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- Membre : Alan Vega

SUICIDE - American Supreme (2002)
Par K-ZEN le 21 Décembre 2023          Consultée 466 fois

Suprême américain… ?

Plus qu’un plat cuisiné venant en tête d’estomacs gourmands, un bien étrange choix de groupe nominal à première vue, à fortiori si l’on considère dans le même temps la jaquette qui nous est proposée. Un drapeau américain gris bien déployé, cependant vierge de toute couleur autre que ces nuances blanc cassé. Comme si ce pavillon avait été recouvert d’une substance opaque ou un épais brouillard, naturel ou délibérément provoqué par des scientifiques curieusement cintrés.

Il suffit de ne pas s’arrêter à la première définition du mot suprême. Plus qu’une idée de suprématie à laquelle on pourrait songer de prime abord et assez justement au vu de l’avant-gardisme du groupe et de son attitude punk, le terme tel qu’on l’entend ici semble à prendre au sens de dernier, solennel, tragique.

Si l’on étudie leur discographie mathématiquement, on peut remarquer que SUICIDE sort ses albums par doublé rapproché en laissant presque une décennie entre chaque paquet. On aurait donc pu penser qu’American Supreme serait suivi d’un rapide compagnon. Il n’en sera rien, l’énigmatique et intense "I Don’t Know" clôturera judicieusement la passionnante aventure studio élaborée par le duo américain. Alan VEGA et Martin REV avaient-ils prévu que ce disque constituerait l’ultime conçu sous le pseudonyme SUICIDE et ont-ils alimenté à dessein leur propre mythologie ?

Plus qu’une réelle volonté, le coupable ne saurait être qu’une simple procrastination, dix ans après Why Be Blue ?, les discussions allant bon train entre nos deux protagonistes sans un véritable pied à l’étrier toutefois. Les rééditions débutées par Mute sur leur catalogue agira comme un salvateur électrochoc. Comment se passera l’adaptation des SUICIDE aux années 2000, votre honneur ?

Premier enregistrement auto-produit par leurs soins, il présente onze titres bien compacts, ne descendant jamais en dessous de quatre minutes et proposant une musique oscillant entre techno industrielle et new wave. L’ambiance est inconfortable, étouffante, claustrophobe, une véritable chape de plomb sur un dancefloor new-yorkais encore marqué par des évènements tout récents. Le disque a en effet été enregistré peu après le 11 septembre 2001 et cela se ressent. Une paranoïa latente, rampante, qui fait se retourner le quidam avant d’introduire la clé au fond de la serrure barrant son cocon. Toutes les certitudes volent en éclats et les champs lexicaux employés par VEGA sont à l’avenant.

Sont évoqués pêle-mêle Dachau et son train chargé de misère, une machine de mort, un cauchemar qui vint recouvrant les cieux de feu ainsi que des mauvaises décisions aboutissant à des exécutions télévisées. Un nouveau monde auquel s’adapter, sous peine de disparaître. Tout ce qui a été, est et suivra se trouve déjà là en filigrane, toujours envoyé avec ce chant si particulier qui n’en est pas vraiment un, entre parlé, envolées lyriques à la ELVIS et hurlements parfois stridents.

Les critiques accueillent dans l’ensemble American Supreme plutôt bien, louant son aspect expérimental et la capacité du groupe à s’adapter avec succès à son époque. Mais d’autres trouvent les sonorités datées, plus encore que sur les premiers disques pourtant bien harsh (on songe à "Death Machine" ou "Beggin’ for Miracles" qu’on pourrait en effet trouver agrémentant possiblement certains films d’action tournés dans les années 2000), le magazine Q déplorant ainsi que le groupe ait découvert la dance music quelques années trop tard.

On retiendra tout de même – et comme à chaque fois – certains titres rentrant dans un potentiel best-of qui finira par sortir en 2022 : le minimal "Misery Train", "American Mean" ou encore l’infernal chaos étoilant "Dachau, Disney, Disco".

Un album mineur dans la chiche discographie d’un groupe majeur demeure un album digne d’intérêt. À noter qu’une édition limitée éditée par Blast First – celle en ma possession – ajoute un disque supplémentaire proposant un live londonien capté en 1998, moins dangereux qu’autrefois mais toujours intense.

2.5/5 arrondi à 2 par cohérence avec la discographie.

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- Alan Vega (chant)
- Martin Rev (claviers)


1. Televised Executions
2. Misery Train
3. Swearin’ To The Flag
4. Beggin’ For Miracles
5. American Mean
6. Wrong Decisions
7. Death Machine
8. Power Au Go-go
9. Dachau, Disney, Disco
10. Child, It’s A New World
11. I Don’t Know



             



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