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KID CUDI - Indicud (2013)
Par ARCHANGEL le 10 Novembre 2024          Consultée 192 fois

Celui qu’on surnomme 'The Moon Man' délaisse son projet du même titre pour un troisième album intitulé Indicud en 2013. Avec un nom pareil, vous vous doutez bien que l’ambiance sent bon la brume de marijuana et les sonorités cosmiques, et pourtant au-delà des idées qu’on se ferait d’une bonne tête d’indica, Kid CUDI nous transporte une nouvelle fois dans cette quête d’apaisement permanente.

Vous vous souvenez des démons dont il essayait de se débarrasser ? Ils sont toujours là sur la chanson d’introduction "The Resurrection Of Scott Mescudi", bien terrifiante, et on tombe dans le flip avec lui. Ni relaxant ni apaisant pour un sous, cet album fait immédiatement apparaître un homme à la recherche d’empathie pour lui-même. CUDI fait du high son état de conscience principal et regagne des forces sur le beat électro ultra-cool de "Unfuckwittable" dont l’instru sonne comme du DECEPTIKON. Ca y est, le chanteur se sent invincible (There’s so many good vibes just floating around in the world/And when the ground and sky combine oh yeah, I’m feeling more than fine).

Complètement perché, le single "Just What I Am" symbolise une évasion temporaire et illusoire dont l’apogée "Immortal", une petite flânerie mentale, sample MGMT et permet à CUDI de guérir, même si c’est uniquement le temps d’une nuit. Il y a quelque chose de positif et de lumineux dans cette prise de conscience (Shocking waves make me feel I can float/It’s like the city is mine and the dark is my cape/I can’t explain this sudden peace am I woke? I sure hope), faisant de ce titre l’un des plus marquants du disque.

Entre deux, il y a la montée : CUDI prend confiance et se transforme, que ce soit lors du rap assez moyen du single "King Wizard" ou des sonorités lourdes et trippantes de "Young Lady", titre un peu trop saturé à mon goût. Bien sûr, le cycle reprend et c’est une longue descente, faite de hauts (le single "Girls" où on retrouve un Kid CUDI en plein délire mais musicalement on peut débattre de son intérêt) et de bas (l’ambiance lourde et déchirée créée par les nappes de synthés planantes sur "Beez" avec le rappeur new-yorkais RZA).

Les distorsions électroniques et les beats hypnotiques nous mettent en immersion totale dans l’esprit embrumé de CUDI. Les rythmes s’étirent, se tordent et se déforment comme des volutes de fumée. La musique s’impose comme un écho de l’expérience psychédélique, on le ressent par exemple par la lenteur du titre "Brothers". Si CUDI y laisse un maximum de place à ses potes A$AP ROCKY et King CHIP, il reste omniprésent sur la production vaporeuse avec cette patte reconnaissable entre mille.

Le son devient plus pop, plus entraînant et l’ambiance se fait plus légère, plus lumineuse dans "Red Eye", un autre morceau que CUDI, sacrément généreux, offre aux soeur HAIM. C’est toujours sympa d’entendre le rappeur harmoniser avec des voix féminines. Ici, au-delà d’un simple featuring, on peut dire que les sisters mènent le bal (I’m going insane and I really don’t know why/There’s only one thing to do/I’m floating through the night on a red eye).

L’interlude instrumental "New York City Rage Fest" est une petite tuerie, aussi chill qu’urgente, qui nous emmène vers les percussions militaires de "Mad Solar". Pourtant, il reste toujours la vibe relax qui fait la signature du style de Kid CUDI. A croire que même 'foncedé', sa technique reste chirurgicale. Même sensation sur le beat de "Cold Blooded" où CUDI nous fait ressentir cette urgence avec un flow quasi en continu.

Si l’herbe est à la fois un refuge et une prison pour le chanteur de 29 ans, on ne se fait pas d’illusion : qui dit "Solo Dolo Part II", dit bien évidemment tempête mentale, un combat contre ses états d’âme. Alors forcément, on retourne dans l’ambiance bien flippante de l’instru colle à merveille à cette spirale autodestructrice de solitude et de fausse confiance (You wish me well, I wish you hell/Eternity, no such thing as time will tell). On y trouve un Kendrick LAMAR époque Good Kid, M.A.A.D City, apportant tout le cool de son flow effortless, encore un moment fort du projet.

"Burn Baby Burn" est un hymne au chaos que dessert l’absence de structure claire. CUDI flotte en faisant des spirales dans la spirale, alors on va le lui pardonner. Tentative peut-être désespérée de donner un sens à sa douleur, "Lord Of The Sad And Lonely" offre un instant de paix au rappeur (Wanna relax, someone tell me how that feels/I say that now until I go and pop this pill).

Finalement, l’album se termine par "Afterwards (Bring Yo Friends)", 9 minutes d’after. Le son funky et électro semble venir de loin, loin derrière les nuages de weed alors nous aussi on plane dans cet aquarium. Le titre final, "The Flight Of The Moon Man", est un instrumental plutôt sympa en guise de méditation express. Cette fois, Kid CUDI a décollé, je dirais même qu’il flotte carrément dans l’espace, peut-être déjà occupé à son prochain projet, Satellite Fligh: The Journey To Mother Moon.

L’atmosphère ultra-dense peut parfois devenir étouffante et dispersée pour ceux qui ne sont pas amateurs de l’univers trip-hop de Kid CUDI. Cependant, impossible de ne pas voir les variations et progressions que l’artiste nous retranscrit. Et pour ceux qui ont déjà ressenti l’étreinte et le poids de la solitude, Indicud résonne comme une oeuvre sincère et nécessaire. CUDI est peut-être high mais il n’est pas avachi dans son canapé, il évolue au fil des boucles hypnotiques dans un perpétuel mouvement.

Cette résilience, elle est perceptible d'emblée dans la musique de Kid CUDI. Si les instrus éthérées et les thèmes sombres sont bel et bien présents, il y a surtout le témoignage d’un homme qui se bat avant tout pour rester optimiste. Indicud est synonyme de liberté artistique mais n’est pas très conventionnel, à l’image de son créateur qui refuse toujours de s’imposer des règles - un aspect qui me plaît bien malgré quelques chansons moins à mon goût. Au final, Kid CUDI reste un artiste qui accepte de se perdre pour mieux se retrouver ; un exercice réussi, aussi libérateur que captivant.

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1. The Resurrection Of Scott Mescudi
2. Unfuckwittable
3. Just What I Am
4. Young Lady
5. King Wizard
6. Immortal
7. Solo Dolo Part Ii
8. Girls
9. New York City Rage Fest
10. Red Eye
11. Mad Solar
12. Beez
13. Brothers
14. Burn Baby Burn
15. Lord Of The Sad And Lonely
16. Cold Blooded
17. Afterwards (bring Yo Friends)
18. The Flight Of The Moon Man



             



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