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TRYO - Ladilafé (2012)
Par RED ONE le 4 Novembre 2012          Consultée 5248 fois

Dans les années 2000, le rédacteur de cette chronique a été fan de TRYO, comme plusieurs milliers de lycéens français. Il a, comme tout le monde, essuyé les plâtres de son adolescence pétrie d'utopies politiques aux rythmes des hymnes fédérateurs de ce groupe quand même emblématique de cette époque. Sur les débuts de TRYO, on ne reviendra pas ici, car ils sont assez connus du commun des mortels. Notons juste au passage que le quatuor acoustique français, spécialiste de la chanson engagée d'influence reggae, s'était fait plus rare dans la seconde partie des années 2000, sortant ses disques à des intervalles de plus en plus longs. Pendant ce temps, le rédacteur de cette chronique avait complètement décroché de leur discographie et voguait fièrement sur des flots métalliques ...

Et c'est donc avec une certaine curiosité que l'ancien lycéen idéaliste, devenu entre-temps chroniqueur sur Forces Parallèles, apprend en 2012 la parution d'un cinquième album studio de TRYO, "Ladilafé", ainsi nommé en hommage à feu Patricia Bonnetaud, ex-patronne du label Yelen Musiques et décédée peu avant la sortie du disque. Le quatrième opus, Ce Que L'on Sème (2008), l'auteur de ces lignes l'avait, à l'époque de sa sortie, complètement zappé, mais il s'était quand même renseigné à son sujet et n'avait pu que constater que le groupe essayait de se renouveller en intégrant des éléments de "musiques du monde" (quel terme débile) à sa petite tambouille traditionnelle. Mais ça ne l'avait pas marqué plus que çà ... Or nous voici en 2012 avec ce 5ème effort des Français, et la première chose que l'on est en droit de se demander en 2012 après toutes ces péripéties, c'est si TRYO fait toujours du TRYO.

Oui, de côté là, pas de soucis. TRYO va encore nous parler de l'actualité sur cet album, comme toujours, et en même temps c'est normal, car en 2012 il y a de quoi causer : c'est la crise économique et les systèmes financiers se dérèglent ("Joe le Trader"), les pays arabes renversent leurs dictateurs ("Printemps Arabe"), les idéaux extrémistes sont de plus en plus présents dans le débat politique général et bref, il y a plein de trucs à dire sur tout et sur rien de par le monde. TRYO aborde également des sujets de société assez inattendus comme l'homosexualité chez les rastas ("Brian Williamson") ou bien plus graves, comme l'euthanasie ("Mourir la mort"), mais aussi, comme à son habitude, des thèmes plus légers ("Boulawa", "Nous Génération"). En gros, tout le monde va encore en prendre pour son grade.

Ladilafé est de prime abord bien fichu, quand on y regarde de plus près : très bien produit, présentant des arrangements vraiment bien ficelés avec des petites audaces instrumentales, la plupart des chansons sont travaillées et TRYO poursuit brillamment sur la veine initiée 4 ans plus tôt. Sur Ladilafé, c'est donc un nouveau petit festival : swing, jazz, chanson française, reggae old school (et électrifié), chanson caribéenne ... Encore une fois, tout ça ça semble très bien, mais uniquement sur le papier ! Parce que dans les faits, ces belles promesses musicales comptent quand même pour du beurre lorsqu'on analyse le fond.

Eh oui, car très franchement, niveau paroles, ça ne casse pas des briques. Houlàlà ! Alors certes il y a de belles réussites qui marquent l'esprit (le morceau d'ouverture, "Greenwashing", ou bien encore la chanson-titre, "Ladilafé"), mais le reste est vraiment sidérant : le propos politique a beau être présent, les rimes de TRYO tombent sans arrêt à plat, et les trois chanteurs n'arrivent pas à nous enlever cette sale impression de déjà-vu et de suranné. En fait, pour faire simple, cet album sonne dans l'ensemble comme une mauvaise parodie de TRYO faite par un autre groupe. Il n'y a pas à tergiverser, en 2012, TRYO semble complètement à côté de ses pompes et n'arrive pas à apparaître comme un groupe s'étant suffisament remis en question au sortir des années 2000.

Mais le pire, c'est que le groupe cède à la facilité : un titre tel que "Les Anciens", par exemple, se complait dans une niaiserie sans nom et dans des propos ultra-clichés sur les relations inter-générationelles. Idem pour "Printemps Arabe", dont le contenu pourrait se résumer de façon très simple ainsi : "les gentils citoyens des pays arabes ont viré les méchants dictateurs et c'est très cool". Je n'exagère pas, allez constater par vous-mêmes. Le pire du pire est toutefois atteint sur le titre final, "Du cinéma", aux paroles d'un ridicule absolu, se bornant à anonner des noms d'actrices françaises. C'est assez confondant. On a du mal à croire que TRYO, groupe à la poésie certes limitée depuis ses débuts, mais aux paroles quand même assez rentre-dedans et très efficaces, ai pu sombré à ce point dans la variétoche facile.

Et c'est alors que le rédacteur de cette chronique, la larme à l'oeil, jeta un ultime regard à la pochette finalement assez chouette de cet opus tout pourri, produit par un groupe qui fut jadis l'un de ses favoris. Il se remémora ces instants magiques passés dans sa chambre à refaire le monde, collé à son lecteur CD. Près de dix ans plus tard, le jeune lycéen est devenu un adulte et voit certes le monde différement, mais il n'a pas perdu ses rêves pour autant. Et pendant ce temps-là, son ancien groupe fétiche, TRYO, sombre d'album en album dans la pire caricature de son glorieux passé, au point de ressembler en 2012 à un mauvais groupe de chanson française engagée. Le rédacteur, dépité après l'écoute de ce cinquième album, lança alors la lecture d'un album de BLACK SABBATH pour calmer ses nerfs.

Note réelle : 1,5/5 (pour l'effort d'enregistrement et la finesse des arrangements)

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   (2 chroniques)



- Christophe Mali (chant, guitares)
- Manu Eveno (chant, guitares)
- Guizmo (chant, guitares)
- Daniel Bravo (percussions)


1. Greenwashing
2. Ladilafé
3. Nous Génération
4. Brian Williamson
5. Pas Banal
6. Printemps Arabe
7. Un Jugement Sans Appel
8. Marine Est Là
9. Boulawa
10. C'est Un Vent
11. Quand La Nuit Devient Blanche
12. Mourir La Mort
13. Joe Le Trader
14. J'ai Décidé D'écrire Des D
15. Les Anciens
16. Du Cinéma



             



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