Recherche avancée       Liste groupes



      
BLUES CRéOLE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2018 Mo Jodi
2021 04:00 Am
2023 Promis Le Ciel

DELGRES - Promis Le Ciel (2023)
Par LE KINGBEE le 5 Avril 2024          Consultée 412 fois

Avouons-le honnêtement : si cet opus était attendu avec impatience, la crainte du fameux troisième album plus faiblard planait comme hélas bien souvent dans certaines discographies. Autre détail, contrairement aux chroniques des deux premiers opus, votre humble serviteur n’a pas encore vu le trio sur scène d’où un ressenti différent.

DELGRES repart à l’abordage avec ce nouvel opus. Rien d’étonnant quand on sait que le trio doit son nom à Louis Delgrès, célèbre abolitionniste, opposant à Bonaparte, grand partisan de l’esclavage et aussi petit homme par la taille et par son manque criant d’humanisme.

Dès les premières notes, on est comme rassuré : le dobro, les toms et le sousaphone envoient toujours cette sauce si caractéristique, un groove qui devrait en convaincre plus d’un. Le caractère militant nous semble encore plus puissant qu’avant. "Promis le Ciel" qui donne son nom à l’album nous parle d’esclavage, de chaines aux pieds, d’embarquement forcé. Le texte superbement écrit lève un voile sur certaines pratiques honteuses qui ont permis d’enrichir certains nantis tout en ôtant la liberté à des gens qui n’avaient rien demandé à personne, ni à Dieu ni aux politiques.
Une forte mélancolie se dégage de "Walking Alone", porté par des riffs de guitare simples mais terriblement efficaces. Pascal Danaë délivre à la fois des paroles en anglais, en créole et en français, procédé renforçant ici le phénomène de solitude et de déracinement social. Le vidéo clip officiel de Josic Jegu incorporant un décor désenchanté s’avère comme une excellente toile de fond. Le trio reprend un tempo identique sur "Pourquoi ce monde ?" qui interroge les folies de nos décisionnaires. De l’injustice sociale, il en est encore question dans "A la fin", de nouveau chanté en créole et en français. Si le tempo monte d’un cran sur "Autorisation", le groupe évoque les tragédies liées aux déracinements et aux migrations qui finissent souvent à fond de cale ou, plus dramatiquement encore, au fond des océans.

"Mettre les voiles" nous dévoile un message toujours aussi ambigu entre espoir et désespoir, la barrière est un obstacle trio difficile à franchir pour certains. Changement de rythme avec "Pou Vou" : si le sousaphone et la batterie nous emmènent entre la Nouvelle Orleans et Congo Square, le texte en créole s’avère toujours aussi désenchanté, livrant un constat sans concession. Chanté exclusivement en créole "Pa Lese Mwen" intègre à travers les vibrations de la rythmique une atmosphère étrange oscillant entre work song, chanson d’esclave et louanges religieuses désespérées.
Les toms et la guitare brièvement mise en mode Garage prennent une cadence plus légère avec "Samedi Soir", titre qui allie les structures d’un Zouk à celles d’un Brass Band NOLA.
Delgres délivre un regard toujours aussi dépouillé et déchirant sur "An Pa Ni Sou" dont les paroles en créole évoquent les problèmes à la fois familiaux et conjugaux liés à la séparation géographique entre le travailleur outremer venu apporter de la main-d’œuvre durant le début des années 60 et sa famille restée sur son terroir. En guise de fermeture, "Where Do They Go ?" s’avère plus rassembleur tandis que le rythme faussement indolent oscille entre Folk et Gwoka issu de la tradition guadeloupéenne.

Si Delgrès nous délivre encore une fois un album se partageant entre riffs obsédants et hypnotiques et des textes parfois sans concession mais souvent empreints de tendresse, une sorte de fil rouge se dégage des trois albums. Le son se veut ici plus aérien et les paroles dressent malgré leur teneur des messages d’espoir.
Comme souvent, le trio nous assène des titres forts et puissants. Ici "Promis le ciel" et "Walking Alone" dégagent une puissance jouissive, des charges intenses et pleines d’énergie superbement revitalisantes.
Un dernier mot sur ce digipack élégant délivré en deux volets. Si tous les textes agrémentent le livret intérieur de dix pages, le groupe incorpore deux pages de photos illustrant l’enfance et l’adolescence des trois musiciens. Si la couvrante nous dévoile un ciel bleu nuageux, certains y verront peut-être un parallèle avec le dernier album de Jacques BREL communément intitulé Les Marquises.
Si l’assemblage si atypique des instruments réserve moins de surprises, comme on pouvait s’y attendre, DELGRES nous assène encore un disque puissant, celui de la Confirmation et non du Baptême. Signalons une production sans poudre aux yeux avec la présence de Nicolas Queré, présent dans les opus précédents. Un album qui donne irrémédiablement envie d’aller voir le groupe en Live.

A lire aussi en BLUES par LE KINGBEE :


Roy CARRIER & THE NIGHT ROCK
Living Legend (2004)
Un disque qui pulse, une invitation au gumbo !




Albert KING
I Wanna Get Funky (1974)
Beau mélange de blues soul funky 70's


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Pascal Danae (chant, guitare, claviers, chœurs)
- Baptiste Brondy (batterie, percussions, chœurs)
- Rafgee (sousaphone, bugle, chœurs)


1. Promis Le Ciel
2. Walking Alone
3. Pourquoi Ce Monde ?
4. À La Fin
5. Autorisation
6. Mettre Les Voiles
7. Pou Vou
8. Pa Lese Mwen
9. Samedi Soir
10. An Pa Ni Sou
11. Where Do They Go?



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod