Les sœurs tordues ! Putain TWISTED SISTER… Ou comment me retrouver à mes 15 ans en pleine découverte du métal face à face avec Dee Snider et ses sbires ! Quelle aventure ! Quel personnage ! Quand le guitariste John Segall rejoint le groupe SILVER STAR, appelé à devenir les NEW YORK DOLLS du New Jersey, il ne s’appelle pas encore JJ French mais le groupe prend le nom de TWISTED SISTER dès 73 ! De gig en gig, les choses évoluent, Eddie "Fingers" Ojeda, un pote de fac intègre le groupe à la deuxième gratte, et la set list est essentiellement composée de reprises des grands du glam rock – BOWIE, SLADE, MOTT THE HOPPLE. EN 76 Danny "Dee" Snider prend le micro en charge et le style change vers le hard rock. En 78 c’est au tour de Marc "Animal" Mendoza, ex DICTATORS de prendre la 4 cordes et nous voici avec le line up consacré des SISTERS.

Même sans album, le groupe tourne sans cesse, se retrouve même en Angleterre pour des gigs, il faut dire que le look du groupe et son énergie sur scène y sont pour beaucoup. Dee s’est au fil des ans créé un personnage haut en couleur très travaillé, plus proche du cartoon que d’un réel glam rock pour moi, il est d’ailleurs loin - et le sera toujours - du rythme de vie déjantée des rock stars. Fan de sport – 1m86, 90 kilos – la sœur tordue blonde aux immenses cheveux frisés et au maquillage outrageant est une bête de scène comme on en fait peu. La musique du groupe tient en outre autant des aspects glam que punk, se posant ainsi en filiation directe des NEW YORK DOLLS. C’est ainsi que nous parvenons en 82 pour la première sortie officielle d’un disque du groupe, dix ans après ses débuts, sous la poigne de fer de JJ French, et Pete Way d’UFO derrière la console.

Premier constat, toutes les compositions sont signées du chanteur Dee Snider, qui occupe la place centrale dès le départ, on ne voit que lui sur la photo de couverture, avec son invraisemblable tignasse qui a du effrayer bien des parents ! L’ouverture se fait sur "What You Don’t Know", le son est moderne, très hard rock, le rire d’ouverture, le chant de Dee, l’efficacité semble de mise. En fait ce titre sonne très JUDAS PRIEST à mes oreilles, nous sommes donc bien loin d’un quelconque Glam rock, tout ceci est déjà Heavy Metal, assez sympa. Dans le même esprit, "Run For Your Life", rythmique carré et refrain à la PRIEST, jusqu’au solos de Fingers qui singent un peu la paire KK/Glen, et écoutez le bridge, du JUDAS je vous dis ! Et s’il vous fallait une preuve le titre suivant se nomme "Sin After Sin"… après ça… sympa mais pas transcendant pour autant !

Les affaires sérieuses débutent cependant avec "Bad Boys", sa mélodie pop évidente et ses gimmicks déjà très éprouvés par des années de pratique. On est clairement dans le giron du Glam, même si Dee n’aime guère qu’on le dise, on est proche de SLADE. Les interventions de JJ et Eddie en solo sont cools mais ne crèveront en revanche jamais le mur du son. L’éponyme "Under The Blade" est lui aussi resté dans les setlists de concert, preuve d’une bonne postérité. Le riff est tout simple, le chant se greffe dessus avec tout autant de simplicité mais l’ensemble - sonne JUDAS PRIEST lol – se laisse fort bien écouter toutes ces années plus tard. Le titre sera plus tard un vecteur essentiel des attaques du PMRC ricain contre le hard rock, arguant de sadomasochisme alors que les lyrics parlent de chirurgie… Bref !

Le classique "Shoot E Down" a une bonne tête, et cette fois, on est plus proche des thèmes d’AC/DC, une construction assez binaire, avec refrain repris en choeur. On voit que les gars du New Jersey ont fait leurs gammes. La composition est efficace et reste encore aujourd’hui un des inamovibles des SISTERS en concert. "Day Of The Rocker", sorti du même tonneau, est beaucoup moins qualitative. "Tear It Loose" malgré la présence au solo de Fast Eddie Clarke – grand pote de Pete WAY dans leur FASTWAY et ex MOTORHEAD – me paraît un des moments les moins conséquents de cet album, le refrain est très… loose ? Enfin, "Destroyer" est-il un petit hommage à KISS, les papas du hard glam ? C’est en tout cas d’une extrême lenteur, avec cette respiration à la Dark Vador, le refrain manque un peu de grain et d’originalité à mon sens cependant.

L’album atteint la 125eme place du billboard, ce qui est très encourageant pour la suite vu le style pratiqué. Il est certes remarqué par les critiques et les fans de Hard rock d’alors, mais rien de vraiment sérieux si on compare la déferlante QUIET RIOT qui va tomber sur les USA. Le style si spécifique des TWISTED SISTERS est encore en gestation, on ne le retrouve réellement que sur le titre "Bad Boys", qui mélange bonne humeur communicative et envolées vocales en chorale, mais "Under The Blade" et "Shot EM Down" ont bien vieilli. Le reste me semble plutôt dispensable même si non dépourvu de chouettes moments. La vérite oblige cependant à dire que l’opus s’est ensuite vendu la bagatelle de deux millions d’unités, pas si mal, mais après el succès interplanétaire de Stay Hungry. En définitive, tout repose sur les larges épaules de Dee Snider. Un trois très solide.