Trois ans après The Secretqui marquait son grand retour, Alan PARSONS nous propose From The New World qui cherche ostensiblement à renouer avec les grandes heures du ALAN PARSONS PROJECT. On sait le groupe définitivement enterré avec son co-fondateur Eric Woolfson décédé en 2009 et dont l’ombre plane sur ce nouvel opus. En effet, l’album évoque à tout moment tel ou tel morceau, tel ou tel passage des dix œuvres réalisées par les deux complices. Il serait d’ailleurs fastidieux de décrire en détail toutes ces correspondances : prêtez simplement l’oreille à l’intro de "Fare Thee Well" qui ouvre l’album et dites-moi si vous ne vous êtes pas sentis transportés vers "Sirius", grandiose intro de l’album Eye In The Sky.

Alan PARSONS nous propose tout au long des onze titres de l’album une pop teintée de quelques passages rock et quasiment rien de progressif, ce que je ne peux que regretter. Le savoir-faire du maître des studios se manifeste par une production toujours aussi incroyablement claire et léchée, alors que tous les ingrédients chers au Britannique sont bien présents : de multiples chanteurs invités, une batterie minimaliste mais parfaitement en place, de beaux solos de guitare (dont deux exécutés par le grand Joe BONAMASSA), quelques passages symphoniques, une absence de toute aspérité et de chouettes mélodies facilement mémorisables.
On trouve dans cet ensemble quelques très bons titres : "Fare Thee Well", belle mise en ambiance, "Urobos" un peu plus rock grâce au chant de Tommy Shaw (STYX) et à un bon solo, "Don’t Fade Now" au refrain très réussi, ou encore "You are the Light" joliment troussé avec sa rythmique un peu DIRE STRAITT et son refrain à deux voix. "Halos" est le morceau orchestralement le plus aventureux de l’album. Il est doté dans son intro d’une guitare en mode "Eye of The Tiger", et ses développements évoquent souvent certains des grands instrumentaux du A.P.P. Mais ma préférence va à "The secret", petite merveille pop-rock joliment introduite par un bel arpège de guitare suivi de quelques notes de sitar (ou plutôt apparemment du Swarmandel) posées sur un joli couplet, avant un superbe refrain digne des grands titres du PROJECT et un passage instrumental à la guitare comme on les aime.

Si aucun des morceaux non cités n’est désagréable, la fin de l’album en revanche laisse à désirer : "Goin Home" est une sorte de comptine de Noël ampoulée et anecdotique, alors que "Be My Baby", reprise de THE RONETTES évoque "Lucifer" avec ses castagnettes mais n’apporte strictement rien dans un tel contexte.
Que penser finalement de cette œuvre ? On retrouve avec plaisir les sonorités et la patte qui nous ont tant enchantés durant des décennies. Mais si le savoir-faire et les recettes perdurent, et dieu sait qu’Alan en possède plus que quiconque, force est de constater que l’inspiration est une invitée versatile et qu’elle a ici probablement un peu boudé le grand compositeur-producteur.
Le résultat est donc plutôt agréable, quoiqu’un peu mou, mais ne décolle réellement que très rarement, et encore souvent par l’évocation des succès passés.
Alan PARSONS a l’air motivé pour continuer les tournées avec ce matériel, et nul doute que les shows seront de grands moments (je vous conseille vivement d’ailleurs le superbe Live in Columbia sorti en DVD que je chroniquerai prochainement). Ne nous privons donc pas de prolonger les moments de bonheur offerts par ce grand artiste tout au long de son exceptionnelle carrière.

Note finale 2,5 arrondie à 3 (oui, je l’aime).