LABRINTH est un artiste discret mais overbooké. Après la sortie de son deuxième album solo en 2019, il continue de collaborer avec Sam LEVINSON, le réalisateur de la série Euphoria pour son nouveau film Malcom & Marie (si vous cherchez un trio de choc : LABRINTH/Sam Levinson/ZENDAYA), écrit des singles pour Sam SMITH et collabore une nouvelle fois avec son autre trio de choc (MAJOR LAZER/SIA) en 2021. L’année suivante, il s’active à la composition de la bande originale d’Euphoria saison 2 avant de sortir son troisième album en avril 2023.

Ce nouveau projet, Ends & Begins, est à l’image de son créateur : multidimensionnel, émotionnel et succinct (10 chansons, même pas trente minutes). Le chanteur anglais abandonne le thème de la conquête du succès et nous transporte cette fois dans une histoire d’amour aux sonorités proches de la science-fiction, aux productions de haut vol et aux métaphores puissantes qui renforcent comme toujours la poésie de son storytelling.

Le coup de foudre décrit dans "The Feels" (I got touched by God and it fucked me up/Like an electrical current coursin’ through my veins/Lightning came and hit me again), titre d’ouverture où il pousse la chansonnette aux côtés de ZENDAYA, n’est bien entendu que le déclencheur. LABRINTH sait choisir une artiste avec qui l’alchimie musicale est à son apogée : sa voix soul se marie toujours aussi bien à celle de la chanteuse, tout en douceur et en légèreté, sur une instru orchestrale et un peu magique aux synthés grondants.

Sur le single "Kill For Your Love", LABRINTH raconte la passion (I’ll go animal to keep you next to me) sur un beat apocalyptique à grands coups de woo, de wha, de ooh ooh et de ah, comme on l’a connu dans "Mount Everest". La reconnaissance de l’amour et le tempo lent sont encore de mise sur "Everything", chanson qu’il co-écrit avec sa pote ZENDAYA (Love was always cooking through a steel-plated door/Now I’m in the kitchen sippin’ love you songs/I’m having a dish I never had before).

"Covering" fait définitivement partie des titres ultra-électroniques aux accents grandioses et aux vocalises fantaisistes, alors que "A Turn Of Events" agit comme un interlude mélancolique, presque hors de l’espace temps, avec ses carillons exquis et sa batterie qui martèle, annonçant que notre histoire va prendre un nouveau tournant.

Moins à mon goût, "100 Miles An Hour" est le chapitre où notre protagoniste endure sa peine de coeur (Upset, lovesick/The one I wanna spend my life and my drugs with) alors que le single "Never Felt So Alone" dans lequel LABRINTH partage l’affiche avec l’américaine Billie EILISH explore le thème de la solitude dans une ballade pleine de désespoir qui trouve évidemment sa place sur la bande son d’Euphoria.

Dans "Only Way Is Up", il tente de recoller les morceaux de sa relation (But you know the stones don’t, they don’t bleed/And you know the zombies, they don’t breathe/And you know that you and me are concrete) et retrouve la pêche sur "Power Couple", un poil trop ennuyeuse pour moi, mais elle a le mérite de remonter le moral de LABRINTH puisqu’il termine ce joli projet par le titre éponyme "Ends & Begins", doux comme tout (Forevermore and infinity/Girl, your sweet love/It ends and begins me, babe), et comme pour toutes les histoires d’amour, on est content quand il y a un happy ending.

Sans être l’album du siècle ni de l’année, Ends & Begins est un opus très bien mené. Pas vraiment de méga hit, même si "Kill For Your Love" regroupe tous les ingrédients qui définissent le son de l’artiste entre électronique, pop et r'n'b : des instrus super denses toujours recentrées sur les paroles et le calme olympien du chanteur, des mélodies travaillées et beaucoup d’âme. Personne ne s’y trompe, c’est bien du LABRINTH, ça opère un peu comme un rêve, ça rappellera forcément Euphoria et ce ne sera pas pour tous les goûts mais c’est assez solide pour recevoir un bon 3,5 bien mérité.