Etant donné le rythme effréné des sorties dans le genre AOR / arena rock, dont le label Frontiers est un des principaux pourvoyeurs, il est nécessaire pour l’amateur de musique de faire son choix. Je n’arrive décidément pas à comprendre comment certains camarades parviennent à engloutir, le terme me semble le plus juste, tous ces nouveaux albums et à les assimiler sans régurgitation. La consommation musicale à son paroxysme, sans discernement avant écoute, peut combler le crainte légitime de passer à côté de LA perle, la pépite qui va bousculer nos certitudes, chambouler nos habitudes, et devenir notre nouveau groupe fétiche. Il faut néanmoins faire son choix. Entre les vétérans KHYMERA ou HOUSE OF LORDS, les authentiques ou montés de toutes pièces WORK OF ART, CREYE, WET ou LIONVILLE, une écoute éclairée de toute la palette d’albums publiés de manière hebdomadaire par tous ces labels dédiés du genre me semble au mieux une gageure, au pire une déviance.

Bien que sous la "coupe" du label italien précité, SEVENTH CRYSTAL était parvenu à tirer son épingle du jeu en 2021 grâce à un premier album qui, bien qu’œuvrant dans un style aussi bien balisé que le chemin de grande randonnée du Tour du Mont Blanc, offrait une véritable leçon en termes de composition et de recherche mélodique. Le talent de l’auteur / compositeur et chanteur du groupe Kristian Fyhr n’est d’ailleurs pas resté sous silence puisque, sollicité par son label, l’artiste à participé à la conception de morceaux pour des groupes débutants ou sur le retour, tels que GIANT et FIRST SIGNAL. Ce bon Kristian a néanmoins trouvé le temps de s’atteler à l’écriture d’un nouvel album de SEVENTH CRYSTAL, désormais accompagné d’un deuxième guitariste, Gustav Linde, faisant de la formation un sextet. Le résultat, fort de l’ajout d’une guitare supplémentaire, se fait ainsi plus mordant, peut-être un peu plus musclé également, même si nous restons dans des sphères parfaitement abordables en termes de saturation des guitares.

Il est une nouvelle fois difficile, sur cet album, d’identifier ce qui distingue SEVENTH CRYSTAL des autres groupes pratiquant une musique similaire. Peut-être est-ce ce son de claviers ou la structure des morceaux qui donne au groupe quelques discrètes intonations progressives, évoquant de loin un groupe tel que THRESHOLD. Le spectre est large, puisque le groupe va également chercher du côté de la musique pop, pas tant du côté de la mise en son que de la construction des couplets et des lignes vocales, qui par moments (lorsque les guitares se font plus discrètes) pourraient sans soucis passer en radio à une heure de grande écoute ("Million Times").

Wonderland est un album un peu moins immédiat que son prédécesseur, et là où Delirium nous éclaboussait sans prévenir de sa classe insolente, ce deuxième album se fait parfois un peu peine-à-jouir. Malgré une mise en son naturellement plus axée sur les guitares, donnant à l’album une ambiance un peu plus lourde, les morceaux restent colorés, et cherchent surtout et avant tout l’efficacité. Ce que l’on apprécie sur plusieurs titres, notamment sur "My Own Way", doté d’une magnifique envolée vocale en introduction, "Next Generation", particulièrement catchy, ou sur la superbe ballade "In The Mirror" n’est néanmoins pas une généralité, et si ceux qui découvrent le groupe à travers cet album tomberont d’évidence sous le charme de sa musique, les convaincus de Delirium noteront une légère bien que dommageable baisse dans l’intensité et la qualité globale des compositions ici présentées.

Intéressant par sa capacité à délivrer beaucoup en peu de temps, Wonderland est un album riche et généreux, exécuté avec un talent évident, et plus audacieux finalement que les dernières réalisations en date des figures de proue du genre (au hasard, ECLIPSE). Pour autant, il manque ici ce petit éclat, cette perle qui fait du premier album des Suédois un chef-d’œuvre imprévu. Un album sympathique néanmoins.

3,5/5