Comment répondre prestement à ce cher collègue (1) en introduction, et dont les chroniques pleines de verve nous manquent assurément ?

Combats à mains nues
Reviennent sur le canapé
Tu veux un marron ?

En plus, il faut que ça évoque une saison ? Allez, on va dire que ça le fait pour l’automne avec mon marron. C’est chaud les haikus ! Mais pas autant que les marrons. Attention à ne pas vous brûler ! Pour ceux qui n'ont pas suivi le fil, notre collègue Baker avait déjà parlé des musiques des deux premiers Streets of Rage, série de jeux-vidéo abandonnée à son sort au milieu des années 90. Les deux avaient été principalement composées par Yuzo KOSHIRO, japonais de son état civil. D'où son idée de haiku, que je reprends donc à mon compte aujourd'hui. Vous devriez facilement pouvoir accéder à ses chroniques au travers des liens vers "Divers compositeurs Jeux-Vidéo" et l'artiste Yuzo KOSHIRO.

Sauf que Streets of Rage 4, ça ne vient plus du Japon. Celui-là, Bare Knuckles n’est pas son nom d’origine, mais son nom à l’export. Car il vient carrément de chez nous, cocorico. Pour l'occasion j’aurais pû vous faire la chronique en alexandrins, mais faut pas pousser mémé dans les orties non plus. Du coup, Yuzo KOSHIRO a eu la grosse flemme, comme moi, et c'est Olivier DERIVIERE qui s’y colle, au moins pour la moitié du boulot. Un nom que l’on commence à retenir. Faut dire qu’il y a de quoi. En France, en effet, les droits des compositeurs sont régis par la SACEM, ils sont donc propriétaires de leurs œuvres. Ce qui explique pourquoi très peu de compositeurs dans notre pays travaillent dans le domaine. Les sociétés préfèrent être propriétaires des musiques, pour ne pas avoir à payer de royalties.

Si vous entendez parler d’un compositeur de musiques de jeux-vidéo français et actif, tendez donc l’oreille, c’est qu’il vaut le coup. Olivier DERIVIERE donc, on vous le confirme, il vaut le coup. Outre le dernier épisode de Alone in The Dark dont Derwijes vous a déjà parlé sur le site, il est l’auteur des musiques de Remember Me, The Council et A Plague Tale : Innocence, entre autres, des jeux français qui souffrent de leur budget limité, malgré leurs qualités indéniables. Ils sont donc passés un peu sous le radar (1), mais pas leur compositeur.

Revenons donc à Streets of Rage 4. D'autres compositeurs ont été démarchés pour cette occasion, à commencer par le patron Yuzo KOSHIRO, auteur des B.O des 3 jeux précédents. Mais pfiou… La liste est fastidieuse. Mentionnons tout de même Motohiro KAWASHIMA, qui était déjà là sur les trois premiers épisodes aux côtés du taulier, et qui revient donc participer. Ils ont composé (remixé ?) 5 titres chacun. Olivier DERIVIERE en a composé 17, soit la moitié de la B.O à lui seul. Pour les autres, ça se partage entre d’anciens cadors du genre et des indépendants de la scène électro. On vous renvoie au line-up pour plus de précisions. On vous épargne les CV, c’est un peu bourratif.

D’ailleurs, on aurait bien aimé que ça soit moins compliqué. Pas que les invités ne font pas correctement leur boulot. Mais c’est tout de même Olivier DERIVIERE qui tire le mieux son épingle du jeu là-dedans. Tant mieux pour nous, vu qu’il est le plus présent. Yuzo KOSHIRO avait composé les premières B.O en s’inspirant de la musique des boîtes de nuit du début des années 90. Olivier DERIVIERE a donc décliné la formule à la fin des années 2010, entre Synthwave, Chiptunes, et resucées diverses du passé. Ça colle parfaitement à l’aspect rétro-futuriste du jeu, un peu mais pas trop (quelques robots, un peu de cyberpunk çà et là). On en profite pour sortir du cadre étriqué de la Synthwave, comme sur "Aphex Train", hommage évident à Richard D. James (APHEX TWIN, AFX, etc.)

Pour le reste, on ne va pas détailler. La B.O est musclée, sait varier son propos, mais s'embourbe parfois dans la répétition. Ça part tous azimuts dans tous les coins de l’électro et au-delà, avec une bonne base de Synthwave pour lier l’ensemble. Ne vous laissez pas avoir par la guitare sur la pochette, s'il y en a, c'est plutôt rare. On ne s’ennuie pas beaucoup. C’est tout de même long au démarrage, et on se serait bien passé de certains invités là-dedans. La B.O est à l’image du jeu, trop généreuse. 2 CD pour une OST de Beat Them Up ? Vous voyez le problème, non ? C’est un genre de jeu qui a été conçu pour se faire des parties d’une heure à tout casser avec un deuxième joueur, sur une borne d’arcade ou un canapé. Les 12 niveaux de Streets of Rage 4, à l’image de la pléthore que nous proposait Castle Crashers, celui qui a remis le feu aux poudres en 2008, sont trop longs et trop nombreux. Résultat, impossible de le terminer en une seule séance canapé. Comme il est impossible de se taper toute sa B.O et ses 35 titres d’une traite, l’éternel problème avec les doubles CD. On excuse facilement ceci quand on parle de RPG qui s’étalent sur 30h. Pour un genre supposé ne pas dépasser l’heure et demi, c’est excessif. Les bonnes choses, il ne faut pas en abuser.

Eh les gars, vous n’avez pas oublié la chronique de Streets of Rage 3 au milieu ?

Mais comment chroniquer musique si insensée
Aussitôt écoutée, aussitôt disparue ?
Ce Yuzo KOSHIRO, un boulon a pété.
Des notes aléatoires ? La chronique est perdue !

Mais de cette conclusion, profitons pour noter
Qu’Olivier DERIVIERE joue également aux jeux
Aussi a-t-il à cœur que ses musiques soient jouées
En fonction des actions et en fonction des lieux.

On vous conseille donc, pour profiter du style
De parcourir les jeux. Le bonhomme sait y faire.
Transitions maitrisées, vous verrez c’est subtil.
Reste donc à choisir l'un d'eux parmi ses pairs.

(1) Reviens Baker !
(2) A Plague Tale s’est quand même suffisamment fait remarquer pour avoir le droit à une suite, ouf