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Olivia RUIZ - A Nos Corps-aimants (2016)
Par RAMON PEREZ le 14 Août 2023          Consultée 712 fois

Il y a 19 personnes créditées dans le livret pour l’enregistrement de ce disque ; trois d’entre elles occupent le tiers du paragraphe. Olivia RUIZ bien-sûr qui, au-delà du chant et des chœurs, joue aussi de quelques instruments comme le dobrolélé ou des graviers (c’est pas une blague). Edith Fambuena, la fameuse réalisatrice qui amène elle aussi pas mal de choses, surtout des guitares. Et puis le complice de toujours Franck Marty qui lui joue, attention c’est parti, de la scie musicale, des guitare folks et électriques, de l’autoharp, du charango, du tiple, du dulcimer, du banjo, de la harpe de verre, du tres, de la clavi-harp, des clochettes, de la guimbarde, du dobro, du bulbul tarang, du taisho koto et qui trouve encore le temps de faire des programmations ainsi que d’enregistrer des claps et des castagnettes. Et c’est tout ! Si je relève cela, c’est avant tout pour dire qu’Olivia a atteint désormais une finesse instrumentale, constitutive de son identité sonore. Ce qu’elle appelle son côté "musique de films", qui se repère fortement depuis Miss Meteores et qui, avec l’expérience, prend une ampleur des plus intéressantes sur ce cinquième album.

Certes, cette diversité d’instruments se retrouve aussi dans les crédits d’autres musiciens, notamment le bassiste et le joueur de cuivres. Mais, à l’évidence, ces trois-là ont été au cœur du processus créatif, ce que confirme la lecture d’un article sur lequel je suis tombé en préparant cette chronique. La chanteuse parle d’abord de son envie de travailler avec Edith Fambuena, puis du début de leur collaboration quand elle l’a amenée passer quelques jours dans la maison de Franck Marty pour tester tous ses instruments. Ils ont expérimenté, parlé du son pendant des heures et sont entrés ensuite en studio avec plein d’idées. A nos corps aimants est donc un album très précis, avec beaucoup de choses étonnantes et recherchées. Il est clairement dans la continuité de son prédécesseur, qui marquait une sérieuse évolution avec ceux d’encore avant ; c’est-à-dire qu’il délaisse le côté explosif auquel la femme chocolat aimait s’adonner pour aller vers quelque chose de plus aérien.

Comme elle en a pris l’habitude depuis quelques albums, Olivia RUIZ a composé la majeure partie des morceaux. Mais il me semble qu’il y a cette fois-ci une ambition davantage poussée en ce domaine, avec des contrastes très forts au sein des chansons, des refrains très efficaces, des rythmiques et des harmonies plus complexes, des passages entêtants ou encore des changements de tonalités loin d’être évidents. Comme elle fait preuve de plus d’une belle aisance vocale afin d’assumer cette ambition, le disque s’écoute très bien. On ressent une maturité artistique évidente, même s’il est permis de regretter un peu l’énergie plus rock de ses débuts, par goût ou par nostalgie.

On avait laissé la chanteuse sur un album assez sombre, marqué par de nombreuses ruptures (en particulier la sentimentale qui sous-tendait l’ensemble). C’est l’une de ses marques de fabrique, elle a pris son temps avant de donner une suite à son histoire discographique (ça fait d’ailleurs sept ans maintenant qu’on attend le sixième opus…) et nous la retrouvons ici dans des dispositions toutes autres. Elle a maintenant davantage envie de chanter la vie, toujours un peu la sienne mais aussi celle du petit bout qui l’a rejoint entre temps. Olivia a de nouveau écrit l’intégralité des textes (sauf la berceuse finale, partagée comme c’est l’usage avec son père, qui est un traditionnel latino), en français mais aussi en espagnol et en anglais. Sur cet aspect-là aussi les choses sont devenues solides avec les années, avec moins d’histoires-contes façon crêpes aux champignons et davantage de textes évocateurs laissant davantage de place à l’interprétation.

Olivia RUIZ revendique avoir fait avec A nos corps aimant un album de femme. Au-delà du fait qu’elle l’ait réalisé avec Edith Fambuena, on peut penser que cela concerne en grande partie le propos qui, le titre l’indique, évoque fréquemment le corps. C’est-à-dire les sens, l’émotion, le désir, le plaisir. C’est un adjectif qui revenait beaucoup dans la presse, au moment de qualifier cet album : sensuel. Il s’ouvre sur "Mon corps mon amour" qui n’y va pas par quatre chemins et parle clairement sexe ("Je baise donc je suis", d’acc !). Il se termine par un autre regard sur le sujet, rappelant d’ailleurs l’un de ses premiers titres ("De toi à moi"), avec ce joli "Nos corps aimants" - puisqu’on ne les commande pas. Au milieu ça flirte, ça pétille, ça rêve. Mais ça doute aussi, ça s’interroge. Et puis ça s’émeut de choses simples, son petit Nino qui la rend heureuse par exemple. C’est un tableau d’une femme qui vit dans toute la complexité de son être.

C’est un joli album, voilà. Intéressant dans son propos et dans sa forme. Il manque peut-être un peu de relief et de ce débordement d’énergie, surtout si on appréciait cela chez elle. Peut-être aussi d’un ou deux titres absolument imparables pour en faire un vrai grand album. Mais on se contentera sans problème d’un franchement bon disque, avec son lot de chansons très bien construites qui suscitent l’intérêt à l’écoute ainsi qu’à la réécoute. Personnellement j’aime bien la légèreté de "Dis-moi ton secret", l’allant d’ "Ame en dentelle" (où Olivia chante particulièrement dans le grave, ce qui est globalement une particularité de ce disque dans lequel elle balade peu sa voix vers l’aigu) ou encore la jolie "Dame oiselle". Et puis on retrouve tout de même régulièrement les repères musicaux qui sont les siens depuis longtemps comme les touches de cuivres et ce côté musique de film donc on parlait, qui rend bien notamment dans "L’éternité". Et même quelques habitudes textuelles, comme une nouvelle évocation de la folie avec "Paranoïaque transcendantal". Une manière de travailler ses fondements qui lui permet sans doute d’aller plus loin dans sa construction artistique. Un processus qu’elle a semble-t-il amené au bout de quelque chose avec ce disque, ses projets ultérieurs ayant complètement dépassé le cadre de la simple production musicale en allant particulièrement vers la danse et la littérature. La miss est devenue une artiste accomplie.

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   RAMON PEREZ

 
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1. Mon Corps Mon Amour
2. Il Y A Des Nuits
3. Âme En Dentelle
4. La Dame-oiselle
5. Nino Mi Niño
6. Dis-moi Ton Secret
7. Le Blanc Du Plafond
8. L'Éternité
9. Tokyo Eyes
10. Paranoïaque Transcendantal
11. Nos Corps-aimants
12. Duerme Negrito



             



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