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2025 Nyxana

E.P

2018 Demain, Après La Lune....
2022 Au Temps Perdu

QUINTESSENCE - Nyxana (2025)
Par WATCHMAN le 20 Janvier 2025          Consultée 921 fois

Voilà un peu plus de deux années que Quintessence nous avait gratifiés de sa dernière offrande en date. L’EP Au temps perdu, deuxième volet d’un diptyque qui abordait respectivement les thématiques de l’espace et du temps, témoignait à l’époque de la progression fulgurante du groupe dans sa capacité à proposer une musique toujours plus élaborée et ambitieuse. Force est de constater que le duo lyonnais persiste et signe dans cette voie et nous présente par la même occasion son tout premier véritable album, le bien nocturnement nommé Nyxana.

Si les riffs de guitare célestes très typés post rock font toujours partie de la signature musicale du combo, celui-ci a nettement assombri (et à certains moment même durci) son propos pour revenir ni plus ni moins avec son disque le plus violent à ce jour.
Après une introduction où la guitare égrène des notes à la façon d’une boîte à musique et où la batterie reproduit le bruit d’un mécanisme d’horlogerie, établissant par ailleurs un lien direct avec le thème du disque précédent, Dylan envoie un riff heavy qui donne le ton général de l’album. La nuit sera le concept dont les huit compositions seront les dépositaires. Une nuit peuplée d’esprits, de souffrances et de doutes mais où l’espoir, bien que flou et incertain, existe néanmoins et revêt pour l’occasion les atours de la déesse personnifiant les heures ténébreuses. Bienvenue dans l’univers de Nyx-Ana…

Aux premières lueurs, Nyx s’éveille mais l’obscurité l’étreint
Des démons surgissent et bloquent son chemin

Autant mettre tout de suite les pieds dans le plat, ce nouvel opus est une magistrale évolution dans la discographie du groupe autant qu’il acte une réelle rupture avec les deux premiers EP. Le titre Soir de pluie (qui a d’ailleurs bénéficié d’un clip) avait créé un précédent il y a deux ans en intégrant pour la première fois des vocaux screamés à la musique jusque-là de tradition plus instrumentale pratiquée par le duo. Cette fois-ci, ces derniers poussent la démarche encore plus loin en posant carrément des voix sur la totalité des titres de l’album. Si Dylan se charge toujours des parties les plus extrêmes, Lucas passe à son tour derrière le micro pour apposer un chant clair, posé et mélodique. Ses interventions, sporadiques mais toujours justes et bien senties, agissent comme des moments de respiration dans des compositions où les émotions tourmentées livrent bataille à un espoir fragile et fuyant. À noter également la présence d’un chant féminin sur l’avant-dernier titre, Ana. Un ajout inattendu, mais qui au vu du contexte introspectif de l’album et des thèmes à la fois mélancoliques et ambivalents qu’il véhicule s’avère être finalement une idée extrêmement pertinente.

L’espoir comme un adage chevillé au corps
La lutte ne peut que se faire sans remords
Sur un bateau qui vogue sans fin
La raison lui apparaît sous un voile de lin

Du point de vue strictement musical, le duo repousse ses limites, lâche les chevaux et livre sans aucun doute sa meilleure prestation en studio à ce jour. Tranchantes autant que subtiles, pesantes tout en parvenant à distiller des ambiances aérées et planantes (Fleuve, Rédemption), les guitares abattent un boulot dantesque pour dresser le décor d’un royaume ténébreux et nocturne. Puissante tout en sachant se montrer douce, furieuse autant que mesurée, la batterie dicte le tempo d’une nuit chargée aussi bien de tensions sournoises que d’espoirs apaisants. La polyvalence du jeu de Lucas n’est contrebalancée la plupart du temps que par une science accrue des percussions et sa capacité aussi désarmante que désarçonnante à pouvoir envoyer sans prévenir un blast beat qui vous cloue sur place (Réveil, Violence). Si l’aspect progressif/évolutif fait toujours partie intégrante de la recette du duo (Ana, Nyxana), celui-ci sait désormais se montrer beaucoup plus tueur par instants pour surprendre l’auditeur et créer des contrastes forts dans les récits musicaux qu’il se plaît à nous narrer. J’en veux pour preuve le morceau Sans s’avouer vaincu, où le côté metalcore cher au groupe ressort dans la partie centrale et renvoie par moments à une version beaucoup plus mature du titre Demain, présent sur le premier EP. J’affinerais encore davantage mon propos en précisant que c’est le disque où les influences principales du combo se font les moins perceptibles. Signe que ce dernier parvient à trouver peu à peu sa patte artistique, qui lui permettra sûrement de se démarquer encore davantage au sein d’un vivier de formations qui rivalisent toujours plus de trouvailles et de créativité pour se faire un nom.

En matière de production sonore, Quintessence a choisi pour ce disque charnière dans sa jeune histoire d’en confier la réalisation au Français Louis Delort. Celui-ci leur a concocté un son aux petits oignons qui rend ainsi parfaitement hommage à tous les instruments. Mention spéciale pour les drums qui n’avaient encore jamais bénéficié d’une telle profondeur sonore. Seul bémol peut-être mais vraiment très minime : la voix screamée parfois un peu trop mixée en retrait et pas toujours ultra compréhensible. Mais c’est vraiment pour chercher la petite bête à cette hydre à deux têtes pensantes.

Dans un ultime élan salvateur
Contre lui et ses terreurs
Nyxana se révèle et triomphe de ses peurs

En conclusion, notre duo hausse encore son niveau de jeu et nous balance un premier album réfléchi, mature et déjà extrêmement abouti. Au vu de la grande place laissée au chant, on ne peut évidemment et dorénavant plus parler de post rock/post metal instrumental mais plutôt de post metal évolutif, dans la lignée de formations telles que Brutus ou encore Svalbard. Un disque qui risque de diviser. De créer quelques petits schismes au sein d’un public si friand d’étiquettes musicales. Entre les conservateurs d’un post rock de tradition instrumentale et les auditeurs plus ouverts d’esprit convaincus que tout, y compris leur style de prédilection, est sujet au changement, le débat risque d’être passionnant. Dans ma dernière chronique à leur sujet j’avais laissé entendre que pour Quintessence le temps n’était pas perdu mais bel et bien venu. Je réitère ces mêmes propos autrefois écrits et scruterai avec grand intérêt ce que l’avenir pourrait leur réserver. Il est de coutume de dire que c’est à la fin du bal que l’on paie les musiciens. Alors en attendant embarquons sans plus tarder pour la chevauchée nocturne à laquelle nous convie le groupe car ce Nyxana a tout du disque capable de faire oublier, le temps d’une écoute, le souvenir tenace d’un jour qui jadis nous a nuit.

Note réelle : 4,5/5

“La nuit est plus pure que le jour. Elle est meilleure pour penser, aimer et rêver. La nuit, tout est plus intense, plus vrai.”
William Shakespeare

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   WATCHMAN

 
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- Dylan Aramini (guitares, basse, claviers, chant scream)
- Lucas Goudard (batterie, percussions, chant clair)


1. Réveil
2. Violence
3. Fleuve
4. Sans S'avouer Vaincu
5. Rédemption
6. Les Vapeurs Du Soir
7. Ana
8. Nyxana



             



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