Recherche avancée       Liste groupes



      
POST-ROCK  |  E.P

L' auteur
Acheter Cet E.P
 



QUINTESSENCE - Au Temps Perdu (2022)
Par WATCHMAN le 17 Octobre 2022          Consultée 1386 fois

Quatre années après la parution de leur premier E.P, voilà que nos amis lyonnais de QUINTESSENCE refont parler d’eux. Un retour aux affaires plus qu’attendu par les amateurs d’ambiances aériennes et de riffs célestes qui, comme votre serviteur, étaient restés un peu sur leur faim après l’excellente (mais néanmoins trop courte) mise en bouche que représentait Demain, après la Lune.
Après avoir exploré le concept de l’espace, le duo s’attaque cette fois-ci à un autre thème très apprécié des artistes : le temps. Alors Au temps perdu sera-t-il le disque qui fera passer un cap au groupe ? Ou bien s’inscrira-t-il simplement dans la continuité de leur progression musicale ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre.

Le morceau éponyme ouvre les hostilités avec un riff dans le plus pur style sabbathien qui ne tarde pas à être suivi par de magnifiques envolées aériennes. La compo est belle, variée, chiadée et fait admirablement le lien avec "Libération", titre qui concluait la galette précédente. Portée par son titre symbolique, "Au temps perdu" illustre la vacuité de la quête proustienne, sa démesure et surtout son éternel inachèvement. Le jeu de batterie de Lucas Goudard, tout en toucher et en souplesse, alterne tantôt la subtilité tantôt la puissance et propulse d’ores-et-déjà cette track au firmament du répertoire de QUINTESSENCE.
"Soir de pluie" arrive ensuite dans une ambiance plus feutrée et intimiste. Ce titre aux forts relents d’Alcest contient la première véritable surprise de ce disque, à savoir quelques lignes vocales interprétées en scream par Dylan. L’effet ressenti en est l’exacerbation d’une mélancolie urbaine, d’un sentiment de rage canalisé au moyen d’une énergie libératrice et salvatrice. Un ajout audacieux qui surprend à la première écoute, avant de parvenir à s’insérer le plus naturellement du monde parmi les ingrédients de la recette désormais utilisée et servie par le groupe.
Placée judicieusement au milieu du programme, "Aube nouvelle" constitue le plus long morceau de l’opus. Une composition fleuve de plus de huit minutes où le duo exploite tout ce qui fait sa force et son identité depuis le début. Introduction douce, montée en intensité mélodique qui sait en même temps développer l’ambiance, utilisation pertinente des breaks, tout est bien à sa place et parfaitement exécuté. Oui mais… Parce qu’il y a malheureusement un mais : tout cela respire un peu trop la zone de confort. Sur les cinq compositions inédites que comporte cet E.P, elle demeure la seule à m’avoir procuré très peu voire aucune émotion au fil des écoutes. Je n’irai pas jusqu’à parler de pilotage automatique mais, au-delà de sa qualité intrinsèque, ce titre fait juste moins mouche que les autres et c’est le simple constat de l’auditeur exigeant que je suis.
Heureusement, l’intérêt se ravive rapidement dès les premiers instants de "1986" à l'intro inquiétante et à l’utilisation de samples de conversations en ukrainien. L’indice géographique ainsi que l’année ont certainement titillé les plus avisés d’entre vous qui ont reconnu l’allusion à la catastrophe de l’usine de Tchernonyl. La composition est une vraie réussite, même si au vu du thème qu’elle exploite l’atmosphère qui s’en dégage aurait peut-être mérité un traitement sonore un peu plus sombre et oppressant. Mais c’est vraiment pour chipoter.
Puis, c’est déjà au tour de "L’inexorable" de conclure ce disque. Jolie pièce de plus de six minutes dans la veine de ce que sait nous proposer un Russian Circles des grands jours. L’utilisation de chœurs au début du morceau confère une aura légèrement spirituelle et délicieusement appréciable, avant que le maelstrom des guitares ne vienne achever la nouvelle épopée sonore à laquelle nous a convié QUINTESSENCE.
Inexorable comme l’est le temps, la ressource la plus précieuse que nous possédons. Inexorable car on ne peut s’y soustraire. Il est en effet impossible de l’inverser et encore moins de l’arrêter. Inexorable comme mon jugement sur ce disque, auquel vous ne pourrez pas non plus échapper.

Petit à petit, l’oiseau fait son nid. QUINTESSENCE grandit et progresse. Avec Au temps perdu, il ajoute une nouvelle pierre de choix à l’édifice post-rock qu’il s’emploie à ériger. Dans ma précédente chronique, j’avais dit que j’attendais beaucoup plus de ce groupe et je dois avouer que sur ce point j’ai été largement exaucé. On ressent vraiment à l’écoute de ce nouvel effort studio que ce dernier a franchi un palier, tout en polissant les bases déjà posées en 2018. Cela saute véritablement aux yeux (ou plutôt aux oreilles). Le style est bien plus maîtrisé, les influences beaucoup mieux digérées et des idées y sont même testées. Il en résulte un son beaucoup plus personnel et affirmé.
J’aimerais d’ailleurs souligner à ce sujet la qualité de la production, vraiment impeccable. Si le groupe a décidé d’enregistrer au même studio que pour leur précédent effort (Cafetière Studio, dans l’Ain), le mixage et le mastering ont cette fois été réalisés du côté de Gdansk en Pologne par Maciej Dawidek (alias Widek), musicien renommé sur la scène post-rock atmosphérique et aussi djent.
Les heures de travail et l’autocritique ont payé. QUINTESSENCE tient entre ses mains un magnifique nouvel E.P qui devrait sans nul doute lui constituer une parfaite carte de visite pour continuer à se faire connaître et à s’établir au sein d’une scène post-rock où il n’est pas évident de s’imposer.
Pour eux, le temps n’est pas perdu. Il est bel et bien venu.

Lorsque le soleil se lèvera
La brume s’éclaircira
La pluie s’arrêtera
Nous verrons enfin
L’aube se lever…

A lire aussi en POST-ROCK par WATCHMAN :


FÉROCES
Paul (2019)
Sortir par la grande porte




FÉROCES
Joséphine (2018)
Ange gardien du rock ?


Marquez et partagez







 
   WATCHMAN

 
  N/A



- Dylan Aramini (guitare, basse, samples, vocaux)
- Lucas Goudard (batterie)


1. Au Temps Perdu
2. Soir De Pluie
3. Aube Nouvelle
4. 1986
5. L'inexorable



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod