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FOLK REVIVAL  |  STUDIO

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1962 Peter, Paul And Mary
1963 In The Wind
Moving

PETER, PAUL AND MARY - In The Wind (1963)
Par LE KINGBEE le 7 Mars 2022          Consultée 817 fois

A l’heure où un cinglé à l’égo démesuré a décidé d’envahir l’un de ses voisins et peut-être d’autres, la chronique de ce disque nous semble tomber à point nommé. Quand un taré confond ses concitoyens et ses voisins avec de la chair à canon, il est de bon ton d’apporter de la douceur.

Subtile et judicieuse création du producteur Albert Grossman, le trio PETER PAUL And MARY issu de Greenwich Village se taille une solide réputation depuis les succès de "500 Miles", "Lemon Tree" ou bien la reprise de "If I Had A Hammer". Sous la houlette de Grossman, également producteur du jeune DYLAN, le premier disque du trio aura trusté le Top Ten du Billboard pendant dix mois se vendant à plus de deux millions d’exemplaires. Une belle plus value !

Groupe phare du Revival Folk sixties, le trio suscite deux ans plus tard un énorme engouement. Mary et ses deux compagnons sont présents au Newport Festival, on les voit en aout 63 se produire au Lincoln Memorial lors d’une marche organisée par Martin Luther King. Certains connards y verront probablement une opération publicitaire organisée par Grossmann et la Warner, alors que la communauté juive était la seconde cible déclarée des mouvements suprématistes avec celle des afro-américains. Rappelons qu’un mois plus tard, le Président Kennedy sera victime d’un tireur à Dallas.

En aparté, si certains journalistes spécialisés et amateurs de Folk ont parfois décrié Peter Paul & Mary comme étant des grossiers vulgarisateurs folkloriques, prétextant que Peter Yarrow et Paul Stookey étaient trop propres sur eux avec leurs petits costumes étriqués, il n’en demeure pas moins que le trio a repris le flambeau laissé par The Almanac Singers The Weavers, Pete Seeger, Woody Guthrie ou Doc Watson, au même titre que Bob DYLAN, Joan BAEZ ou Phil Ochs. Dernière précision, il convient de différencier le Folk Revival au registre de la Protest Song plus contestataire.

Troisième disque du trio, le titre "In The Wind" fait évidemment référence à la dernière piste "Blowind In The Wind", une compo de Dylan et sceptre du mouvement Folk. La pochette nous dévoile le trio se baladant en toute décontraction dans un parc newyorkais. On doit ce visuel à Barry Feinsten, photographe sur le point d’épouser Mary Travers, auteur de pochettes marquantes (John Hammond, DYLAN, The BYRDS, The FLYIN’ BURRITOS BROS ou Janis JOPLIN). Si Feinsten demeure l’auteur de la photo, c’est le Push Pin Studio de Milton Glaser qui assure le design assurant ainsi une continuité avec les deux opus précédents.

Les males du trio font ici preuve de leur facilité d’écriture, le tandem Stookey/Yarrow signant ou cosignant pas moins de huit chansons, soit les ¾ de l’album. Mais quand on vous parlait d’un trio, corrigeons quelque peu nos mathématiques puisque le trio s’agrandit avec la présence d’Eddie de Hasa, un contrebassiste américain originaire de Java à l’impressionnant curriculum vitae (Miles DAVIS, Kenny BURRELL, Chet BAKER, Benny GOODMAN). Ce dernier bien qu’ancré dans le Jazz n’hésitera pas à rejoindre le groupe Folk le plus connu du moment.

L’assemblage des deux guitares, de la basse acoustique ou de la contrebasse conjugué aux harmonies vocales constituent encore la marque de fabrique du trio. En ouverture, on pourrait croire que "Very Last Day" vient d’être composé en regard aux derniers évènements ukrainiens : "Everybody gonna pray on the very last day - But the judgement falls on all mankind -When the trumpet sounds the call -All equal and the same". Les anglais The HOLLIES reprendront la chanson dans une approche Beat Pop. Avec "Hush A Bye" * on plonge dans l’univers de la chanson enfantine avec cette berceuse. Autre chanson enfantine "Rocky Road" est une proche variante de "Green Rocky Road", un traditionnel chanté par Dave Van Ronk, autre folkeux du Village. Avec ses nombreuses métaphores "Polly Von" arpente le registre de la comptine irlandaise, un chasseur ayant tiré une flèche sur sa bienaimée qu’il avait confondu avec un cygne. Bien qu’accrédité à la paire Yarrow/Stookey, "All My Trials" est en fait un spiritual ayant pris sa source aux Bahamas pour couler jusqu’ aux Antilles. Joan BAEZ, Anita Carter, Pete Seeger ou Harry Belafonte avaient repris la chanson bien avant le trio. Nana MOUSKOURI en délivre une honnête version dans la langue de Shakespeare.

Autre emprunt au traditionnel avec "Freight Train", un Folk spirituel d’Elizabeth Cotten. La chanson nous parle d’un train de marchandise qui doit emmener le narrateur vers des cieux plus cléments, en droite ligne avec certains Gospel, le train étant source de vie et de liberté. Si Cotten avait enregistré sa chanson en 1958, Rusty Draper, Peggy Seeger et Esther Ofarim avaient pris le bon wagon bien avant Peter Paul & Mary. Chez nous le titre sera adapté par Joe DASSIN avec "Je change un peu de vent", une adaptation pas trop niaise pour une fois. Parmi ces diverses compos, deux connaitront un fort succès auprès des radios, des repreneurs et des teenagers : "Tell It On The Mountain" fortement pompé sur "Go Tell It On The Mountain", un spiritual de Noël gravé par Dorothy Manor à l’orée des années 40. Si le titre est tombé dans la besace de groupes Folk, Bluegrass et Country Gospel, les STAPLES SINGERS, Mahalia Jackson ou les Famous Jubilee Singers à capela en feront des Gospel de premier plan. Chez nous, Marie Laforêt avec "Viens sur la montagne" reste l’auteure d’une adaptation qui tient la route. Autre gros carton avec "Stewball", inspiré de "Old Kimball" de la folkloriste Mrs Texas Gladden. Le duo de songwriters change ici quelques strophes, mais l’histoire de cet attachant cheval aura fait pleurer plus d’un enfant. Retenons les deux premières strophes : "Oh Stewball was a racehorse, and I wish he were mine - He never drank water, he always drank wine". Hugues AUFRAY reste l’auteur d’une adaptation réussie.

En dehors des titres issus du traditionnel, quatre covers viennent agrémenter la galette. : Jimmie Drifwood, excellent auteur folkloriste est à l’honneur avec "Long Chain On", une chanson évoquant la cavale d’un homme évadé de prison. Si l’original versait entre Hillbilly bien dans la tradition des Ozark Mountains, la présente version s’avère plus épurée, plus sage et pour tout dire plus triste. Une bonne petite mise en bouche en attendant les trois ouragans dylanesques : deux titres figurant dans « The Freewheelin’ Bob Dylan » écrèment la face B : "Don't Think Twice, It's All Right" plus ou moins inspiré d’un titre de Paul Clayton "Who's Gonna Buy You Ribbons (When I'm Gone)". Si ce standard a depuis été repris près de 300 fois, il doit beaucoup à la version du trio dont le titre se classera à la 9ème place des charts. Une version bien supérieure, selon nous, à la reprise d’Elvis. Second feu d’artifice avec l’intemporel "Blowin’ In The Wind" inspiré d’un vieux spiritual "Many Thousand Go". Là encore une fois la qualité des harmonies vocales et le jeu en finderpicking contribueront à populariser cette protest song. Chez nous, le brave Richard Anthony, un massacreur de première, a adapté la chanson avec "Ecoute dans le vent", une version dans laquelle toute l’essence des paroles s’évapore balayée par … le vent. Si les deux titres précités remportèrent l’adhésion du public, des radios et de la critique, on leur préfère "Quit Your Low Down Ways" qui monte crescendo un peu à la manière des répertoires de Jimmie Drifwood, Pete Seeger ou Hylo Brown.

Si certains jeunes lecteurs risquent de trouver que cet album à sa place dans une soirée de type feu de camp avec des ritournelles qui feraient la joie des catéchismes, des curés et des bonnes sœurs, il convient de remettre les choses à leur place. Si le trio fait partie de la vieille école, il s’inscrit autant dans la lignée de Pete Seeger, Guthrie que des EVERLY BROTHERS, Albert Grossman également producteur de Dylan est parvenu à allumer un incendie à partir d’une petite étincelle. Les jeux de guitares acoustiques associés aux harmonies vocales représentent toujours la quintessence du Folk Revival, même si on peut parfois reprocher au trio l’intrusion de paroles religieuses et certaines métaphores poétiques parfois ambiguës.



*Titre homonyme à celui d’Ambroise Thomas figurant au générique de "Raymond ou le secret de la reine".

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   LE KINGBEE

 
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- Peter Yarrow (chant, guitare)
- Paul Stookey (chant, guitare)
- Mary Travers (chant)
- Eddie De Haas (contrebasse, basse)


1. Very Last Day
2. Hush-a-bye
3. Long Chain On
4. Rocky Road
5. Tell It On The Mountain
6. Polly Von
7. Stewball
8. All My Trials
9. Don't Think Twice, It's All Right
10. Freight Train
11. Quit Your Low Down Ways
12. Blowin' In The Wind



             



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