Voici le retour tant attendu des soeurs Söderberg depuis près de quatre ans, et pour nous prodiguer mieux que des "premiers soins" en ces temps troublés. La renommée de FIRST AID KIT est devenue planétaire grâce à "My Silver Lining", diffusée quasi quotidiennement et en diverses régions grâce à la publicité pour Renault Kadjar. Le tandem suédois jouit donc de la célébrité en plus de ses charmes distillés depuis 2010.

Si certains peuvent toujours déplorer la texture ample et les moyens luxueux des productions les plus récentes et notamment de Stay Gold (2014), il faut compter sur ce dernier album, Ruins et sur la présence de ce bon Peter Buck (ex-R.E.M.), co-réalisateur de l'ensemble. La pochette sombre tranche cependant avec le bleu éclatant du disque antérieur. Klara et Johanna regardent dans des directions différentes, mais semblent inévitablement proches. La rançon du succès !

Cet album est-il forcément beaucoup plus sombre ? Certes, il parle de tentations et de relations impossibles avec un fort à-propos et un goût de vécu, mais c'était déjà le cas auparavant, ne serait-ce que "A Long Time Ago", merveille lacrymale qui fermait Stay Gold en vous serrant le coeur, si jamais vous avez déjà croisé l'amour de votre vie. Il n'est pas incongru de ressentir une pointe de déception lors de la découverte de Ruins qui, d'emblée, n'apparaît pas comme le meilleur album des Söderberg sisters... et ne le devient pas.

Il n'y a pas de chef d'oeuvre de FIRST AID KIT, rien de grave, mais on ne trouve que de très beaux disques et Ruins n'est pas en reste. Car en écoutant "Postcard", ballade country pure et pimentée par nos jolies Suédoises, ou alors le lancinant "Fireworks" porté par son shuffle "so haunting" (qui nous hante bien fort), on retrouve tous les éléments qu'on aime mais un peu différemment. Question de son, d'ambiance... "To Live a Life" pareil, avec son Mellotron et ses synthés qui se promènent. Et puis ce premier titre, si merveilleux !

"Rebel Heart" est un crescendo magistral, une montée en puissance qui pousse en avant les harmonies vocales de Johanna et Klara. On n'avait pas parlé du chant jusque là, car c'est en fait ici que tout commence et que tout pourrait s'arrêter. Au début séparées, les voix des belles se rejoignent sur la note tenue finale de la chanson, point culminant émotionnel incroyable, suivie d'un instrumental qui dynamise le morceau sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle. Du très grand art ! Un autre morceau qui calme d'un point de vue chant, c'est "My Wild Sweet Love".

"Distant Star" fait preuve d'une originalité peut-être moins seyante pour FIRST AID KIT, certains enchaînements mélodiques sonnant un peu abrupts, mais ce n'est pas la première fois. Vu qu'on a parlé de Peter Buck, on reconnaît aisément sa patte guitaristique trop peu estimée en général, et ça sonne comme le R.E.M. du milieu des années 90. Votre serviteur reconnaît également moins apprécier les arrangements des derniers titres, même si les contes de nos princesses restent forts, et pareil que pour "Rebel Heart", la montée bruitiste et instrumentale de "Nothing Has to Be True" est spectaculaire, un final digne de ce nom. Reste une perle à mentionner, "It's a Shame", du SPRINGSTEEN époque 2000-2010 jusqu'au bout des ongles.

La réécoute régulière de Ruins ne vient que confirmer l'impression de départ, en faisant ressortir un peu mieux tel ou tel morceau, mais sans que ce soit forcément le grand choc. Trois ou quatre joyaux en proue de l' ensemble agréable, c'est un niveau plus qu'honorable !