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FOLK éTHéRé  |  STUDIO

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2010 The Big Black & The Blue
2012 1 The Lion's Roar
2014 Stay Gold
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FIRST AID KIT - The Lion's Roar (2012)
Par MARCO STIVELL le 27 Février 2012          Consultée 3770 fois

Il y a comme un indice glissé dans ce titre. Lorsque l'on en a pris connaissance, et lorsque l'on voit la beauté de la pochette de ce second disque, on comprend à quel point les deux soeurs suédoises rêvaient de quelque chose de plus gros, de plus fort. Elles pouvaient se le permettre. Si leur premier vrai album pouvait encore se montrer timide par moments, leur reprise de Fleet Foxes diffusée sur Youtube leur a permis d'être invitées par ce dernier groupe lors d'un de leurs concerts en Europe, et de toucher ainsi un large public. Cet événement est un signe, autant que le fait de savoir que Klara et Johana ont encore grandi, donc mûri depuis The Big Black & the Blue, et peuvent rêver d'autre chose, aller plus loin.

Ce qui les pousse pour ce nouveau disque à quitter la Suède dans leur propos pour se déplacer de l'autre côté de la Baltique, par la Mer du Nord puis l'Océan Atlantique, pour arriver en Amérique. C'est un voyage, des automnes scandinaves à la clarté du jour dans les plaines du Midwest ou du grand Ouest des Etats-Unis, un peu tout ça à la fois selon la chanson. En tout cas, cette musique tour à tour froide et chaleureuse résonne comme jamais, d'une ampleur et d'une flamme viscérale jusque dans le chant qui en font l'une des meilleures surprises de ce début d'année, voire de cette année tout court.

Pour cela, le matériau musical de base n'a pas changé. Une fille à la guitare, une autre au clavier, quelques accords que tout le monde connait et deux voix puissantes à propos desquelles on peut aisément dire "elles savent chanter et c'est fabuleux, quoiqu'elles disent". Mais comme je vous l'ai annoncé, elles visent plus gros et donc le son lui aussi changé. La batterie est omniprésente d'une quelconque manière, parfois étouffée ou distante, parfois tribale ou en avant, et vise plus à faire sonner FIRST AID KIT comme un groupe que ce qu'ont pu révéler les opus précédents. Et nous allons voir aussi qu'il y a toute une palette de nouveaux sons, les anciens étant déjà tellement mieux diffusés qu'auparavant...

Ah ces ambiances "flûtées", ces mandolines sur des refrains aux tons crépusculaires, cette tendance à évoquer les grands espaces... C'est toute l'atmosphère de la première chanson, "The Lion's Roar", une merveille qui nous plonge dans un moment riche en dépit de sa simplicité toujours évidente. "Emmylou", sur un tempo country soft et saupoudré de pedal-steel guitare, nous ramène au temps des gloires des rois et reines Harris/Parsons, Cash et Carter, et à leurs histoires d'amour enflammées. Dans le même style un peu plus loin, "I Found a Way" impose une nappe de mellotron et quelques accords coulés avant de partir en une nouvelle savoureuse virée sudiste.

Sur l'enfantin "Blue", tous les temps de la pulsation deviennent forts, avec cette profusion de percussions, à peaux comme à lamelles et on retrouve le mellotron en fond. Les "la la la" harmonisés de "In the Hearts of Men" font penser plus que jamais à un chant de sirènes, enivrant. Sur le magnifique "This Old Routine", la pedal-steel s'octroie un solo fort à-propos. Plus simple que le reste, "New Year's Eve" repose sur un riff d'autoharpe. Mais là où l'alchimie des soeurs Soderberg et du son façonné par Mike Mogis (Bright Eyes, Jenny Lewis...) fonctionne le mieux, là où elle se rapproche le plus du génie des chers Fleet Foxes, c'est sur les trois titres restants. Leur folk devient encore plus éthéré sur "To a Poet", d'une grande délicatesse et où plâne un velouté d'harmonium, de clarinette basse et de violons alors que la batterie joue fort sur le final. "Dance to Another Tune", au début très sombre, mise sur un éclatement du son où jaillissent batterie lourde à nouveau, mais aussi orgue Hammond, cordes baroques et même des voix passées dans un effet aquatique. C'est néanmoins "King of the World" qui surprendra le plus, mêlant rythme calypso et cuivres mariachis, accordéon, mandoline, et pour la première fois, une voix masculine, celle de Conor Oberst (Bright Eyes). Aussi inattendu que grandiose !

De toute façon il est évident que ce disque, bien loin de nous conforter dans notre amertume courante comme quoi les nouveautés sont décevantes, prouve que c'est au contraire dans les moules les plus modestes que l'on fait ressortir les plus grandes orfèvres. The Lion's Roar est plus qu'un progrès considérable pour les soeurs Soderberg, il est l'émanation du talent d'un pays et d'une musique qui n'ont pas fini de nous étonner. On n'est décidément pas loin du chef-d'oeuvre !

Note réelle : 4,5

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1. The Lion's Roar
2. Emmylou
3. In The Hearts Of Men
4. Blue
5. This Old Routine
6. To A Poet
7. I Found A Way
8. Dance To Another Tune
9. New Year's Eve
10. King Of The World



             



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