Il y a dans la vie des coups de foudre inattendus. Ainsi, je ne m'attendais pas du tout à tomber sous le charme d'un album estampillé Frontiers Records, label dont la spécialité, ces dernières années, a été de monter de toutes pièces des groupes de mercenaires et de leur livrer clé en main des albums tous écrits et enregistrés de la même manière, par la même épique de petites mains. Nous ne sommes pas si loin de la musique au mètre par moment. Rares sont les albums publiés récemment par la maison de disques qui ont éveillé, chez moi en tout cas, autre chose que de l'indifférence. Mais par espoir, par bêtise aussi, j'avoue continuer à donner leur chance aux nouvelles sorties de ce label qui reste, il faut le reconnaître, un des rares promoteurs du genre hard-rock mélodique. Et il arrive que l'une d'entre elles nous cueille, nous séduise, nous embarque sans crier gare.

Avec son visuel un peu cheap, SEVENTH CRYSTAL ne partait pas forcément gagnant. Il livre pourtant une musique authentique, à la fois moderne et respectueuse des anciens, qui se présente finalement comme la plus belle réalisation hard mélodique depuis le début d'année. Jeune groupe nous arrivant tout droit de la fertile scène musicale suédoise, et mis sur pied par le chanteur Kristian Fyhr, SEVENTH CRYSTAL était au départ conçu comme un projet solo, avant d'évoluer pour devenir un fringant quintet. Les influences rock mélodiques sont fortement marquées sur cet album dont plusieurs "gimmicks" (intonations du chant, lignes mélodiques) peuvent rappeler les belles heures d'un groupe tel que LOVERBOY.

Delirium propose des tubes par paquet de douze. A l'image d'autres groupes issus de la scène scandinave tels H.E.A.T. ou ECLIPSE, SEVENTH CRYSTAL consacre son art à la construction de morceaux bâtis autour d'un momentum, du refrain efficace, d'un paroxysme atteint après un cheminement en progression. Pour atteindre cet objectif, le groupe utilise des éléments variés, mais toujours pertinents, qui permettent à l'album de bénéficier d'une grande variété d'ambiances. Entre les sonorités pop musclées de "Should've Known Better" et les incursions metalcore de "Say What You Need To Say", il y a un monde. Et pourtant, ce rock, résolument moderne, bénéficie d'un tel sens de la mélodie que toute résistance est futile. Les guitares, bien entendu, restent au centre des débats et se font mordantes lorsque le propos l'exige ("So Beautiful"), mais les nappes de clavier ne se limitent pas ici qu'à une construction d'ambiances. L'instrument joue un rôle prédominant, donnant aux morceaux une touche actuelle ou rétro selon l'ambiance voulue, se faisant carrément le porteur des mélodies-clés sur certains titres, à l'image du tube intersidéral "Delirium" qui lui doit beaucoup. Se faisant également piano tendre en quelques occasions, on le retrouve également au cœur de "Hope It Will Be Alright", ballade finale à la beauté désarmante et aux mélodies bouleversantes, sur laquelle le chant de Kristian Fyhr s'apprécie à sa pleine mesure. Quel vocaliste !

Energiques ou plus calmes, les 11 morceaux qui constituent cet album sont une véritable leçon en matière de composition. SEVENTH CRYSTAL parvient à nous embarquer et à ne pas lasser au fil des écoutes, preuve supplémentaire de la richesse de ce hard-rock mélodique d'une beauté difficilement descriptible. Le mieux reste d'y goûter, vous ne serez pas déçus !

4,5/5