Cette pochette iconique ! Une des plus célèbres de l’histoire du Hard-Rock ! Le summum de l’imagerie imaginée par Dee Snider pour symboliser la musique de son groupe ! Tout ceci n’est que B.D et personnages de cartoon pour plaire et attirer regards et oreilles de la jeunesse d’alors. Les deux premiers albums du groupe ont attiré de nombreux fans et les critiques plébiscitent le groupe qui s’est clairement posé en futur leader des scènes Glam/Hair metal d’alors, bien que leur style soit tout aussi Heavy que réellement Hard, sans doute le look et le ton des compositions prônent en ce sens. Toujours est-il qu’il est temps de frapper un coup majeur, Dee et les sœurs tordues le savent, la maison de disque Atlantic y croit et libère les fonds pour tourner des vidéos dignes de ce nom, à une époque ou la diffusion sur les images de MTV est essentielle.

Puisqu’on parle souvent de dessins animés avec nos lascars, voilà que se pointent le titre et la vidéo de "We’re Not Gonna Take It". C’est complètement pop dans le traitement, drôle, délibérément je-m’en-foutiste, et la superbe vidéo abonde dans cette idée. Dee Snider en fait des tonnes, son personnage coloré et original attire tous les regards et le titre monte haut dans le billboard, à la 21ème place, rare pour un groupe de hard-rock. Beaucoup repris, cet hymne du hard-rock sera même utilisé quelques fois en 2016 pour la campagne de Trump, Dee lui demandera de ne plus le faire. Légèrement plus sérieuse et hard – tout est relatif - "I Wanna Rock" est le deuxième hymne définitif de cet album. Les vidéos se suivent et s’assemblent, le chanteur tenant le tout sur ses larges épaules. L’efficacité est totale, rares sont les albums disposant de deux titres de ce calibre. Désormais liés pour l’éternité, ces deux chansons sont magiques.

On ne s’arrête pas là, même si cela suffit pour construire une légende. Le troisième single est le phénoménal "Burn In Hell", celui-là même que les Beumeuh de DIMMU BORGIR reprendront. Avec ce titre, les SISTER repartent vers les rivages d’un métal à la JUDAS PRIEST. La perf de Dee y est superbe, le chant magnifique, de l’introduction rampante au somptueux refrain, tout respire le classique dans ce troisième single, une merveille. La vidéo est toujours bubblegum, jamais gore et toujours drivée par l’humour, le groupe y apparaît sans maquillage. Sortie du même tonneau, "Don’t Let Me Down" est sans doute moins originale, mais reste bien efficace. L’éponyme "Stay Hungry" est rapide, presque raide et chasse à nouveau sur les terres d’un "Freewheel Burning" de fière renommée, sans toutefois atteindre au sublime des classiques de JUDAS. Mais le style reste personnel et bien rentre-dedans.

Nous restons dans le très haut du panier avec "SMF", le charmant nom donné par les SISTER aux membres de leur fan club, celui là même que le vice président Al Gore stigmatisera en demandant à Dee s’il s’agit d’un groupe chrétien. La traduction de "Sick Mother Fucker" est "putain de malades d’enculés de leur mère", mais comme répond Dee au politicien, le blasphème n’a rien à voir avec le degré de religiosité, et qu’il est chrétien lui-même. Le rythme de ce morceau est une vraie tuerie, taillé pour le headbangin'. "The Beast" continue ce voyage dans l’excellence. La lenteur pachydermique donne naissance à un ensemble épique de très belle allure, à mon sens un autre sommet dans cet album qui en contient beaucoup, très métal cette fois-ci. Jusqu’à présent, les slows des SISTER ne m’ont pas vraiment séduit mais les arpèges très SCORPIONesques de "The Price" lui donnent un bon air de vainqueur, d’autant que le chant de Dee est vraiment à la hauteur.

Il nous reste à évoquer le diptyque et ambitieux "Horror In Terria" de près de huit minutes, qui sera le préambule au film mis en scène par Dee à la fin des nineties intitulé Strangeland. "Captain Howdy" est rampante à souhait, avec une rythmique qui n’est pas sans évoquer les grandes heures de KISS. On retrouve le ton plus personnel des sœurs tordues sur "Street Justice" avec ce riff soutenu et un refrain libérateur. Je dois admettre que dans cet album vraiment excellent, j’avais toujours tendance à zapper la fin de la première face qui me semblait alors plus complexe d’aspect et il est vrai que lorsqu’on met un disque de TWISTED SISTER sur la platine, on ne s’attend pas vraiment à des concepts sophistiqués ; surtout quand on est ado. En 98, le film fera un joli four de l'espace.

Inutile de réfléchir des heures devant cette couverture abominable mais inoubliable du troisième opus des TWISTED SISTER. Allez le voler ou l’acheter quelque part, mais vérifiez avant que cet objet de bon goût ne figure pas déjà dans la discothèque de vos vieux. Eh oui, il n’y a pas qu’aux states que cet album s’est bien vendu, puisqu’il s’est écoulé cinq millions d’exemplaire de par le vaste monde, une sacrée performance qui a ouvert le stardom international à nos rock star et a changé leurs vies pour toujours. Le look de Dee et ses ritournelles ont tenu le pari, certes TWISTED ne sera pas le plus grand groupe du monde mais il aura mérité de la cause, comme vous le verrez prochainement. Pour cet incontournable de la musique, c’est un cinq de la mort qui tue !