Troisième album d’A$AP ROCKY sorti en 2018, Testing poursuit ce que les deux derniers projets du rappeur avaient débuté : une expérimentation sonore mêlant hiphop et trap psychédélique, on commence à bien connaître le bonhomme. La grande question reste à savoir si ces différents tests s’avéreront aussi réussis que par le passé.

"Distorted Records" ouvre l’album pour donner le ton expérimental au projet à coup de beats abrasifs et de voix déformées avant de poursuivre avec le sampling innovant auquel ROCKY nous a habitués depuis ses débuts en reprenant "Porcelain" de MOBY sur le symphonique "A$AP Forever REMIX" en featuring avec T.I. et Kid CUDI où la basse lourde s’accorde toujours bien au rap déterminé du New Yorkais. Le rappeur se verra accompagné de Puff DADDY sur le beat brillant et très relax de "Tony Tone" avant de s’offrir un duo réussi avec la chanteuse anglais FKA TWIGS sur l’atmosphérique "Fukk Sleep" pour parler célébrité et insomnie.

On retrouve les percussions aux sonorités trap tant aimées de ROCKY sur le single "Praise The Lord (Da Shine)" aux côtés des flûtes et du flow vigoureux du rappeur anglais SKEPTA. Décidément, pas de doute, A$AP ROCKY sait créer des tracks à son image, mélodieuses et prétentieuses bien comme il faut, qui réjouissent ses fans et deviennent des classiques en un claquement de doigt. "Buck Shots" est aussi un bon moment du disque avec son synthé eighties et sa production presque hallucinogène. Même résultat psychédélique sur l’instru dense de "Gunz N Butter", malheureusement le flow du rappeur y est monotone et la chanson n’a finalement pas grand-chose de spécial.

Et c’est dommage, car au bout du compte, un certain nombre de pistes ne sont ni très engageantes ni très mémorables, comme le comateux "Calldrops", "Hun43rd" ou encore "OG Beeper" où ROCKY expérimente avec les effets vocaux sur un beat minimaliste et une fin abrupte. "Kids Turned Out Fine" raconte les challenges de la jeunesse de manière assez intelligente et "Changes" fera un usage plutôt mauvais d’autotune. Quant à elle, "Brotha Man" en featuring avec French MONTANA, est une chanson insolite de hiphop infusée d’un peu de soul qui part un peu dans tous les sens et pas totalement inintéressante.

Le flow catégorique du rappeur est de retour dans "Black Tux, White Collar" sur un beat atmosphérique et captivant pour parler de l’injustice des violences policières, un thème pertinent qui reste malheureusement encore d’actualité. Pour clore cet album, ROCKY s’associe à Frank OCEAN sur les guitares de "Purity", un titre qui aurait pu (ou aurait dû avec la présence de Frank) marcher mais qui ne fait clairement pas le job à mon goût.

Testing est un album qui débute avec une bonne dose d’énergie et des idées intéressantes mais qui est assez inégal dans l’ensemble : une direction pas vraiment claire même si c’est peut-être un choix délibéré, ça part en cacahuètes et du coup on fini un peu comme à côté de la plaque. Selon moi, la performance - pas totalement sans saveur - du projet aurait pu être meilleure s’il avait été mieux structuré, mais heureusement les productions et le flow de ROCKY le sauvent toujours même si c’est clairement un album qui a raté le coche et qui mérite vraiment de justesse la note de 3.