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TRIP-HOP-DRUM\'N\'BASS  |  STUDIO

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1992 Idylls
1994 Ardor
1996 Ever
1998 Flux

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2000 Temporal
 

- Style : Cocteau Twins

LOVE SPIRALS DOWNWARDS - Flux (1998)
Par AIGLE BLANC le 8 Août 2021          Consultée 586 fois

Ever, le troisième opus de LOVE SPIRALS DOWNWARDS, avait amorcé une évolution stylistique vers une musique lorgnant un peu plus vers le trip-hop, mais sans délaisser pour autant sa sensibilité folk et dream pop. Bien que rendue cohérente par le talent de Ryan Lum aux manettes du studio d'enregistrement, la greffe n'en était pas vraiment une, les styles se succédant plutôt que s'emboîtant. De plus, une inspiration légèrement inégale amoindrissait l'impact de ce pourtant beau disque.
Flux se veut, deux ans plus tard, la réponse idéale aux relatifs défauts d'Ever. Ryan Lum a choisi d'écarter définitivement l'empreinte folk de sa musique, ce qui aurait pu lui faire perdre son originalité voire son identité intrinsèque. Or, non seulement il n'en est rien, mais Flux s'avère une grande réussite sur le plan artistique, à mon sens même la meilleure offrande du duo californien, son oeuvre la plus solide, la plus envoûtante, aux atours plus modernes en raison de la place devenue prépondérante de l'attirail electro et de l'omniprésence du beat comme pulsation nécessaire à chaque titre.
Ryan Lum délaisse également sa guitare électrique, à quelques rares exceptions près. Ses arpèges et accords nimbés de réverbération, si caractéristiques du style de Robin Guthrie (guitariste de feu COCTEAU TWINS), y sont réduits à la portion la plus congrue, sans doute l'évolution la plus notable de la musique du duo. Cet allègement des arrangements, par retrait successif des couleurs et timbres de l'espace sonore, aboutit à une enveloppe sonore quasiment désossée, minimaliste, d'une sobriété exemplaire. La rythmique dorsale au sein des titres accueille l'arrivée du courant émergeant, en cette époque (1998), du drum'n'bass. Comme son nom l'indique, le drum'n'bass centre sa dynamique autour d'une batterie, le plus souvent issue d'une boîte à rythmes, et d'une guitare basse, à l'exclusion de tout autre instrument. Cela confère une ligne ascétique assez séduisante compte tenu du peu d'habitude de l'auditeur à appréhender la basse comme instrument dominant dans une composition. LOVE SPIRALS DOWNWARDS ne recourt pas au drum'n'bass au sens strict du terme (les puristes pourraient renier même son appartenance à ce courant musical), mais plonge ses compositions dans un bouillon electro, drum'n'bass, trip-hop particulièrement réussi. Ryan Lum se révèle un orfèvre en la matière, brassant toutes ses influences avec son talent coutumier.

N'allez pas croire que Flux dénature l'identité génétique du groupe qui, certes, entame une mue significative, mais sans rien perdre de son humeur rêveuse entretenue par la magie des arrangements chers à Ryan Lum.
Quant à Suzanne Perry, elle entretient par ses lignes vocales et le timbre si charmant de sa voix le lien avec les albums précédents. Son chant n'a pour ainsi dire pas changé : sans jamais pousser sa voix, elle poursuit son voyage en territoire glossolalique* avec un égal bonheur. En revanche, ce qui a changé, c'est le traitement que Ryan Lum fait subir à cette voix qu'il triture avec gourmandise en la dédoublant, en la faisant passer dans le rouleau hypnotique des loops et autres samples, en la traitant donc comme un instrument électronique, de concert avec le beat et autres effets sonores. Les fans ont pu à l'époque être déçus par ces déformations défigurant le chant de Suzanne Perry, mais il n'est pas interdit de les goûter comme de véritables prouesses techniques réalisées avec art, qui décuplent la dimension fantomatique du chant, créant une atmosphère à nulle autre pareille - LOVE SPIRALS DOWNWARDS ayant enfin payé sa dette à COCTEAU TWINS et ne lui devant plus rien en terme d'identité musicale.
Il est à noter, étrangement, l'intervention de la soeur de Suzanne Perry qui assume à elle seule le chant des deux pistes ""Psyche" et "Ring" sans que l'oreille saisisse forcément le changement de chanteuse. Tandis que le dernier titre, "Sunset Bell", voit aussi le chant être pris en charge par une tierce chanteuse, Jennifer Ryan Fuller, également sans perturber l'écoute des 9 titres qui ne semblent interprétés que par une seule voix.

Le camaïeu de vert et de blanc de la pochette, toujours aussi abstraite, marque fortement aussi le passage d'une musique chaleureuse, comme le traduisait la pochette aux tons orangés et jaunes d'Ever, à une musique beaucoup plus froide telle que les affectionnent les bars lounge aux ambiances cosy et cool.
L'album se révèle solide dans la mesure où il ne contient aucune piste faible, même si aucune composition ne se distingue non plus vraiment du lot. Aucun pic n'est à signaler, l'album s'écoulant selon un flux au rythme lancinant qui baigne l'auditeur dans un cocon de détente arty, vaguement sombre sans être dépressif ni caverneux. La dimension incantatoire générée par les loops, la boîte à rythmes et la basse subliminale emmène le disque jusqu'aux confins de territoires oniriques d'une grande beauté.

Flux mérite 4,5/5 pour la réussite originale et intemporelle qu'il demeure indéniablement, note rehaussée à 5/5 en raison du fait que l'album signe en même temps, et de façon surprenante, la fin de carrière du groupe qui n'aura donc jamais l'opportunité de confirmer son talent dans cette voie drum'n'bass, trip-hop, electro, ambient pourtant des plus fascinantes et prometteuses.


*glossolalique : adjectif construit à partir du mot "glossolalie" désignant un chant aux paroles incompréhensibles, qui s'appuie sur un langage inventé à la manière du babil des nouveaux-nés. Les chanteuses ayant popularisé ce chant spécial sont Lisa Gerrard de DEAD CAN DANCE et Liz Fraser de COCTEAU TWINS.

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   AIGLE BLANC

 
  N/A



- Ryan Lum (guitare, synthétiseur, sampleur)
- Suzanne Perry (chant pistes 1, 2, 3, 5, 6, 8)
- Kristen Perry-gow (chant pistes 4 et 7)
- Jennifer Ryan Fuller (chant piste 9)


1. City Moon
2. Alicia
3. Sound Of Waves
4. Psyche
5. Nova
6. By Your Side
7. Ring
8. I'll Always Love You
9. Sunset Bell



             



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