Pas mal occupé en 2022 par le lancement de son deuxième album et le tournage du remake du film Les blancs ne savent pas sauter, Jack HARLOW trouve tout de même le temps de préparer son troisième opus sorti au printemps 2023, Jackman.

Très court, Jackman est plié en moins de 25 minutes, au moins on ne va pas y passer la nuit. On sent que HARLOW écoute (un peu trop) les critiques, quitte à s’éloigner un peu de sa nature habituelle quant au format de ses projets. Soit… Le rappeur de 25 ans peut encore compter sur la hype générée grâce à ses hits précédents et sa personnalité séduisante mais ne prend quasiment aucun risque, sauf celui de se comparer à EMINEM.

Parmi les beats les plus cools, il y a la vibe très agréable des harmonies de r’n’b 90’s samplées chez le groupe JADE du titre d’ouverture "Common Ground", le flow toujours aussi charismatique et énergique de HARLOW mêlé à l’instru un peu soul du single "They Don’t Love It" ou du joli titre "Denver" sur lequel le rappeur revient sans réserve sur ses anxiétés.

L’ambiance est surtout chill, tranquille, sans trop de prétention grâce à des chansons aux instrus douces qui mélangent plutôt habilement les samples, la guitare, le piano et les éléments électroniques, comme sur "No Enhancers", "Is That Ight?" ou le très bon "Blame On Me". Quant à lui, le titre "Ambitious" est beaucoup trop répétitif, selon moi clairement le moment le plus faible du projet, même si les rimes de Jack sont confiantes et assurées.

Introspectif, le rappeur nous raconte ses amitiés décevantes sur l’instru carrément planante de "Gang Gang Gang" à la production sombre et aux voix distordues. Jack se montre plus mature, plus sérieux que dans ses derniers projets et il le montre sur le super titre "It Can’t Be" où on entend clairement les années d’inspiration qu’il a tirées de DRAKE, à force de l’écouter.

Qu’il confie ses amours, son succès, sa dépression ou son enfance, HARLOW le fait d’une manière assez vulnérable et sincère et on sent que son écriture va dans la bonne direction, même s’il y a parfois des ratés. Il termine sur "Questions", toujours dans l’exploration et l’autocritique cette fois-ci (Why am I so flawed? Why am I so skeptical of God?/Why do I pretend like I didn’t see it when I saw it?), un bon titre qui passe un peu trop vite.

Jackman, c’est dix titres ultra courts, c’est tellement rapide qu’on croirait presque cet album incomplet. Il n’y a pas d’énorme hit, mais ça s’écoute facilement, presque comme une musique d’ambiance qu’on l’écoute en fond ou qu’on l’analyse plus en détail. Les beats parfois groovy nous enveloppent dans une ambiance plus intimiste mais, au final, c’est relativement ordinaire, sans être mauvais ni exceptionnel, un 3 ni plus ni moins.