Période allemande finie pour Simon COLLINS, de même que son contrat avec Warner Music. En 2003, le jeune homme s'en retourne vivre à Vancouver, de l'autre côté du Canada, et enregistre son deuxième album, Time for Truth qu'il produit en compagnie de Gareth Jones (Anglais spécialiste notamment pour avoir travaillé avec WIRE et DEPECHE MODE). Deux ans plus tard, la sortie se fait par le biais de Lightyears Music, label créé pour l'occasion par COLLINS, mais le tout manque de visibilité et il n'est guère étonnant que dès la fin des années 2000, ce second disque était devenu difficile à trouver, même par le biais d'Internet.

La pochette est moins chargée mais aussi moins tape-à-l'oeil que celle de All of Who You Are (2000), le titre semble vouloir signaler l'accession enfin de Simon COLLINS au rang d'artiste tel qu'il veut l'être. Cause à effet ou non, il y a beaucoup moins de 'duos', voire pas, cette fois-ci, malgré la présence de choeurs féminins. On trouve aussi quelques traces teutonnes d'enregistrement, avec par exemple un "Mirror", seul titre non (co-)composé par COLLINS et produit par Schallbau (comme tout le premier album), magique dans son ton désabusé, son arpège acoustique grave, sa batterie forte, son orgue solennel, bref tout à fait dans le ton de Time for Truth.

À l'image de son prédécesseur, cet album regorge de pépites pop à la frontière entre rock et l'électronique, avec ce dernier élément quelque peu en baisse car plutôt relégué à de l'accompagnement. La facette 'guitares et gros son' s'affirme, de quoi préparer le terrain pour des albums futurs (rien que le brillant suiveur, U-Catastrophe en 2008) qui iront plus loin dans ce sens ! Ce qui n'empêche point ce second de s'affirmer joliment à sa manière, avec des sons parfaitement choisis, dès le morceau-éponyme. La durée avoisinant l'heure, toutefois, donne toujours un effet lourd à digérer et nuit un peu au potentiel de certains titres ("Awesome Machinery").

Comme beaucoup de productions d'époque, bien qu'ayant allègrement franchi la barre du nouveau siècle/millénaire, on garde toujours un pied dans les années 90 en termes artistiques. "Use Your Imagination", particulièrement, en est témoin, même si, débutée façon ballade feu de camp avec les fredonnements de Simon, elle garde de quoi nous surprendre, avec l'intervention inattendue de Markie J au chant mi-rap mi-ragga (d'aucuns pourront également l'entendre sur un morceau de la bande originale du film Die Welle/La Vague, adapté de Todd Strasser par Dennis Gansel, 2008). Et une nouvelle fois, la chanson garde une belle essence rock, chant comme guitare.

L'efficacité est de mise, malgré des paroles souvent sombres/cyniques, comme sur "Man on TV", single potentiel délicieusement groovy, partagé entre saturation et sons clairs de toute beauté. "Hold On" de même que "Time for Truth" révèlent des moments épiques à souhait, que l'inspiration lorgne du côté des ballades ou de l'entrain façon U2, avec de sacrées progressions (le pont trop court de "Hold On", justement). Idem pour "Sunburn", "One Nation" (avec du rap en ouverture pour les deux) ou encore "Home", teintée d'un exotisme tout sauf léger, et qui montre combien celui qui n'est pas que 'le fils de son père' tient à aller plus loin, très justement, dans son approche de la batterie.

Le soin apporté aux guitares, sachant que COLLINS en tient une bonne part lui-même en sus des fûts, claviers etc, reste à saluer, à l'image du solo bluesy de Marcus Deml sur la pop-électro de "Reason". Quant au funky joyeux "Out on the Playa", il contient l'unique intervention de Kelly Nordstrom, ancien membre de DEMENTIA (parmi les premiers groupes de death-metal canadiens) et qu'on voit alors oeuvrer aussi dans l'indé avec TV HEART ATTACK, avant qu'il ne devienne un musicien prépondérant dans la carrière de Simon COLLINS. Ce dernier propose donc un nouvel opus coloré avec des moyens et du travail, de mieux en mieux, bien qu'un peu 'perdu' à ce jour.

Note réelle : 3,75