Février 2019          Consultée 1633 fois

Ma première rencontre avec les YOUNG GODS eut lieu tout simplement à la télé vers 86 je crois, avec l’excellente émission intitulée "Décibels" que les moins de 50 ans ne peuvent connaître. On y voyait un trio suisse en extase déclamant un titre assez dingue, quasi indus rock dans sa construction mais rappelant surtout le post punk européen d’un TC MATIC (ou de leurs compatriotes de GRAUZONE, l’ancien groupe de Stephane EICHER), appelé "fais la mouette" ("Spatio lautréamontesque", j'avais écrit naguère dans un fanzine). Un groupe qui m’ouvrait les portes à toute cette scène dite industrielle dans laquelle j’allais m’engouffrer.

Indus, mais pas seulement. Si, dans leurs deux premières œuvres, nos trois grands Suisses citaient comme influence majeure les SWANS de la première mouture, on pouvait toutefois déceler d’autres références comme le cabaret (ils reprendront d’ailleurs intégralement des compositions de KURT WEILL), le punk hardcore (l’excellent "Jimmy" sur leur premier opus), des tics cold wave, des références à la musique classique, le métal extrême (VOIVOD a été samplé), le psychédélisme sixties, l’electronica, le tout samplé. Oui samplé (avec toutefois un batteur), ce qui choqua évidemment les puristes du rock ignares ou simplement pas encore habitués à ce genre d’innovation. Le groupe sample en effet tout ce qui les fait triper et cette façon de composer est complètement révolutionnaire pour l’époque. Seuls les rappeurs le font durant ces bouillonnantes eighties. Un rock underground fondamentalement européen, donc débarrassé de traces américaines.

Mais quand T.V. Sky sort, le groupe a fait une tournée au début des furieuses années 90 aux Etats-Unis et s’est abreuvé à toutes ces formations grunge qui redéfinissent le credo esthétique du moment. Les références s’ouvrent alors à une Amerique, celle sauvage de la bande à Iggy, du rock psychédélique californien qui n’apparaissaient guère alors jusque là dans leur singulière discographie. A la production, Rosi Mosimann qui a roulé sa bosse au sein des ténébreux SWANS, l’influence première donc de nos jeunes dieux, et aussi du très cinglé JG Thirdwell de FŒTUS.

Ce qui frappe, de même, à l’écoute de ce disque mi heavy, mi cosmique, c’est l’ombre primordiale des DOORS.
« Our house » démarre cette œuvre, marquée à la fois par des envolées avant-gardistes et les effluves traditionnelles du rock « high energy », sur les chapeaux de roue par des intonations « doorsiennes » qui virent rapidement à un déluge métal , une introduction courte et parfaite. Ce coté ombrageux du gang de Jim Morrisson transparaît, en effet, tout le long du disque avec l’incantatoire "She rains", le timbre de voix de Franck, le hurleur en chef, évoquant grandement le crooner psychédélique en question. Mais surtout sur le long "Summer eyes" faisant écho à l’incroyable "The end" de qui vous savez qui clôture cette œuvre chamanique. Avec cette atmosphère païenne illustrée par ses samples de vague, le son de l’orgue de Ray Manzarek, le tout produisant un souffle vertigineux à la fois spatial et vrombissant. Au milieu de ce crescendo, il y a un intermède ambient intersidéral puis la basse inquiétante retentit annonçant une décharge thrash métal du plus bel effet pour finir sur une parfaite rythmique ondulante ("ondulate" clame le chanteur).

L’autre aspect, c’est l’atmosphère bruitiste mais quand mème accessible qui ressort. Le morceau éponyme, "T.V. Sky", est ainsi un lointain clin-d’œil au fabuleux titre des STOOGES, autre grande influence de notre trio suisse. C’est une sorte de heavy rock avec un impeccable refrain, échappant aux gimmicks souvent trop connotés du métal industriel alors en vogue durant cette période. On jurerait une sorte de Jim Morrison transformé par contre en cyber punk, bien loin d’une posture gothico pénible à la SISTERS OF MERCY marchant, eux aussi sur les traces du roi lézard (qui ont sorti en 91 le foireux "Vision Thing"). A noter aussi la frappe implacable du batteur Use sur ce démentiel morceau. Suit "Gazoline man" où Frantz s’amuse à imiter TOM WAITS sur des riffs à la ZZ TOP et des envolées "pink floydiennes", dans une sorte de broyeur industriel. "Skinflowers" comme "Gazoline man", sera l’autre single lorgnant vers une énergie typée MINiSTRY avec toutefois un chant plus humain, pourrait-on dire, mais qui reste bien halluciné . "Dame chance" et "The Night Dance" ( ce dernier avec ses étranges riffs pompés de GUNS AND ROSES ) sont un peu dans la continuité de leurs deux premiers albums, montrant une énergie brute pas loin d’un FŒTUS qui aurait quand même mis un peu d’eau dans son vin.

Pas de cabaret noir, ni d’effets électroniques expérimentaux, mais un rock ouvertement rétro-futuriste nickel chrome (CHROME ?), pourrait on dire.

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- Franz Treichler (chant)
- Alain Monod (claviers)
- Urs Hiestand (batterie, percussions)


- our House
- gasoline Man
- t.v. Sky
- skinflowers
- dame Chance
- the Night Dance
- she Rains
- summer Eyes



             



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