Sept mois après la sortie d’un premier album un peu brouillon, MOLODOÏ ne perd pas de temps et sort un E.P sept titres En avant !, dont deux chansons sont issus de Irrécupérables (E.P que l’on peut d’ailleurs retrouver sur la réédition de ce dernier album). Mais le groupe, pris de boulimie furieuse, ne s’arrête pas là. Quelques mois plus tard, il pond Dragon libre qui comporte quinze nouveaux titres. Soit un total de trente-quatre morceaux en moins de dix mois ! Cette soif d’expression, pour louable qu’elle soit, peut avoir son revers : avec un tel volume de production, le risque est que la qualité ne soit pas toujours au rendez-vous. Et c’est un peu le cas avec MOLODOï, même si on se doit de constater que ce second album présente une réelle progression vis-à-vis de son prédécesseur.

Cela est dû en partie à une production bien plus sérieuse qui permet aux morceaux de mieux être mis en valeur. Mais également à des compositions bien mieux construites. Le groupe s’éloigne encore un peu plus de l’univers BERURIER NOIR pour épouser un Rock assez basique et direct, que viennent parfois illuminer des ambiances plus dansantes ou exotiques. Seuls quelques titres, parmi lesquels "Amazone Hoa-Hoa" portent encore l’empreinte de l’ancien groupe de François. Comme dans Irrécupérables, de nombreux morceaux manquent de maturité ou de finition, à l’image de "A poil les militants" au texte un peu léger, ou bien de "Harkis" pénalisé par une diction approximative qui manque franchement de clarté.

D’autres morceaux assez dispensables auraient mérité d’être un peu plus travaillé. Il en va ainsi de "Dragon libre", de "Nations en flammes" ou bien de toute la première partie de "Soleil et acier" un hommage à l’écrivain japonais Yukio Mishima, cependant doté d’un pont Reggae très agréable sur sa fin. Mais les morceaux forts sont également bien présents. C'est ainsi le cas de l’hymne "Okinawa" rythmé par un riff de guitare très heureux, titre porté par un texte original et un final qui ne l'est pas moins. Il en va de même de "Piranha" que transcendent un refrain hyper efficace et la basse très présente. Bien qu’assez simple, "Génération destruction" se montre également assez percutant. L’entraînant et galvanisant "Graines de violence" est aussi à ranger parmi les morceaux réussis, malgré des chœurs un peu redondants.

Dans ce domaine, le summum est atteint avec le véloce "Détresse" où les chœurs boursouflés de testostérones sont à la limite du ridicule. Ce qui est bien dommage car le morceau est lui très bien construit. Inversement le plus frontal "Quartier du monde" délesté de tout gras superflu se montre bien plus convaincant. Les thèmes, variés, contribuent également à la nette progression du groupe. Les textes de François nous font en effet passer des banlieues de France à celles du Pérou, en passant par le Viêt-Nam, le Japon, l’Irlande ou l’Europe de l’Est. A chaque fois pour porter un message de révolte ou d’indignation. Il est cependant dommage que la diction ne soit pas toujours exempte de reproche et parfois à la limite du compréhensible.

On le voit, le résultat est un peu ambivalent, et on aurait aimé que le groupe se recentre autour des meilleurs morceaux de Dragon libre et de En avant ! pour proposer un disque composé uniquement des huit ou neuf titres les plus forts, ou les mieux finalisés. Nul doute que MOLODOï aurait alors frappé un très grand coup. Mais visiblement, le groupe avait plus à cœur de sortir au plus vite des titres qui exprimaient une certaine spontanéité, comme s’il recherchait, par le biais d’une expression spontanée et bouillonnante, à s’inscrire dans une sorte d’Art-thérapie.