Un album pour enfants, à croire que Claude FRANÇOIS et Disques Flèche veulent nous abreuver de thématiques entre deux oeuvres 'normales' ! En tout cas, la pochette est formelle avec celui qui tient à se montrer comme l'idole des très jeunes (nous sommes pourtant quatre ans avant "Le Téléphone Pleure"), en tout cas avec plus de justesse que le ton similaire mais pour adultes, voulu en illustration du disque précédent;

Le Monde Extraordinaire de Claude François, titre un rien pompeux de prime abord, est en fait bien trouvé pour cette réunion de chansons datant parfois d'anciens 33-tours (le 2ème et le 3ème), et donc destinées à un jeune public. Trente minutes suffisent pour des ritournelles certes déjà connues pour certaines ("Donna Donna", "Le Jouet Extraordinaire"), mais avec une qualité d'homogénéité qui manque régulièrement aux albums adultes et normaux.

Peu voire pas de 'fillers', tout juste sur "Le Petit Canard", entendre Cloclo ajouter des 'coin-coin' à chaque fin de phrase ne doit pas nous faire oublier qu'il s'agit de chansons pour enfants, et les couplets demeurent beaux avec leurs cordes ondulantes. Un des rares titres, avec "É. É. É.-A. A. A.", à comporter des cuivres. Le reste du temps, on est plutôt dans les flûtes, les claviers et les arrangements pop très bien ficelés, avec cordes orchestrales sans lourdeur, ce qui chez Claude FRANÇOIS est assez rare pour être souligné.

"C'est Noël et J'Aurai Tout Ça", co-écrit en partie avec Vline Buggy, remet Blond numéro 2 dans la country-variété mais avec des grelots, basse et cordes pour un ton hivernal. Quand on s'adresse aux enfants, il est normal d'insister sur les jouets. D'ailleurs, il y a quelques chérubins qui, pour la seule fois de l'ensemble, remplacent les Fléchettes pour épauler le chanteur. Celui-ci y va de ses intentions les plus souriantes, ce qui ne gêne nullement.

Plus loin, on retrouve l'effet ensoleillé sur "É. É. É.-A. A. A." avec des percussions caribéennes, sans oublier l'orgue typique des années 60, pour 'accompagner' un enfant dans la vie, alors que celui-ci ne se voit pas encore grandir (trop vite). Très chouette, tout comme "Boum Boum", cette fois dédiée à un vieux monsieur et à la nostalgie lointaine que la musique peut lui transmettre subitement. Un peu de religion très finement distillée (pas comme dans "Petit Jésus" sur l'album précédent !) au cours de la folk-pop "Des Roses de Noël", en partie écrite par deux anciens accompagnateurs de Jacques DUTRONC : Michel Pelay et Alain Le Govic (pas encore Alain CHAMFORT) qui rejoignent l'écurie Cloclo/Flèche pour un temps.

Notre ami reprend "Mairzy Doats", chanson américaine sortie durant la dernière Guerre Mondiale, pour la transformer en "Quand Rien Ne Va Plus", pleine de paroles positives-remèdes incluant une balade dans Paris, sans qu'on trouve rien à redire encore une fois. C'est plaisant, tout comme "Le Dragon Magique", nouvel hommage à PETER, PAUL & MARY ("Puff"), avec un beau discours aventureux sur un ton feu de camp et pop orchestral. Dans le genre fantastique, la fée incarnant "L'Histoire Irlandaise", qui manque intelligemment d'être tournée sur un ton de 'grands', offre un superbe final sensuel et frais à cet album, 'lilt' façon chanteurs du pays au trèfle inclus sur les refrains.

Au rayon 'entêtant mais réussi', citons encore "L'Anneau dans la Rivière", partiellement écrit par Alice Dona avec une belle rythmicité, ou encore "Diggy Diggy Lô" (emprunt au duo country RUSTY & DOUG), histoire pour petits avec des crocos. Une belle occasion pour Claude FRANÇOIS de ne pas vouloir être en reste sur l'ami Joe DASSIN qui, non content d'avoir cartonné avec "Siffler Sur la Colline" en 69, enchaîne avec "La Fleur aux Dents" en cette même année 70. Tentative vaine, mais à saluer, comme cet album un peu à part dans les excès de l'époque.