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DONOVAN - Mellow Yellow (1967)
Par LE KINGBEE le 24 Juillet 2023          Consultée 789 fois

DONOVAN a tout juste vingt ans quand il enregistre son quatrième opus, ce qui en dit long sur son aptitude et sa précocité à composer. Enregistré à Londres entre septembre et octobre 1966 sous la houlette du producteur Mickie Most, l’album est porté par le succès du single de sa chanson titre parue dès octobre 66. Il faudra attendre mars 67 pour que l’album apparaisse dans les bacs des disquaires américains. Suite à des problèmes contractuels, les States pratiquant une politique hautement protectionniste, le disque ne sortira en Angleterre que bien plus tard et dans une production tronquée.

Avec Mickie Most aux baguettes, cet album ne diffère pas radicalement de Sunshine Superman, selon nous le chef-d’œuvre du barde écossais. En fait, à l’époque à l’instar de toute la jeunesse, Donovan passe par plusieurs caps ; on le retrouve tour à tour dans un rôle de troubadour dans une veine Folk, puis hippie dans un registre Acid Folk, beatnick sexy faisant craquer la gente féminine, avant de se transformer en chanteur Pop et pour finir tomber dans la marmite Jazz Vocal. Si Most est bien présent à la production, ce sont les arrangements de John Cameron qui frappent le plus les esprits. Pianiste de Jazz précoce, Cameron se fera remarquer plus tard au sein du groupe Collective Consciousness Society (CCS) en compagnie de Most et d’Alexis Korner et dans la composition de musique de film.

A l’image de sa précédente galette, Donovan écrème quelques ballades Folk imprégnées de quelques zestes Psyché. Si "Writer In The Sun" évoque une romance que son auteur souhaiterait durable et solide, le barde en profite pour nous glisser un sentiment de lassitude à peine déguisé envers l’industrie du disque et de ses diktats financiers et juridiques. "Sand And Foam" * distille à travers un délire poétique son lot de tristesse. Si le texte n’a apparemment rien à voir avec le livre du même nom de Kahlil Gibran, il est possible que le chanteur se soit inspiré par une esquisse du poète libanais. Composé plus d’un an avant, "House of Janch" est en fait le troisième hommage à Bert Janch et PENTANGLE. Si les paroles peuvent aujourd’hui paraitre naïves ou utopiques, la mélodie impulse une atmosphère plus enjouée. "Young Girl Blues" se déguste sous la forme d’une ballade Folk Bluesy mélancolique un peu dans la lignée du VELVET UNDERGROUND. La chanson fera l’objet de plusieurs reprises mais hormis l’essai de Marianne FAITHFULL, beaucoup se casseront les dents sur un titre pourtant relativement simple, à commencer par Sammy Hagar et Sweet Linda Divine. Chez nous autres, la chanteuse Zouzou égérie des sixties et ex petite amie de Brian Jones, l’a adapté avec "Ce samedi soir", une interprétation lorgnant désespérément sur Françoise HARDY et Claudine Longet. "Sunny South Kessington" prend un accent plus intimiste et demeure comme l’unique piste dans laquelle apparait le sitar de Shawn Phillips. Folk Psyché par excellent avec claviers aux intonations Vox, le texte évoque le quartier bourgeois où se situent le Royal Albert Hall et de nombreuses ambassades. Alors que Dylan aurait pu citer Jack Kerouac, Berthold Brecht ou Allen Ginsberg, le troubadour invoque Mary Quant, l’une des instigatrices de la minijupe, et Jean Paul Belmondo. Chacun voit midi à sa porte.

Au rayon des titres patinés de Jazz, "The Observation" a bien du mal à convaincre malgré son intro délicate de contrebasse, fort heureusement la chanson ne s’éternise pas. Le registre Jazz ne correspond guère, d’après nous, au registre de l’écossais. Le troubadour se transforme en crooner séducteur sur "Bleak City Woman", si le texte reste comme bien souvent très abstrait, voire farfelu, l’orchestration s’éloigne du pré carré Folk.

Sur un texte sibyllin, "Museum" vient se ranger dans le rayon d’une Pop au parfum Psyché avec des intonations proches des BEATLES. Une curieuse rencontre dans un musée dont on a du mal à saisir comment elle va se terminer. Autre détour par la case Pop Psyché, "Hampstead Incident" s’annonce presque anecdotique, les montées de violons et les volutes de clavecin ne parviennent jamais à maintenir la moindre émotion, tandis qu’à la moitié du titre, Cameron penche subitement sur des arrangements mêlant Jazz et Baroque.

Terminons notre tour d’horizon avec "Mellow Yellow" qui ouvre les hostilités et donne son titre à l’album. Plus gros succès du disque, le single peut s’enorgueillir d’avoir atteint la seconde place des charts américains. Si les paroles demeurent des plus abstraites : "I'm just mad about saffron - She's just mad about me - They call me mellow yellow", la chanson suscita plusieurs interprétations : une rumeur prétendit que le fameux Mellow Yellow n’était en fait qu’une peau de banane séchée, ingrédient conjugué à du chanvre et du tabac devenant un produit hallucinogène à bas prix (rumeur qui selon Donovan aurait été colportée par Country Joe McDonald). Dans son autobiographie, l’Ecossais prétendait que le titre lui avait été inspiré par une publicité dans un journal vantant les mérites du Mellow Yellow, un vibromasseur. Mais plus sérieusement, certains pensent que le titre fait référence à la jaunisse dont fut victime le chanteur quelques mois avant de composer son hit. Le titre fait aussi figure d’intrus, il échappe à la main mise de John Cameron ; c’est John Paul Jones qui se charge de la partie arrangements, influant ainsi une sonorité Pop Psy parée d’une mélodie accrocheuse. Paul McCartney n'officie pas à la basse ni aux chœurs contrairement à ce que prétend une légende urbaine.

Si les rares plages Jazzy paraissent inopportunes, voire hors sujet, et si deux ou trois Folk s’avèrent mous du genou, Donovan parvient à rester sur la même mouvance que Sunshine Superman. Le chanteur dresse un portrait de la scène Folk et de la vie artistique de la seconde moitié des sixties. Un album de Folk Psyché annonciateur de l’éclectisme de cet excellent et influent auteur-compositeur.


*Titre homonyme à celui de Dan Fogelberg.

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- Donovan (chant, guitare)
- John Mclaughlin (guitare 1)
- Joe Moretti (guitare 1)
- Big Jim Sullivan (guitare 5)
- Erik Ford (guitare 10)
- John Paul Jones (basse 1)
- Danny Thompson (basse 3-4-6-8)
- Spike Heatley (basse 2-5-7-9-10)
- Phil Seamon (batterie 2-3-4-5-6-7-8-9)
- Bobby Orr (batterie 1-10)
- John Cameron (piano 4-5-10, orgue 10, harmonium 2-6, clavecin 10)
- Danny Most (saxophone 4-5)
- Ronny Ross (saxophone 4-5)
- Harold Mcnair (flûte 2-4)
- Pat Halling (violon 8)
- Shawn Phillips (sitare 10)


1. Mellow Yellow
2. Writer In The Sun
3. Sand And Foam
4. The Observation
5. Bleak City Woman
6. House Of Jansch
7. Young Girl Blues
8. Museum
9. Hampstead Incident
10. Sunny South Kensington



             



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