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ACID HOUSE  |  E.P

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AFX - Analord 04 (2005)
Par SASKATCHEWAN le 4 Mars 2008          Consultée 4715 fois

Sorti le premier Mars 2005 sur le label Rephlex en compagnie de l’Analord 03, Analord quatrième du nom ne s’écarte pas d’un poil de la ligne directrice de la série : on fait de l’Acid-House à la mode d’il y a 15 ans, avec les mêmes machines, la même recette et surtout la même passion. Fonds de tiroirs ou nouvelle lubie nostalgique de Richard D. JAMES, nul ne le sait, mais après tout, 11 EP, une collaboration et plusieurs rééditions inattendues la même année, on aurait tort de bouder son plaisir.

Là, sortie de nulle part, petite parenthèse : il y a bien un truc que les Anglais ont de plus que les Français, c’est leur lecteur vinyle. Alors que l’hexagone s’est empressé de foutre en l’air ses vieilles platines sitôt la révolution Compact Disc annoncée, nos amis Anglo-Saxons ont prudemment gardé leur vieux matos, en tout cas pour un certain nombre d’entre eux. De sorte que de l’autre côté de la Manche, le vinyle est un support un peu moins obsolète que chez nous, en particulier quand on en vient à parler d’électro, avant tout grâce à la prolifération des DJ. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil aux sorties de Ninja Tune, Planet-Mu, Rephlex ou Warp, on sort presque systématiquement les nouveautés dans les deux formats, en ajoutant parfois une sortie cassette audio pour les plus atteints (CEEPHAX fait figure de chef de file de cette mouvance pro-antiquités musicales). Tout ça pour dire que loin d’être l’hérésie anti-moderniste que l’on croit, les Analords ne sont qu’un exemple poussé à l’extrême d’une approche différente du média selon le lieu ou le genre musical. Fin de la parenthèse.

Je m’étais juré de faire court en plus. Bon, toujours est-il que dans le cas bien particulier de l’Analord 04, le vinyle prend tout son sens. En effet, la symétrie entre les faces est ici la clef de voûte de l’œuvre : le 1A va avec le 1B et le 2A avec le 2B, un peu à la manière de ce qu’a décrit MONSIEUR N dans sa chronique de The Man-Machine de KRAFTWERK, c’est dire si le procédé est éprouvé par les autres géants de la musique électronique. Ainsi le premier titre de chaque face propose un thème Acid-House assez traditionnel tandis que le second titre rajoute un peu d’Ambient et de mélancolie dans la couscoussière, on pense notamment à « Where’s Your Gilfriend » présent sur l’Analord 01.

« Crying In Your Face » et « Halibut Acid » sont donc deux manifestes d’Acid-House comme AFX n’en faisait plus depuis la fin de la série des Analogue Bubblebath. Avec leur côté presque groovie, ces deux titres ressuscitent l’espace d’un instant dans mon petit cœur serré des œuvres improbables comme la BO du jeu MS-DOS des Blues Brothers, avec une ambiance urbaine décalée comme Richard D. James n’en avait pas produit depuis Come To Daddy (himself). L’aspect technologique de la musique ne doit pas non plus être négligé, la parole est avant tout aux vieilles machines d’autrefois et ça s’entend. On s’imagine allongé sur le sol froid d’une salle remplie d’oscilloscopes, de supercalculateurs et autres appareils en tout genre, les jauges multicolores de ces engins grisâtres battant la mesure tandis que les courbes lumineuses et bleutées ploient et se déploient au fil de la mélodie. Ô stupeur, on trouve enfin ce petit côté dansant que Rephlex et Warp se targuent de mêler à une musique plus expérimentale depuis 15 ans, avec des résultats sujets à caution.

Tout aussi évocateurs, « Home Made Polysynth » et « Breath March » donnent la part belle aux nappes de synthé sans éclipser totalement le bel éventail de boîtes à rythme déjà présent (le jour où Richard D. JAMES arrêtera la musique, il pourra toujours se reconvertir en conservateur de musée pour vieux appareils bons marchés, inventés par lui ou non). On prend plaisir à se laisser porter par ces complaintes grésillantes, sortes de rendu imaginaire de ce que les mélomanes d’Alpha du Centaure écouteraient en boucle pour faire passer une rupture (en supposant qu’ils soient monogames et qu’ils aient un mode de reproduction comparable au nôtre, ce dont je ne peux heureusement pas témoigner). La simplicité des mélodies évoque les pièces exécutées au piano de l’album Drukqs, sorti à peine quatre ans plus tôt.

Pourtant, Analord 04 n’est pas une réussite totale, avant tout parce qu’il n’échappe pas au défaut inhérent à chaque Analord. Bien que Richard D. James fasse montre d’une grande maîtrise dans l’élaboration de ses mélodies et dans la superposition des différents instruments, on sent bien que l’artiste est en mode pilote automatique depuis le début du millénaire. On cherche en vain la moindre trace d’expérimentation révolutionnaire, mais il semblerait que mon artiste préféré se cantonne désormais à quelques sursauts de nostalgie, en attendant qu’un autre prenne place sur son trône vide.

Au final, même si on peut être déçu du manque d’innovation de la série, Analord 04 en lui-même est un très bon EP qui s’écoute en boucle et qui s’avère être un des Analord les plus réussis, avec une qualité toujours constante et une ambiance agréable.

Titres présents sur Chosen Lords : « Crying In Your Face ».
Titres qui valent vraiment le coup : tous.

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- Richard D. 'afx' James (tout)


1. Crying In Your Face
2. Home Made Polysynth
3. Halibut Acid
4. Breath March



             



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