Cela faisait déjà cinq années que CLARIKA ne nous avait pas proposé de véritable nouveau disque. C’est dire si l’annonce de ce neuvième album fut une bonne surprise, d’autant plus que son univers artistique m’a toujours convaincu et charmé. Ce mélange de chanson française et de Pop Rock servi par une voix douce et immédiatement reconnaissable est particulièrement envoûtant et efficace.
Elle ne change pas foncièrement de style avec Danse encore, même si le titre qui ouvre l’album, "Ce soir je sors", possède des sonorités légèrement Electro et un rythme syncopé qui lui donnent une légère tonalité Dance du meilleur effet, et à laquelle elle ne nous avait pas habitué. Mais cela n’est pas réellement représentatif de la couleur générale de Danse encore. En effet, CLARIKA reste fidèle à son style de prédilection, en nous proposant des chansons plutôt calmes dans lesquelles le chant est mis en avant, les arrangements musicaux cherchant plus à proposer un effet sonore d’ensemble que de mettre en évidence un instrument en particulier.
Comme toujours, sa douceur de ton apparente cache une plume très souvent acerbe et bien ciselée. C’est le cas de "Adieu salope" qui possède une saveur faite de mélancolie et de douceur tranchant avec certaines de ses paroles, contraste qui se révèle assez heureux. Il faut dire que cet art du contraste est une des particularités de CLARIKA. On en trouve par exemple l’illustration avec "Ce jour-là (17 octobre 61)", dans lequel elle évoque les nombreux assassinats perpétués par la police française en marge d’une manifestation de soutien au FLN. Ce, au travers d’une musique et d’un chant paradoxalement très légers et doux. Elle confirme bien que, comme cela a toujours été le cas, ses paroles sont de grande qualité et témoignent d’un gros travail.
Il est seulement dommage que, en de rares occasions, la diction ou la production rendent leur compréhension un peu ardue. Comme c’est (principalement) le cas avec "Sans les nuages". Mais la plupart du temps, CLARIKA parvient sans peine à nous emmener dans ses différents univers.
C’est ainsi le cas de "Ferme les yeux" au rythme légèrement supérieure à la tendance générale de l’album, une très belle surprise. Une de celles qui nous laissent penser que CLARIKA n’est jamais plus efficace et charmeuse que lorsque sa musique se montre un peu plus dynamique et son propos plus acide. Un sentiment renforcé par l’excellent "Seule la mort" à l’ambiance plus tranchée que celle développée par la plupart des autres titres.
Hélas, cet album ne contient pas plus de morceaux avec plus de relief et des rythmes plus marqués. C’est en effet peut-être un des petits défaut de Danse encore qui possède parfois un faux rythme un peu trop doucereux. Quelques titres notamment sont dispensables comme "La méduse", un morceau qui trouve ses origines en 1999, ou le plus confus "Souviens -oi d’après" dont on peine à saisir la trame. De ce fait, on frôle souvent l’extase, sans toujours y accéder réellement.

Ce nouvel album, s’il est très plaisant à écouter, ne possède pas tout à fait le charme fou et la personnalité de certains de ses prédécesseurs, notamment ses albums de la période allant de 2009 à 2013.