Après une entrée en matière fracassante en 2021 avec un album de hard rock moderne, mélodique et percutant, SEVENTH CRYSTAL a battu le fer tant qu'il était encore chaud, proposant en début d'année un deuxième album qui échouait à renouveler l'exploit de son prédécesseur. Il est ainsi étonnant de voir le groupe suédois se manifester de nouveau en cette fin d'année avec une nouvelle réalisation captée en studio. Infinity, puisque c'est le nom que porte cet EP 5 titres, a été mis en boîte durant les mêmes sessions d'enregistrement que pour l'album Wonderland. Néanmoins, le groupe a trouvé à cette poignée de chansons une saveur et une identité un peu décalées, pas forcément à leur place sur l'album précité. Voici la raison d'être de cet EP qui permet à SEVENTH CRYSTAL de terminer l'année sur un petit coup d'éclat.

Le mot est peut-être un peu fort pour qualifier un EP, qui par son format témoigne d'une prise de risque limitée, mais force est de reconnaître qu'il y a dans ces cinq morceaux tout ce qui donne une saveur si particulière à la musique des Suédois. Il y a cette base hard rock, aux guitares vindicatives, sur laquelle se greffent les nappes de clavier imposantes, l'instrument sonnant tour à tour comme un piano classique (c'est le cas généralement sur les introductions de morceaux) ou proposant des sonorités plus modernes, atmosphériques, qui viennent soutenir voir rehausser l'impact des guitares sur les sections instrumentales. Et surtout, SEVENTH CRYSTAL peut se permettre, la courte durée aidant, de rechercher l'efficacité et d'aller au plus direct, délivrant des mélodies fortes et directes. Ainsi, "Infinity" qui donne son nom à l'EP, est une petite leçon de maîtrise. Il y a ici le côté aguicheur des guitares "soft" qui se renforcent pour mieux épauler le chant vindicatif de Kristian Fyhr, qui parvient à insuffler à sa voix par ailleurs claire comme de l'eau de roche une belle musculature, à l'image de ces sections plus "violentes" (toutes proportions gardées) du premier album du groupe. C'est d'ailleurs comme un écho à cet album fondateur que se révèle cet EP, dont les ambiances sont bien plus proches de Delirium que de Wonderland. Le propos est alambiqué, les instruments prenant tour à tour le lead, les morceaux proposant des "épaisseurs" différentes en fonction des intentions des musiciens. Ainsi, "Memory Lane", avec son refrain très "arena rock", un peu trop soft presque avec son piano particulièrement mis en avant. De l'AOR de belle facture néanmoins, tout comme le plus mordant "Ready Set Go !" qui fait preuve d'une délectable énergie juvénile. La ballade "Rivals", sans atteindre le sommet qu'est "Hope It Will Be Alright", constitue un moment appréciable, le mariage entre le piano et la voix pure de Kristian Fyhr fonctionnant ici à merveille. La montée en intensité est parfaitement maîtrisée, et se manifeste dès le premier refrain, éblouissant de classe et d'une richesse mélodique désarmante. Le groupe est sans conteste maître dans ce domaine.

"Silence" apporte une conclusion savoureuse, très orientées 80's par cette volonté du groupe d'épaissir le son de guitare par l'ajout de nappes de claviers bien bedonnantes. Energique et porté par une science impressionnante du refrain, ce morceau achève avec brio un EP qui, finalement, surpasse sans trop forcer l'album Wonderland publié en début d'année, qui aurait finalement gagné en qualité si ces cinq titres avaient remplacé ses moments les plus faibles. Une sortie utile qui remet le clocher au centre du village et nous permet d'avoir la confirmation que, loin d'être un "one-hit wonder" (même s'il n'a jamais décroché de hit), SEVENTH CRYSTAL est un groupe de hard rock moderne sur lequel il va falloir compter.