Que devient TRYO en 2021 ? Le groupe, qui a fêté ses vingt-cinq années de carrière l’année dernière, pratique toujours ce mélange de Reggae light et de Chanson française qui porte des textes légèrement engagés et humanitaires, avec un parti-pris assez positif et joyeux. C’est gentil, plein de bonnes intentions et de sentiments nobles… mais c’est vite très ennuyeux.

En effet, les chansons proposées ici sont bien trop souvent fades et prévisibles, à l’image de "Danser ce soir". L’orchestration et les chants se noient pour proposer un ensemble compact duquel aucun son saillant, aucune étincelle ne parvient à surgir. Le chant, limite parlé, est bien trop régulier et monotone. Le rythme de l’élocution et le chant, bien trop monocorde, restent presque toujours dans les même niveaux. Et comme, au surplus, les lignes vocales sont souvent doublées par une autre voix ou par des chœurs, le résultat manque singulièrement de relief.

Comme la musique ne brille pas non plus par son originalité, il est bien difficile de faire ressortir un morceau, une mélodie du lot. Alors soit, j’exagère un peu, et il y a lieu de reconnaître que l’ambiance vaguement antillaise de "Ta planète", le rythme un peu plus marqué de "On a dansé" et l’atmosphère grave de "Chants de bataille" sont à l’origine de quelques impulsions sur l’encéphalogramme de ce disque, mais ces rares cas passés, nous flirtons en permanence avec la mort cérébrale.

Même les charges sont gentillettes, à l’image des morceaux sensés brocarder Emmanuel Macron ("En marche, en replay", "C’est bon") qui sont d’une retenue qui confine à l’aménité. On ne peut pas dire que les textes soient mauvais, ils sont même plutôt bien construits, mais ils restent assez prudents et surtout sont desservis pas ce chant trop lisse déjà évoqué.

Alors soit, tout n’est pas à jeter à l’image du calme et émouvant "Chants de bataille", qui évoque la difficulté des victimes de harcèlement scolaire à s’ouvrir à leurs proches et n’est pas loin de nous emporter totalement par la qualité de son texte et par la retenue de son chant. Mais les chœurs ampoulés et l’ajout de sonorités électroniques superflues, surtout dans la dernière partie du morceau, nuisent à la sobriété qui aurait si bien convenu à ce titre. L’émouvant "Lila", porté par un chant inspiré et enrichi d’un solo de guitare électrique bienvenu est également à ranger parmi les bons moments de cet album. Malheureusement, ceux-ci sont bien trop peu nombreux pour que Chants de bataille sorte de notre esprit aussi vite qu’il y est entré.

Si on recherche autre chose que des chansons simplement positives et légères, qui aèrent gentiment l’esprit, il paraît difficile d’imaginer que l’on accroche à cet album. Et on se dit que l’arrivée d’un nouveau manager, Bertrand Lamblot, et d’un nouveau réalisateur-arrangeur, Régis Ceccarelli, censé aider le groupe à se ressourcer et à fluidifier la communication en son sein, apparaît dès lors assez stérile. Reste à espérer que le groupe, malgré tout bien attachant, parvienne à transcender ces titres sur scène comme ils ont l’habitude de le faire.