L’accueil réservé à « Little Man » sorti l’année passée fut pour le moins mitigé, tant le groupe tendait à devenir un Radiohead-bis condamné à jouer éternellement les seconds couteaux dans le monde merveilleux de la pop anglaise. L’album « What we have sown », initialement imaginé pour être le CD additionnel de LM fut donc entièrement repensé et sort ce mois-ci comme un véritable nouvel album du groupe, en attendant un « véritable » nouvel opus en mars prochain.

Bruce Soord, peut être conscient de s’être un peu perdu sur la route du « trop » (au combien différente de celle du « mieux ») a décidé pour ce disque de revenir aux basiques qui ont fait le succès du groupe depuis sa création en 1999. TPT propose donc ce qu’il fait de mieux, à savoir un album de chansons pop ultra mélodiques, de titres instrumentaux un peu plus expérimentaux et de ce qu’il faut de fulgurance progressive. Et d’ailleurs, c’est de cette fulgurance là donc il est particulièrement question dans cet album. Le titre phrase de l’album, « What Have We Sown ? » est toute simplement un monstre de musique. Du long de ses 22 minutes 33 secondes, il prouve que le groupe est encore capable de se surpasser. Le son est brut, direct, agressif (jamais la batterie n’avait été aussi mise en avant) tout en restant parfaitement mélodique et produit. Etrangement, on ne pense pas Pink Floyd ou à Porcupine Tree dans ce morceau mais plutôt… à Archive et à son morceau « Lights ». Tant dans sa structure (la furie qui alterne avec ses ambiances qui semblent jouer avec le temps) que dans son mixage (écho, synthé syncopé, piano, guitares saturées, batterie sèche) on est ici dans un morceau tout simplement parfait, sorte de tourbillon musical dans lequel seule la voix limpide et posée de Bruce Soord est apaisante. Dans une récente interview, le leader du groupe disait avoir voulu « essayer autre chose ». On ne peut que ce réjouir de cet essai, tant il est instantanément un classique de rock progressif.
A côté de cette pièce essentielle, le niveau est à l’avenant. Tandis que « All You Need to Know », « Deep Blue World » et « Take me With You » sont de somptueuses pop song rythmées et planantes, « Well I think that what you said » sonne comme une réminiscence de Radiohead mais gagne en beauté grâce au violon de Richard Hunt. Et « West Winds », morceau instrumental de près de 9 minutes, est l’autre gros bijou du CD. Dans sa première moitié, il est âpre et planant (on pense à la partition de John Murphy pour le film « Miami Vice » ou à ce que Mogwai a fait sur « Zidane ») avant d’intégrer un rythme électronique, presque techno pour un final en apothéose.

Parce qu’il semble proposer en près d’une heure tout ce qui a fait l’originalité de la musique du groupe depuis sa création, parce que c’est aussi l’album le plus progressif et expérimental depuis « Abducting The Unicorn », « What We Have Sown » est pour le moment le meilleur album de The Pineapple Thief. Non seulement il est à posséder absolument, mais il est à faire écouter à tous vos amis fan de musique de (grande) qualité. Pour qu’enfin le groupe de Bruce Soord ait la reconnaissance qu’il mérite…