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1971 Mandrill
1972 Composite Truth
1973 Just Outside Of Town

MANDRILL - Mandrill (1971)
Par LE KINGBEE le 23 Avril 2022          Consultée 894 fois

Fondé milieu 1968 par Lou, Carlos et Ric Wilson, trois frangins d’origine panaméenne, MANDRILL fait partie des nouveaux noms du registre Funk Psyché à l’orée des seventies. Contrairement à certains de leurs homologues de l’époque (FUNKADELIC, SLY & The FAMILY STONE, Instant Funk) ce septet de multiinstrumentistes privilégie non pas les acides et le PCP mais des influences venues des Caraïbes et d’Amérique Centrale.

Basé au nord de Brooklyn dans le quartier du Bed-Stuy, Mandrill va longtemps étonner la scène musicale par ses tenues colorées, en droite ligne avec la mode hippie et l’underground Psychédélique de la Big Apple. C’est d’ailleurs à ces colorations extravagantes que le groupe doit son nom, certains fans et groupies ayant fait le rapprochement avec le primate du même nom, un animal chez lequel la hiérarchie familiale tient aussi un rôle prépondérant.

A peine deux ans après sa création, la formation décroche un contrat avec Polydor qui place le septet sous la houlette de Beau Ray Fleming, un producteur débutant qui vient de collaborer avec Victor Brady, un chanteur percussionniste originaire des Iles Vierges.

Enregistré durant l’hiver 70 à l’Electric Lady Studio, cet éponyme nous expédie rapidement dans de multiples directions. "Mandrill", titre d’ouverture, avec son coup de gong, ses bongos, congas et son nappage d’orgue nous renvoie à mi-chemin entre le "Soul Sacrifice" de SANTANA et le "Freedom Rider" des anglais de TRAFFIC, la flûte stridente diffuse une connotation avec celle de Chris Wood. En milieu de morceau, le vibraphone et les percussions nous offrent une belle invitation au voyage. Changement total de cap avec "Warning Blues", un Blues Rock tendance hippie dans la lignée de la Holding Company. La guitare comme le chant s’affirment par rapport à la piste précédente, même si on ne sait pas très bien où le primate veut nous emmener.
Si vous comptez sur "Symphonic Revolution" pour vous remettre sur la bonne route, c’est loupé. Avec une douce enveloppe de flûte, de tendres arpèges de gratte, on est entrainé en pleine balade psy, jusqu’à ce qu’un florilège de cordes, qu’on pourrait croire sorti tout droit de l’orchestre de Ray Conniff ou de Frank Pourcel, ne vienne ponctuer le morceau Un vrai tourbillon entre Philly Sound et ambiance latino entre Psy et Rétro. "Rollin’ On", titre dépassant les 7 minutes, risque de vous perdre définitivement. S'il débute jusqu’à sa moitié sur un tempo Rock dans la lignée de Santana, le groupe bifurque brutalement vers un mélange de Salsa et de Cumbia, deux registres certes entrainants mais nous prenant à rebrousse-poil, le titre s’achevant sur une sorte de transe proche d’une rave religieuse chantée avec ferveur. Les frères Wilson nous offrent une sacrée sarabande de cuivres avec une trompette, un bugle et un saxophone en folie. C’est bien, mais ça ne fait pas avancer le Schmilblick et si on se retrouve parfaitement dépaysés, on est de plus en plus paumés.

La face B se compose de deux morceaux. "Peace And Love (Amani Na Mapenzi)" se dévoile comme une chanson concept divisée en cinq parties. Ces cinq mouvements d’une durée différente portent tous un nom (Birth – Now – Time – Encounter – Beginning) mais nous entrainent tous vers un sceptre musical incroyablement large.
A l’heure où ces modestes lignes apparaitront sur le site, certains verront une certaine ironie entre les paroles de ces cinq mouvements et les évènements tragiques se déroulant en Ukraine. "Birth" nous entraine vers un kaléidoscope étrange entre musique expérimentale et un instrumental Psyché qui réussit la gageure de nous plonger entre un sentiment d’inquiétude et des passages de sérénité. "Now" nous emmène sur un chemin de traverse capable de désorienter la meilleure boussole. Si le combo débute sur une mixture de Jazz Rock entre IF et WEATHER REPORT, il poursuit nous immergeant dans une sorte de psaume hippie dans lequel le thème principal (Peace and Love) revient fréquemment avec ardeur.
"Time", le troisième mouvement totalement instrumental change encore de cap ; une flûte persistante et le vibraphone nous immerge entre Jazz Prog, Fusion et Free Psyché. Puis arrive le chapitre le plus important de cette étrange litanie avec "Encounter", le mouvement le plus long avoisinant 6 minutes durant lesquelles les paroles flirtent entre mysticisme ambiant, récits bibliques, apocalypse, avenir de l’humanité, bonheur et paix: "Ever since this world of ours began - Man’s been killing off his fellow man, yeah - As he waves flags and symbols saying 'Peace to all mankind'...". Si certaines strophes restent marquées par le sceau d’une certaine naïveté, elles correspondent aux standards et préoccupations de l’époque. Curieusement appelé "Beginning", le dernier mouvement demeure sans grand intérêt. Porté par des percussions quasi tribales, les frères Wilson se contentent de répéter plus d’une trentaine de fois Peace Love ce que n’importe quel cul-terreux aurait bien assimilé au bout de cinq fois. L’album s’achève sur "Chutney", une balade instrumentale aux influences Psy et Latino marquée par une flûte qui aurait presque des effets sophrologiques.

Ce premier disque partant dans de multiples sens parfois parmi les plus inimaginables s’avère aujourd’hui pas forcément bien dégrossi, mais reste annonciateur de la secousse sismique que produiront bientôt "Mandrill Is" et surtout "Composite Truth". Si certains textes peuvent maintenant prêter à sourire et si les sonorités partent souvent dans n’importe sens sous couvert de multiples influences, ce premier jet se classa en son temps à la 27ème place du Billboard R&B. Polydor tenta bien d’allumer la flamme via trois singles, mais faute de promotion et d’un manque d’apport, les trois microsillons ne révolutionneront pas l’industrie du disque. Si le second et troisième opus du groupe recueilleront les éloges de la critique internationale, ce disque aura laissé quelques reliques de son passage via une pochette sortant de l’ordinaire. Si tout n’est pas bon avec des orientations et des colorations trop bigarrées, ce collectif latino-new-yorkais dessine un honnête brouet de Funk seventies se situant au bord de la Fusion et du Jazz Rock tendance Psy. A ranger entre SANTANA, If, BLOOD SWEAT & TEARS et Instant Funk. Si les tiroirs du Jazz Rock et du la Funk conviennent parfaitement à ce disque, celui-ci sera rangé dans la colonne de la Soul. Note réelle 2,5.

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- Carlos Wilson (chant, flûte, trombone, guitare)
- Louis Wilson (chant, trompette, bugle, percussions)
- Ricardo Wilson (saxophone, percussions, chant)
- Claude Cave (claviers, vibraphone, percussions, chœurs)
- Omar Mesa (guitare, percussions, chœurs)
- Bundy Cenac (basse, percussions, chant)
- Charles Padro (batterie, percussions, choeurs)


1. Mandrill
2. Warning Blues
3. Symphonic Revolution
4. Rollin' On
5. Peace And Love (amani Na Mapenzi)
6. -movement I (birth)
7. -movement Ii (now)
8. -movement Iii (time)
9. -movement Iv (encounter)
10. -movement V (beginning)
11. Chutney



             



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