Connaissez-vous le poppers ? Inhalée, cette substance – en vente libre chez votre buraliste – provoque une légère euphorie, la sensation d'avoir la tête comme un ballon de rugby et une brève poussée d'énergie, comme incarnée par ce coquin d'Al Pacino dans La Chasse. En Australie, les kangourous appellent ça l'amyl, diminutif du 'nitrite d'amyle', principal composant dudit produit. Cette anecdote, qui vous permettra à n'en pas douter de briller en société, quelques-uns en avaient déjà entendu parler en voyant débarquer AMYL AND THE SNIFFERS sur la scène européenne en 2019 et ne se privent d'ailleurs jamais de le rappeler à tout le monde.

En 2019 donc, le groupe existe déjà depuis trois ans, a sorti quelques EPs relativement passés inaperçus sous nos latitudes et vient alors de signer chez Frightless, label australien entre autre responsable de KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD et TROPICAL FUCK STORM. Sur le Vieux Continent, c'est l'écurie Rough Trade qui rafle la mise et produit son tout premier long-play, qui remporte à sa sortie plusieurs prix en Australie, dont celui du meilleur album rock de l'année.

Comme le précise Amy Taylor elle-même, ce premier disque fait le même effet qu'un sniff de poppers. C'est simple, bête, méchant, et puis ça marche à chaque à fois. Les Aussies ne révolutionnent pas le genre, mais à dire vrai on s'en moque. Onze morceaux, à peine une demi-heure au compteur, les SNIFFERS sont pressés. Du punk-rock teigneux, fougueux, qui va à l'essentiel, abreuvé de la sueur des DEAD BOYS et de UK SUBS, cependant suffisamment malin pour ne jamais sonner rétro. Pas le temps de niaiser, on balance un riff, les cymbales claquent, un solo si on a le temps, histoire de laisser Amy se reposer un peu la voix. Car cette pile électrique hurle pendant toute la durée du disque, jusqu'à nous faire craindre quant à l'avenir ses cordes vocales, voire de nos oreilles. La vie monotone dans l'arrière-pays, l'alcool, les concerts en ville, un taff qui ne paye pas assez et un couple qui part en vrille, les textes nous décrivent le quotidien merdique des Bogans, l'équivalent australien des 'beaufs' français, dont le quatuor s'estime être de dignes représentants.

À l'instar de l'EP Big Attraction, nos Australiens empruntent parfois des chemins qui plairont aussi aux vieux grognons du bush, nostalgiques de ROSE TATOO et d'AC/DC. On note un léger mieux dans la construction de certains morceaux ("Starfire 500", "Control", "Some Mutts"), là où Giddy Up et Big Attraction avaient tendance à systématiquement foncer dans le tas. Mais ne le cachons pas, Amyl and The Sniffers est encore souvent le fait d'un groupe essentiellement taillé pour la scène. En somme, un disque explosif, néanmoins plus frontal que réellement mordant, jusqu'à provoquer parfois une certaine lassitude. À ce titre, Confort to Me se montrera beaucoup plus habile et équilibré. Un premier album efficace donc, mais pas forcément très marquant. Et retenez bien que le poppers, à force, ça donne des migraines.