Enfin le voici ! Mais quoi donc ? Le troisième album des Texans m'enfin ! C'est peu de dire que le nouvel opus de TWIN TRIBES était attendu au tournant. Apparu en 2018, le duo de Brownsville a de suite charmé un public avide d'une pop froide et ciselée qui fourmille de titres accrocheurs. Luis Navarro et Joel Niño Jr n'ont assurément rien inventé mais ce qu'ils proposent à une saveur des plus agréables : celle de climats hivernaux qui allient à la fois le spleen et les rythmes directs et dansants des années 80. A l'heure d'un nouveau souffle ou d'un revival sans fin qui ne veut dire son nom, Pendulum, naturellement, pour les amoureux de cette scène ne peut laisser indifférent.

Le familier de cet univers remarquera de suite que TWIN TRIBES semble suivre à la lettre le cahier des charges qu'il s'est fixé depuis ses débuts. La recette a peu ou prou les mêmes ingrédients. A savoir, un introductif instrumental, ici "Absolute" et ses sonorités synthwave pour mettre en appétit et le morceau plus calme qui ferme, lui le bal, en l’occurrence le superbe et mélancolique "Meadow" soutenu par ses guitares tristes. Et au milieu, des mélodie sombres globalement efficaces. A l'aune de cette remarque, vous vous dites que pour la nouveauté, vous repasserez. Ne partez pas encore ! Si Pendulum s'inscrit pleinement dans la continuité de ses prédécesseurs, le duo essaye toutefois timidement de donner des nuances à son gris-noir addictif. C'est d'ailleurs une nécessité tant la concurrence même dans cette sphère limitée est rude et les auditeurs dorénavant sont souvent bien infidèles.

Les Américains réussissent donc encore comme à l'accoutumée le tour de force de proposer quelques petites bombes en puissance, froides, directes et carrées. Le duo nous invite dès lors à un court mais intense périple sur des terres gelées. Il est en effet bien difficile de résister à des morceaux comme "Temperance" ou "Sanctuary". La patte texane fait indubitablement son effet pour faire frétiller les ailes des corbeaux. La guitare cristalline, la basse agressive répondent aux claviers mélancoliques et la voix triste de Navarro souligne le tout avec conviction. On a la nette impression d'avoir entendu ce son typé et ces voix à l'image de l'excellent "Eternal" depuis toujours mais TWIN TRIBES a encore la capacité de ne pas ennuyer ses auditeurs. Mais jusqu'à quand ? Le risque de redite et de patiner n'est maintenant plus vraiment loin.

La réponse vient peut-être dès lors ici. Lorsque je parlais tout à l'heure de tentative de renouvellement, celle-ci, même discrète et hésitante est néanmoins audible. TWIN TRIBES s'essaye ainsi à une dark wave bien plus musclée qu'à l'accoutumée à l'image de «"Another Life" avec sa diction hachée et ses claviers puissants ou moins évidente comme le souligne avec délice le fantomatique "Monolith". Si la guitare acoustique de "Sangre De Oro" apporte une touche inattendue de fraîcheur bienvenue, la démarche par contre de tisser des ambiances plus travaillées comme sur "Cauldron Of Thorns" tombe littéralement à plat car pourvoyeuse d'ennui. Il est évident que le futur pour les Texans devra esquisser ces contours sous peine d'être un projet parmi tant d'autres.

Pendulum est donc incontestablement un tournant pour TWIN TRIBES. Il possède encore un goût de revenez-y car le duo a un savoir faire indéniable, mais la formule devra être néanmoins être changée sur les prochains albums car elle possède dorénavant, par moments aussi la faiblesse marquée de l'automatisme.

Note réelle : 3,5/5