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1962 Peter, Paul And Mary
1963 In The Wind
Moving

PETER, PAUL AND MARY - Moving (1963)
Par LE KINGBEE le 29 Mars 2023          Consultée 364 fois

A l'image du forgeron, en musique, il convient de battre le fer pendant qu’il est chaud. Le trio vient tout juste d’engendrer son premier bébé, une gestation couronnée de nombreux cartons, qu’il lui faut retourner en studio. Le producteur Albert Grossman, co-fondateur du Newport Folk Festival, sait pertinemment que les occasions perdues ne se rattrapent jamais ou rarement.

Si Peter Yarrow et son comparse Paul Stookey portent de sobres costards bon-chic bon-genre, les deux musiciens accompagnés de Mary Travers sont les porte-drapeaux du Folk Revival, registre ayant germé principalement à Greenwich Village.

Pour ce second opus, Grossman fait appel à Milt Okun. Ancien chanteur des Skifflers, pianiste d’Harry Belafonte, Okun fourmille d’idées. Excellent arrangeur, producteur, chef d’orchestre, il permet au trio de développer et d’intensifier son jeu d’harmonies vocales vers l’excellence. Si Milt Okun avait déjà fait ses preuves aux côtés d’Ellen Stekert, du Chad Mitchell Trio et des Brothers Four, PETER, PAUL And MARY demeure peut-être sa plus belle réussite. Auteur compositeur inspiré, ce touche à tout apporte également pas moins de quatre titres. Autre bonne pioche avec la collaboration de l’auteure Elaina Mezzetti, présente sur sept chansons. En réalité, Elaina est la sœur de Peter Yarrow, une telle accréditation permettait à la frangine de toucher des droits d’auteurs, procédé souvent employé dans l’industrie du disque en vue d’éviter une imposition drastique.

Au regard du contenu, le trio délivre à l’image de leur précédent recueil pas moins de neuf compo pour trois reprises, néanmoins cette fois ci la plupart des chansons provient d’une collaboration entre plusieurs intervenants (Stookey, Yarrow, Okun, Travers et Elaina Mezzetti).

"Settle Down (Goin' Down That Highway)", une reprise de Mike Settle (ancien membre des New Christy Minstrels), ouvre les débats pour un Folk de 100 secondes. Si la mise en bouche s’avère courte en termes de durée, cette demande en mariage pleine de poésie adresse un clin d’œil à Angela Vickers, personnage interprété par Elizabeth Taylor dans le film A Place In The The Sun (Une Place au soleil), un mélodrame de George Stevens tourné onze ans plus tôt. Seconde reprise avec "Man Come Into Egypt", un Folk des Weavers. Si certains y décèleront un Folk religieux, d’autres y verront un appel à la liberté et à la tolérance. Rappelons que les Weavers de Fred Hellerman et Pete Seeger furent victimes de persécution de la part des services du sénateur McCarthy, instigateur de la Peur Rouge. Troisième et dernière cover, probablement la plus connue, avec "This Land Is Your Land", grand classique de Woody Guthrie, inspirée par la mélodie de "When the World's on Fire" de la Carter Family mais composée en réponse à "God Bless America", titre béni-oui-oui d’Irving Berlin. Repris à toutes les sauces, ou presque, le titre fera le bonheur de nombreux artistes (The Weavers, The KINGSTON TRIO, The STAPLE SINGERS, Trini LOPEZ jusqu’à LITTLE FEAT). Chez nous autres, DALIDA avec "Ce coin de terre" en chantera une adaptation, selon nous, consternante.

"Gone T+the Rainbow" est en fait fortement pompé sur "Johnny Has Gone For A Soldier" et "Buttermilk Hill", deux traditionnels remontant à la Guerre de Sécession, eux-mêmes inspirés par "Siúil A Rún", vieille ballade irlandaise du XVIIème, preuve que la musique voyage non seulement dans le temps mais aussi à travers la planète. Ce Folk redécouvert par John Lomax sera repris sous divers intitulés par Burl Ives, Hertha Marshall, Pete Seeger jusqu’à plus récemment par Suzy BOGGUSS et Natalie MERCHANT. Si les harmonies vocales frisent l’excellence, on remarque que certaines intonations lorgnent vers le gaélique. Les deux guitares montent d’un ton sur "Flora", chanson nous contant une déception amoureuse, Flora décrite comme le lys de l’Ouest n’étant qu’une jolie aguicheuse doublée d’une infidèle, deux qualités qui feront du conteur un tueur par amour.
La cadence tombe d’un cran avec "Pretty Mary", une autre histoire d’amour déçu pour cause de différence sociale. Le titre sera repris par le duo anglais Peter & Gordon. On retrouve ce sentiment teinté de mélancolie sur "Old Coat", titre nous remémorant que nous ne naissons pas tous égaux, la bonne fortune souriant à certains et pas à d’autres. Autre ballade gorgée de spleen avec "Tiny Sparrow", autre histoire de désillusion amoureuse agrémentée d’une sonorité irlandaise.
A l’image de la rivière qu’il ne peut descendre, "Big Boat" édité en single fera un flop, incapable d’intégrer le Top 100. Si les harmonies frisent toujours les sommets et si l’allure prend de la vitesse, la strophe Big boat up the river, and she can't come down chantée à seize reprises s’avère trop répétitive et plombe la chanson. "Morning Train" s’avère plus complexe, le morceau débute sous un décor nostalgique, comme une sorte de repenti, tandis que le trio impulse peu à peu de la voilure avec une montée de chœurs à l’instar des certaines B.O de westerns et de spirituals. Une curiosité clôt le disque avec "A’ Soalin’", une compo de Stookey, de la frangine Yarrow enregistrée deux ans avant par Martha Schlamme, une chanteuse autrichienne refugiée aux States. Une connexion avec certains récits bibliques pointe encore le bout de son nez. Oubliée depuis le début des sixties, la chanson sera l’objet d’une étrange résurrection à l’orée du nouveau milénaire ; le titre servira de chanson de Noël sous divers intitulés, repris entre autres par STING et le quartet irlandais The Derry Aires.

Terminons par "Puff The Magic Dragon" typographié sur la rondelle d’un simple "Puff", une comptine qui alimente encore les rêves de certains gamins anglophones. Inspirée d’un poème du new-yorkais Lenny Lipton *, lui-même instillé par The Tale of Custard the Dragon, un écrit de Fred Ogden Nash illustrant un livre pour enfants, la chanson se déguste comme une invitation au voyage au pays imaginaire d’Honah Lee en compagnie du dragon Puff et de son ami Little Jackie Paper, tous deux volant au bord de la mer. Certains esprits suspicieux adeptes de la polémique pensèrent trouver là une allusion à la marijuana sous prétexte que le nom de Little Jackie Paper n’était autre qu’une référence à du papier à rouler, objet utilisé pour la confection des joints. Cette douce comptine grimpera sur la seconde marche des charts américains en mars 63, deux mois après sa sortie.

Ce second opus reste marqué par l’intemporalité de Puff, le dragon magique. La complémentarité des deux guitaristes, couplée à des harmonies vocales frisant souvent l’excellence, demeurent soixante après la sortie du disque des atouts de première main. Catalyseur d’un certain Bob DYLAN qui leur écrira quelques notes sur la pochette dorsale de leur troisième album, Peter, Paul And Mary se profile comme l’une des épines dorsales du Folk Revival. En 2017, le label Andorran Vinyl Lovers a réédité l’album avec deux bonus dont une reprise du Révérend Gary Davis.

*Lenny Lipton est décédé d’un cancer en octobre 2022 à l’âge de 82 ans.

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   LE KINGBEE

 
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- Peter Yarrow (chant, guitare)
- Paul Stookey (chant, guitare)
- Mary Travers (chant)


1. Settle Down (goin' Down That Highway)
2. Gone The Rainbow
3. Flora
4. Pretty Mary
5. Puff
6. This Land Is Your Land
7. Man Come Into Egypt
8. Old Coat
9. Tiny Sparrow
10. Big Boat
11. Morning Train
12. A'soalin'



             



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