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MEMPHIS SOUL  |  LIVE

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Ann PEEBLES - Live In Memphis (2022)
Par LE KINGBEE le 29 Mai 2022          Consultée 726 fois

Si vous n’avez pas eu la chance d’assister à un concert d’Ann PEEBLES, brillante chanteuse native de Saint Louis ayant mis le feu aux scènes de Memphis, voici un excellent exercice de rattrapage. Ne tournons pas autour du pot, ce Live capté au Peabody Hotel le 7 février 1992 lors d’une soirée "An Evening Of Classic Soul" avec la Hi Rhythm Section (orchestre attitré du label Hi de Willie Mitchell) constitue un Must.

Alors que la décennie voit les arrivées de TLC, groupe estampillé New Jack, de Ce Ce Peniston une ancienne Miss Black Arizona œuvrant dans la House Music et que Michael Jackson triomphe avec « Black Or White » (titre qui posera plus tard question), d’anciennes gloires des années 70 ayant survécu à la vague Disco prouvent qu’elles sont toujours là à une époque où l’Industrie du disque se complait entre médiocrité, manque créatif, surenchère visuelle et un rapport avec l'audimat et les billets verts devenu obsessionnel.

Enregistré par le regretté Tommy Hill ancien chanteur producteur de l’écurie Starday, nous devons ce Live à David Less, patron du label Memphis International Records. Comme il l’annonce au dos de la pochette, David avait organisé ce show alors qu’au même moment Michael Bolton se produisait à la Pyramid Arena de Memphis devant plus de 18000 spectateurs. Si le producteur perdit alors un sacré paquet de dollars dans l’opération, cela lui servit de leçon et de base pour ses futures productions et jamais il ne regretta d’avoir fait appel à Ann Peebles.

Introduite par un chauffeur de salle qui mouille son maillot, Ann Peebles débute son concert tout en douceur avec "If I Can't See You", titre figurant dans l’album "The Handwritting Is On The Wall". Par rapport à la version studio, Ann fait preuve de charisme, n’hésitant pas à interpeller l’assistance, elle fait savoir qu’elle est bien la reine de la Soul de Memphis. Si Little Johnny Taylor avait contribué à populariser "Part Time Love", une tuerie Soul Blues de Clay Hammond et si Little Milton, Johnnie Taylor ou Clarence CARTER s’étaient révélés de bons repreneurs, on conviendra qu’Ann Peebles aura aisément mis les choses au point avec sa version plus enjouée que celles de ses collègues masculins. On peut se demander si la force et le principal intérêt de ce Live ne consiste pas dans l’incorporation de titres méconnus à l’image de "Didn’t We Do It", morceau figurant sur "Call Me" et qui s’avère plus intense en public.

Au rayon des succès, Ann nous offre de superbes relectures à l’instar de "I Feel Like Breaking Up Somebody’s Home", une compo d’Al Jackson batteur de l’écurie Stax et de BOOKER & The MG’S. Si le morceau a connu de bonnes reprises dédiées au Blues (Albert KING, Phillip WALKER, Magic SLIM ou Jimmy JOHNSON) on reste attaché au premier jet d’Ann, malgré les tentatives d’Etta JAMES ou Bonnie Lee ou des efforts plus récents de Joe BONAMASSA guitariste trop démonstratif ou de Lisa Bassenge dont la version Jazzy perdait toute notion de groove. On appréciera comme il se doit "I'm Gonna Tear Your Playhouse Down", reposant sur une orchestration moins clinquante que la version studio. Une version qui relègue à des années-lumière la reprise de Paul YOUNG et qui consacre le talent d’Earl Randle, brillant auteur compositeur affilié à Hi Records. Autre petite pépite de Randle, "I Didn’t Take Your Man" part sur des bases moins élevées que la version studio, l’intro entre spoken song et chant plaintif permet d’ajouter une touche dramatique et Ann Peebles a assez de charisme et de métier pour faire déborder la mayonnaise de son bol sans donner le moindre coup de fourchette. Au niveau des paroles, Peebles parvient à construire une vraie trame à partir d’une liaison extraconjugale téléphonique. Une version bien supérieure au niveau de la production que celle de Gwen McCrae.

La frontière entre la Soul et la Country est parfois aussi mince qu’une feuille de papier à cigarette. "(You Keep Me) Hangin’On" * ♯ une compo de Buddy Mize et Ira Allen, deux péquenots installés en Californie, aura fait le bonheur de nombreux chanteurs et chanteuses Country (The Gosdin Brothers, Conway Twitty en duo avec Loretta Lynn, CHER ou Barbara Mandrell) avant que Joe Simon ne la transforme en un bon Country Soul. Ann Peebles en délivre encore, selon nous, une bien meilleure version conjuguant une atmosphère d’église et un décor Soul plein de délicatesse renforcé par la justesse des chœurs.
Œuvre de Don BRYANT et d’Ann Peebles (couple à la ville), "Let Your Love Light Shine" se révèle légèrement plus dynamique que la version studio, les chorus interprétés par David Hudson apportent le petit plus qui transforme une bonne pièce en un bijou d’exception. L’album se termine avec "I Can’t Stand The Rain" l’un de ses plus grands succès, pouvait-il en être autrement ? Dès les premiers accords de guitare et de claviers, le public applaudit à tout rompre avant de se réfugier dans un silence quasi religieux pour cette petite merveille d’intemporalité. Aujourd’hui encore on se laisse surprendre par cette pluie fine qui nous trempe les os, nous démoralise en nous rappelant une douce période, celle ou on partageait un amour heureux : "I can't stand the rain, against my window - Bringing back, sweet memories - Tell me, do you remember ? - How sweet it used to be - When we were together… ". Un morceau souvent repris mais rarement égalé, même si Eruption transforma la chanson en un hit planétaire aussi fructueux qu’un lingot d’or pur, mais aussi vide qu’une coquille d’œuf.

Publié trente ans après les faits, ce Live rend hommage à l’une des plus brillantes interprètes du Memphis Sound. Si David Less a probablement perdu un peu de maille dans cette affaire, il doit aujourd’hui être comblé d’avoir produit Ann Peebles et ainsi garder précieusement ses bandes. Le répertoire constitué uniquement par du surmesure allie grands succès et titres moins connus. A signaler aussi la quintessence de la Hi Rhythm Section, l’un des meilleurs orchestres de la planète Soul avec ceux de la Stax et de FAME Records, mais il s’agit là d’un avis personnel. Un disque en public sans le moindre déchet qui permettra aux auditeurs n’ayant jamais vu Ann Peebles de se faire une idée sur ses qualités d’interprète.



*Le titre existe aussi sous l’intitulé « Just Enough To Keep Me Hangin' On ».
♯Titre homonyme à ceux des Supremes et de JJ Cale.

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- Ann Peebles (chant)
- Thomas Bingham (guitare)
- Leroy Hodges (basse)
- Charles Hodges (claviers)
- Howard Grimes (batterie)
- John Sangster (saxophone)
- Anthony Royal (trompette)
- Dennis Bates (trombone)
- Tina Crawford (chœurs)
- David J. Hudson (chœurs)


1. If I Can't See You
2. Part Time Love
3. Didn't We Do It
4. I Feel Like Breaking Up Somebody's Home
5. I'm Gonna Tear Your Playhouse Down
6. I Didn't Take Your Man
7. (you Keep Me) Hangin' On
8. Let Your Love Light Shine
9. I Can't Stand The Rain



             



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