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Olivia RUIZ - La Réplique (2024)
Par RAMON PEREZ le 30 Novembre 2024          Consultée 370 fois

Dans Intouchables il y a cette scène où les deux personnages débattent pour savoir si la musique est faite pour être dansée ou écoutée. Personnellement je me range à 100% derrière celui de Cluzet : ça s’écoute. Oui, je me fous complètement de la danse quand j’entends de la musique, ça n’a jamais été mon sujet, ça ne me touche pas, ça ne m’inspire pas. C’est sans aucun doute une raison majeure expliquant mon imperméabilité à peu près totale à la musique dominante des disons au moins quinze dernières années puisque celle-ci est essentiellement produite pour faire trémousser les gens quelques secondes puis s’oublier aussi vite, certainement pas pour qu’on se concentre auditivement dessus. Alors, quand Olivia RUIZ revient avec un nouveau disque en disant qu’elle a voulu pour cette fois que chaque beat donne envie de rouler des fesses, je crains de ne pas me sentir particulièrement concerné.

Le début est carrément flippant : notes trafiquées, rythmique plate, mélodie absente, voix bourrée d’effets. Plus 2020’s tu meurs ! Mais… c’est Olivia. C’est-à-dire avant tout une vraie musicienne et même une vraie artiste. Pas quelqu’un qui vient te faire avaler sa soupe, plutôt quelqu’un qui vient avec une vraie proposition. On comprend vite que ce lancement est une outrance qui n’a qu’un but : choquer pour faire bouger, entendre ces premiers mots "j’aime te surprendre" comme une invitation à faire un pas de côté pour suivre la chanteuse dans la nouvelle atmosphère qu’elle installe ensuite. Celle-ci se veut autre chose que ce qu’elle a fait jusqu’ici, tout en s’inscrivant dans une continuité artistique évidente à la hauteur de son exigence musicale. Alors voilà, le rideau se lève au bout de quelques secondes et la miss se met à chanter joliment, pleinement, de sa fameuse voix aigre-douce qui, huit ans plus tard, n’a pas bougé.

Voilà le genre de trucs qui fait un peu mal, huit ans depuis Nos Corps Aimants. Et pourtant l’impression que ce n’était pas il y a si longtemps. Huit années durant lesquelles l’audoise a montré de nouvelles facettes de son talent. On l’a vue un petit peu sur les écrans. Elle a tourné deux spectacles successifs, un premier autour de la danse, un second à propos de chansons espagnoles en exploration de ses racines familiales. Enfin, elle a consacré ces dernières années à l’écriture, devenant l’une des autrices les plus lues du moment (plusieurs centaines de milliers d’exemplaires vendus de ses deux romans : La commode aux tiroirs de couleurs (2020) et Ecoute la pluie tomber (2022)). Alors, évidemment, même si on retrouve de nombreux repères dans sa musique et son chant, elle n’est plus tout à fait la même qu’à l’époque.

Tout d’abord je la sens encore plus assurée, affirmée, à l’aise. Elle a toujours été une chanteuse-née, mais ici je sens un truc en plus. Une sorte de sérénité vocale qui nous guide tout naturellement au fil de l’album. Musicalement, on l’a dit, les choses sont assez différentes en termes d’arrangements. Il est à ce propos notable qu’elle a fait le choix de s’entourer de nouvelles personnes par rapport aux disques précédents. Deux musiciens ont participé à l’élaboration de celui-ci depuis le début : VINCHA à la réalisation et Nino Vella qui tient une grande partie des instruments, pour un nouveau son et plus globalement de nouvelles harmonies. C’est en effet un aspect que l’on retient à l’issue de cette écoute, l’enchaînement de refrains très travaillés sur ce point dès les premiers titres ("Des corps", "Le sel"), avec régulièrement un effort polyphonique intéressant ("A toi"). Relevons enfin une vraie qualité des textes. L’écriture n’a rien de complexe mais tout est impeccablement dit et ce sont souvent des sujets assez graves, en contraste de l’accompagnement se voulant plus léger.

Elle évoque ainsi des sujets immédiats aussi bien qu’actuels (l’accueil de l’autre, l’urgence écologique, les violences faites aux femmes et en particulier la soumission chimique à laquelle elle dit par ailleurs avoir été confrontée), mais aussi des choses plus profondes comme le mutisme ("Tes silences"). On retrouve aussi ses sujets de prédilection : l’observation de sa vie de femme, de mère, l’exposition de ses sentiments. Ce qu’elle fait de façon toujours très dosée et attachante. On retrouve également son éternel tropisme espagnol avec de nombreux passages en cette langue qui, comme le dit une autre de ses chansons, amènent le sel, la cannelle, le piment. Ou encore sa tradition personnelle de faire les choses en famille avec cette fois l’éloge funèbre de son grand-père écrit par son frère, mais qu’elle a retravaillé. Les deux le récitent, soutenus par leur père, et cette réunion familiale est l’une des chansons qui me touchent le plus ici car je retrouve quelque chose de mon propre papi qui aurait très bien pu côtoyer celui-là.

Mais, s’il faut retenir un morceau de cette livraison, ce serait plutôt celui qui est juste avant, "Tu danses". Ça c’est très joli et même très beau, une vraie grande chanson qui justifie à elle seule l’écoute de cet album. Olivia ressort sans crier gare sa voix la plus délicate et touche directement le cœur. Malgré tout, l’arrangement d’une partie du morceau avec ces basses électroniques n’est pas complètement convaincant et l’on peut sans problème généraliser ce constat à l’ensemble de La Réplique. Je l’ai dit, ce type d’accompagnement musical ne m’inspire pas grand-chose. A la longue les mécanismes à l’œuvre paraissent évidents, voire même redondants : des couplets dans les graves et le rythme, des refrains dans les aigus et la mélodie. Ajoutons ces sonorités lourdingues en arrière-plan ou même parfois devant qui finissent par détourner l’attention. En tout cas, j’ai personnellement du mal à rester accroché dans la seconde partie du disque, après une première moitié qui me parait nettement plus convaincante. Heureusement, ça termine par les deux titres dont je viens de parler.

En conclusion, je dirai que La Réplique parlera sans doute beaucoup aux amateurices d'Olivia plus réceptives que moi au son actuel. Pour ce qui me concerne, même s’il ne sera certainement pas mon disque préféré de l’audoise, je peux saluer l’exploit que constitue le fait de me faire écouter un album entier avec ce genre de musique, sans grand déplaisir et même avec un intérêt certain.

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   RAMON PEREZ

 
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1. La Réplique
2. A Toi
3. Des Corps
4. Le Sel
5. Ce Que Je Suis
6. Le Peu Que L'on A
7. La Fièvre
8. De La Peau, Des Violons Et De L'eau
9. La Pachamama
10. Tes Silences
11. Piernas Sueltas
12. Tu Danses
13. Abuelo



             



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