Entre son premier opus et celui-ci, le quintet formant RESOLUTION 88 avait pris l'habitude de jouer l'intégralité de l'album Headhunters d'Herbie HANCOCK en première partie de ses concerts. Il paraît que l'imitation est la plus sincère forme de flatterie, un proverbe qui s'adapte bien à ces passionnés.
Ayant séduit l'underground londonien avec leur premier album qui faisait un quasi sans-faute, ils reviennent dans les bacs des disquaires deux ans après pour leur second opus, Afterglow, présenté avec une nouvelle pochette un peu moins abstraite mais toujours aussi sympathique. L'équipe est toujours constituée du leader Tim O'GRADY aux claviers, de Ric ELSWORTH à la batterie et aux percussions, d'Alex HITCHCOCK au saxophone et à la clarinette et de Tiago COIMBRA à la basse.

Comme son prédécesseur, il est difficile de ne pas vouloir vérifier que l'on a bien mis RESOLUTION 88 et non pas un disque d'Herbie HANCOCK lorsque commence les notes de claviers de "Taking off". Après un solo de claviers trippant, "Trippin' the Pug" redescend sur terre. Qu'il est bon de retrouver ce groove ! Malgré tout, il y a un petit quelque chose qui coince et qui dérange tout le long de "Three Four or More". On s'efforce de ne plus y penser le temps des deux parties de "Changing Times" mais le revoilà alors que commence "Banana Skin Central". C'est, comment dire ? De l'ennui. Ah voilà, c'est ça, on s'ennuie. Pas tout le temps, mais il y a toujours un moment où l'on se surprend à regarder combien de temps il reste avant de passer à la piste suivante. Sur "Phantom of the Oberheim" par exemple, ça vient juste après le premier solo. Jusque-là tout va bien, le morceau est cool, entraînant, on retrouve ce qui avait plu dans le premier album, mais tout d'un coup le fun disparaît et on se retrouve à l'extérieur du morceau.

C'est comme profiter à fond d'un film et être complètement sorti de l'histoire à cause d'un détail du scénario qui n'a pas de sens, un anachronisme, un costume ridicule, un jeu d'acteur raté. La raison ? Des morceaux trop longs. Il y en a six, soit la moitié du disque. Et ça ne manque pas, dès qu'ils dépassent les cinq minutes, ils finissent par s'empierger, comme un train qui déraillerait pour avoir voulu prendre trop de vitesse. C'est dommage parce que ces soli en trop ou trop longs finissent par gâter le plaisir de l'écoute, un problème que l'on ne retrouve pas sur les autres morceaux plus courts qui durent juste le temps qu'il faut pour être satisfaisants à souhait : les deux parties d'"Afterglow", "Homing In" et le petit interlude "Moonflower" sont réjouissants.

Une semi-déception que ce deuxième album qui ne parvient pas à atteindre les sommets du premier. Pas de quoi en avoir honte néanmoins, surtout que le groupe s'est rattrapé avec le suivant, mieux centré.