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- Style : Les Ogres De Barback

Pierre PERRET - C'est L'printemps (1981)
Par NESTOR le 7 Avril 2021          Consultée 880 fois

Après le coup de maître que constitue « Mon p’tit loup » (1979), Pierre PERRET continue d’explorer / d’exploiter cette formule heureuse qui le voit mêler humour, tendresse et sujets plus graves.
Le tout avec une maitrise de l’écriture qui lui permet d’entremêler Français et argot, tout en se jouant des mots et de la grammaire qu’il soumet à ses délires poétiques et grivois.
Et il nous revient deux années plus tard avec ce très bon « C’est l’printemps ».
Dès le morceau titre, l’entrainant et lumineux "C’est l’printemps", c’est un florilège d’expressions argotiques, de références aux contes et fables traditionnels (notamment ceux de Charles PERRAULT et Jean de La FONTAINE), de métaphores et de figures de style. Le tout pour une ode aux copulations les plus effrénées.

Suit "Femmes seules", et sa mélodie entrainante, qui n’est pas sans évoquer Georges BRASSENS et son "Quatre-vingt-quinze pour cent" (Fernande - 1972). On y retrouve le talent de Pierre PERRET pour dénoncer les tragédies de nos sociétés tout en conservant un ton positif et malicieux. Ici, ce sont pêle-mêle les inégalités et violences faites aux femmes, et la tristesse des couples naufragés qui font les frais de sa plume acerbe.
La transition est hasardeuse avec "Quoi de plus sympa qu'un œuf" qui voit le Pierrot renouer avec un de ses grands standards : les chansons qui intègrent des chœurs enfantins scandés. Ce type de morceau ("Les jolies colonies de vacances", "Donnez-nous des jardins", "La cage aux oiseaux"…) n’est clairement pas la facette de Pierre PERRET que je préfère, mais force est de constater que le résultat est loin d’être malheureux.
Avec "Elle attend son petit", au ton très grave qui est renforcé par un violoncelle, le sujet de l’accès à l’avortement est traité avec une sensibilité telle qu’elle fait vibrer la voix d’un Pierrot qui a rarement paru aussi ému. Si l’humour est encore un peu de mise, cela tient plutôt de la dérision, et on sent l’artiste réellement bouleversé par son propos. Un grand moment…
Comme s’il aimait jouer avec nos émotions, le chanteur nous propose ensuite un exercice de style dans lequel il semble chercher à placer le plus d’expressions argotiques à la seconde, avec la java "Perrette, la môme Lolo".
Cette ambiance de type « Montagne Russe » pour ce qui est de la thématique abordée se poursuit avec le plus emphatique "Amour, liberté, vérité" dans lequel il clame son amour pour la langue française et la liberté d’expression, tout en taclant nos dirigeants. Le chanteur reprendra cette chanson dans « Humour Liberté » (2018), sous ce même titre, pour rendre hommage à ses amis de Charlie Hebdo.
On se dit alors que le chanteur prend un malin plaisir à nous désarçonner en alternants les titres graves et ceux dont le principal objectif semble être l’humour. Ce qu’il s’applique à faire tout au long de cet album.

Avec "Angine de poitrine", il rend hommage au poète turco-polonais Nâzım HIKMET RAN dont il met l’un des textes en musique. Le ton est à nouveau grave et solennel, et l’orchestration, qui est toujours confiée à Bernard GERARD, est sobre ce qui met les vocaux en avant. La chanson est très touchante, même si le texte ne possède pas cette fluidité et cette musicalité dont le Pierrot est coutumier. A se demander si cette rugosité peu habituelle n’est pas volontaire et n’a pas pour but que de renforcer l’âpreté du propos.
L’album s’achève avec "Y a cinquant' goss' dans l'escalier", dans lequel la dure réalité de la vie au sein des banlieues déshéritées est abordé. On retrouve là l’exceptionnel don de Pierre PERRET pour peindre avec tendresse et réalisme les affres du quotidien dont il extirpe la banalité et le caractère anecdotique pour en pourfendre les horreurs.

Au final, « C’est l’printemps » se révèle aussi réussi que son prestigieux prédécesseur. On y retrouve la même qualité d’âme et cet équilibre très heureux entre humour, grivoiseries, poésie et conscience sociale.
La répartition des morceaux, qui fait alterner de manière cadencée les titres humoristiques avec ceux plus graves est assez surprenante.
Il aurait été peut-être judicieux de procéder comme TRUST avec son album « IV » et ses deux faces (celle du Diable et celle plus sociale) en regroupant sur une face les morceaux les plus sérieux et sur l’autre ceux plus « divertissants ». L’effet aurait probablement été plus fort, encore.
Quoi qu’il en soit, en ce début des années 80, Piette PERRET prouve qu’il est au sommet de son art.

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   NESTOR

 
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- Pierre Perret (chant)
- Bernard Gerard (orchestration)


1. C'est L'printemps !
2. Femmes Seules
3. Quoi De Plus Sympa Qu'un œuf
4. Elle Attend Son Petit
5. Perrette, La Môme Lolo
6. Amour, Liberté, Vérité
7. Le Phallo
8. Angine De Poitrine
9. Le Vrai Bonheur
10. Y A Cinquant' Goss' Dans L'escalier



             



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