Après le succès de son deuxième album, la chanteuse AALIYAH termine le lycée et entame doucement une carrière dans l’acting par un petit rôle dans une série policière tout en continuant à se produire sur scène. En 1999, elle est à l’affiche de son premier grand rôle à côté de Jet Li dans le film Romeo Must Die pour lequel elle participe à la bande originale avec plusieurs chansons dont le single "Try Again" produit par TIMBALAND. Son troisième album met du temps à sortir puisqu’elle enchaîne tout de suite avec un rôle de reine vampire dans Queen Of The Damned et c’est finalement en juillet 2001 que le troisième et dernier album de la chanteuse est publié, sous le titre éponyme Aaliyah.

On a tout d’abord le single "We Need A Resolution" en featuring avec TIMBALAND qui produit une partie des titres. Celui-ci établit immédiatement l’ambiance de l’album, entre rnb, hiphop et éléments électroniques pour créer cette atmosphère sensuelle qui allie avec brio la production futuriste de TIMBALAND et la voix chaude d’AALIYAH en plein milieu d’une relation tumultueuse qui la plonge dans le questionnement (Am I supposed to change? Are you supposed to change?/Who should be hurt? Who should be ashamed?).

L’amour reste le thème principal de l’album, aussi bien sur l’ensemble piano-cordes du dramatique "I Refuse" ou le titre émouvant "Never No More" à la production plutôt minimaliste qui nous plonge dès les premières notes dans une atmosphère de tristesse et de réflexion par ses harmonies douces (Stay out your way or get in your face/I just know you better not touch me again/Or I, I walk away/That is one game I refuse to playf). La parenthèse chialantes est terminée mais on a encore un tempo lent sur « It’s Whatever » et son piano aux accords mélodiques.

Il y a aussi bien sûr le mythique "Loose Rap" en duo avec l’américain STATIC, le très bon "I Can Be" avec ses riffs de guitare électrique ou "Those Were The Days", peut-être le morceau le moins mémorable du disque. La production de l’album reste principalement marquée par l’expérimentation, comme on le voit sur les beats innovants et soignés de TIMBALAND : la ballade émotionnelle aux accents soul "I Care 4 U" co-écrite par Missy ELLIOTT pour l’album précédent où la voix délicate et sincère d’AALIYAH touche avec simplicité le coeur de ses auditeurs par son interprétation magnifique.

Des tiroirs de TIMBALAND, je demande encore le single "More Than A Woman" avec ses cordes et ses percussions qui se marient tellement bien à l’attitude et aux paroles confiantes de la chanteuse (Constant pleasures/No scale can measure/Secrets, treasures/Keeps on getting better) ou le hit "Try Again", dernier morceau du disque et pilier de la discographie d’AALIYAH. Rnb de A à Z avec un soupçon de trip hop comme TIMBALAND sait faire à coup de beat entraînant au charme unique, "Try Again" démontre le grand équilibre du style de la chanteuse sur un message de persévérance (Cause if at first you don’t succeed/Then dust yourself off and try again).

Les synthés et les percussions du single "Rock The Boat" lui confèrent une atmosphère lascive et groovy et c’est sans parler de l’interprétation d’AALIYAH, sensuelle sans être explicite, qui s’entremêle avec le rythme presque exotique, et des paroles suggestives du titre (I want you to rock the boat/Work it in the middle/Change positions on me/New position, now stroke it baby). Toujours aussi moderne deux décennies plus tard, "Extra Smooth" est une piste au rythme fascinant qui explore des sonorités différentes sur une mélodie entraînante, à la fois voluptueuse et sophistiquée. La production haute qualité de "Read Between The Lines", à la fois subtile, équilibrée et percutante avec ses rythmes latino mixés aux éléments rnb en fait une chanson qui reste pertinente grâce à ses paroles, particulièrement réfléchies, qui évoquent la complexité des relations et les intentions cachées (Hope you don’t think you’re pullin’ one over me/Cause you’ll look up and I’ll be gone/Hope you ain’t making plans on runnin’ me/Cause I read between the lines).

Plus intrépide que la plupart des titres, "U Got Nerves" et son instrumentation énergique forment le canva idéal pour soutenir le texte, une véritable déclaration d’indépendance et d’empowerment (Took my kindness for a sign of weakness/My own blindness cause my sadness/No longer am I a slave over your madness). Résolue et affirmée, la voix de la chanteuse y est confiante, pleine d’assurance, montrant qu’elle peut passer sans difficulté de ballades émotionnelles à des morceaux plus dynamiques. Dans la même vibe, "What If" aborde l’angle des doubles standards dans les relations hommes/femmes (You’re only jealous ‘cause you know the ish you put me through/I might turn around and do that ish to you). La performance d’AALIYAH, claire et expressive, sur des riffs de guitare électrique nous parle des et si qui peuvent hanter nos pensées, avec une retenue qui ajoute à la qualité touchante et authentique de la chanson et qui définit bien l’une de ses forces en tant qu’artiste.

La carrière prometteuse d’AALIYAH prend fin à peine un mois après la sortie de son album éponyme lorsqu’elle perd la vie tragiquement dans un accident d’avion juste après le tournage du clip de "Rock The Boat". Incontestablement talentueuse, elle décède à l’âge de 22 ans, non sans laisser une empreinte indélébile sur ses fans et sur l’industrie musicale qui la reconnaissent comme l’une des icônes du genre. Le disque témoigne de la créativité de la princesse du rnb et de son influence, qui agit encore sur les artistes d’aujourd’hui. L’une des caractéristiques du disque a été d’incorporer de manière réussie des éléments novateurs tout en préservant l’essence du rnb. Platine comme ses autres albums, Aaliyah est une célébration qui continue d’incarner la signature sonore de la chanteuse et reste un hommage à son héritage musical.