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POST-PUNK/FUNK  |  STUDIO

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2020 Acr Loco
2023 1982

A CERTAIN RATIO - Acr Loco (2020)
Par K-ZEN le 6 Juin 2021          Consultée 722 fois

"Coucou, nous revoilou !". Ou bienvenue. C’est selon la paire de lunettes qu’on arbore.

Douze ans après Mind Made Up, le mythique CERTAIN RATIO nous revient en cette folle 2020 avec ACR Loco, concrétisation logique d’une tournée triomphale revivifiante. Enregistré par le noyau dur du line-up d’origine à savoir le bassiste Jez KERR, le guitariste/trompettiste Martin MOSCROP et Donald JOHNSON à la batterie, on y retrouve également des contributions de la part des participants aux concerts : le vétéran Tony QUIGLEY au saxophone, Denise JOHNSON aux vocaux et Matt STEELE aux claviers. Maria UZOR et Gemma CULLINGFORD de SINK YA TEETH, Gabe GURNSEY de FACTORY FLOOR et les sommités mancuniennes Mike JOYCE et Eric RANDOM sont d’autres invités notables aux vocalises.

Au sein d’un label aux fragrances originelles post-punk, le groupe – empruntant son patronyme à une ligne de texte signée Brian ENO sur "The True Wheel" extrait de Taking Tiger Mountain (By Strategy) – se distingue lors de sa genèse par l’insertion de climats funk voire latins au détour d’étendues glacées traversées de secousses sismiques de basse. Bien entendu, le familier du CERTAIN RATIO frigorifié labellisé Factory et To Each suivi de ses énigmatiques points de suspension sera peut-être un peu surpris par cette nouvelle livraison, son aspect dansant ayant pris le contrôle sans contestation.

Quoique…

Le vrombissement reste familier. Les sonorités aussi. Trompettes, saxophones, des cuivres qui se font romantiques voire mystérieux. La basse ou plutôt le riff à la basse. Le claquement des cordes acoustiques. Le chant rappelle OASIS, HAPPY MONDAYS, plus flamboyant que d’accoutumée. Les années 90. L’électricité est branchée. Presque lancinant en fait même si le plan de basse ôte tout balai dans le cul des danseurs. Une vision hallucinée de synthétiseurs. La deuxième partie du morceau est moins intéressante, cependant "qui a raison, qui a tort, on s’en moque à vrai dire". "Friends Around Us" est une ouverture pour le moins alléchante, enterrant l’isolement, célébrant amitié, conversations et interactions sociales autour de cartes ou chopines. L’humeur est lancée, solaire bien sûr, mais du soleil en concentré, à la limite du nocturne, un crépuscule que l’on guette à l’abri sur sa chaise longue pendant qu’une raie manta géante se perd dans les méandres d’un hôtel sur courant alternatif.

"Cet album est l’aboutissement de tout ce que nous avons accompli jusque-là" explique KERR. "Regarder dans le rétroviseur dans le cadre de la constitution des coffrets (acr:set et ACR:BOX sortis en 2019) doit avoir déteint sur nous et influença ACR Loco sans aucun doute" témoigne MOSCROP. "Je pense que cela a aidé à stimuler notre imagination. Cela nous a permis de travailler dans une partie du passé alors que nous nous dirigions vers le futur". Une série de retouches de chansons pour Barry ADAMSON, The CHARLATANS et MAPS a également été décisive. "Les retravaux ont été cruciaux" explique Donald JOHNSON. "Ils ont permis de nous réunir en studio et d’essayer de trouver un nouveau groove". KERR pense la même chose. "Nous adorons retravailler des chansons parce que c’est simplement nous qui faisons notre truc" dit-il. "Nous trois jammant c’est vraiment la base de toute notre musique. Une fois que nous tenons ce groove rien ne peut plus nous arrêter".

Ce groove on le retrouve un peu partout, imprégnant sur son passage un disque explorant toutes les directions et styles ayant traversé la carrière du groupe. Un enchaînement fluide de titres aux plans de basse qui nous secouent brutalement le cocotier – le fondamental – et aux humeurs parfois orageuses, méditerranéennes, changeantes. Les senteurs acidulées des tropiques se manifestent ainsi qu’un fort taux de phéromones, illustré parfaitement par "What’s Wrong" et ses vocaux susurrés, accompagnant ce mélange étonnant d’excitation et crainte de l’inconnu qu’induit la découverte des secrets composant le corps de l’autre dans l’écrin rassurant du lit sous les néons équivoques.

"Bouncy Bouncy" (bande-son d’un twerk ? ...) est un funk brésilien sexuel mutant, traversé de sauts de kangourou et d’incantations libertaires à la FUNKADELIC ("Libère ton esprit, sens le groove"). Les voix vocodées KRAFTWERKiennes célèbrent une fête de la francophonie, se terminant plus loin sur le romantique "Always In Love" que n’aurait pas renié NEW ORDER sur Technique. Ce même groupe cité en filigrane sur le superbe electro-rock "Berlin" au refrain imparable, comme une célébration de la vie nocturne fameuse irradiant la capitale allemande sans fin.

"Yo Yo Gi" est un morceau techno bien pulsant mais au climat incertain et voix déformées inaudibles. Le crépuscule ensanglanté se poursuit sur "Supafreak", digne du tout meilleur Herbie HANCOCK entourés par ses HEADHUNTERS. Claviers aussi lumineux qu’un ciel embrasé, riff de guitare dingue, refrain en apesanteur synthétique délicatement saupoudré de cuivres divers et variés, un morceau assez sensass.

Dans la dixième horizontale, on retrouve l’instrumental – hormis les conversations aux accents ibériques – "Taxi Guy", le gars qu’on rencontre à l’atterrissage, disponible pour vous faire découvrir les secrets dont regorgent la ville inconnue. Les mains et les corps s’animent, sur cet air de croisière qui s’amuse ou plutôt de CHICAGO (coucou "Beginnings"!) ou plutôt de carnaval. Une immense joie, une célébration dans le tourbillon d’une nappe enveloppante sinusoïdale infiltrée par sifflets et fanfares. Entre acid house, jazz et soleil brésilien brûlant la peau, voici une transe lysergique indescriptible qui vous fera regretter les carnavals même si vous n’aimez que modérément cela.
"
Réjouissances dont on en ressent encore les répliques à Nice, Rio ou Caen alors que les babouins complètement locos éclairés par les pancartes publicitaires immobilières ne peuvent s’empêcher de danser la lambada en admirant ce graphisme ayant su s’adapter à l’air ambiant.

C’est en tout point remarquable voire extraordinaire. En attendant, prière de ne pas passer sous la ligne de flottaison.

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PROGRAMME
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- Jez Kerr (chant, basse)
- Martin Moscrop (guitare, trompette)
- Donald Johnson (batterie)
- Tony Quigley (saxophone)
- Matt Steele (claviers)
- Denise Johnson, Maria Uzor, Gabe Gurnsey (chant)


1. Friends Around Us
2. Bouncy Bouncy
3. Yo Yo Gi
4. Supafreak
5. Always In Love
6. Family
7. Get A Grip
8. Berlin
9. What’s Wrong
10. Taxi Guy



             



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