Franchement, je pensais que c'était cuit et qu'on ne reverrait plus ensemble les BLACK COUNTRY COMMUNION. Sept ans sans rien sortir c'est en effet bien long, et durant de laps de temps le père Glenn Hugues, principal moteur du supergroupe, en a profité pour passer allégrement le cap des 70 ans. Oui, mais on oublie toujours combien le Rock'n'roll conserve, et c'est en pleine forme que nous revient le légendaire chanteur / bassiste. Il est bien entendu accompagné de ses trois prestigieux acolytes : le guitariste virtuose Joe Bonamassa fidèle au poste, dont la riche carrière solo tourne légèrement en rond, le puissant batteur Jason Bonham, un des "fils de" les plus talentueux de la sphère Rock, et le claviériste Derek Sherinian surtout connu pour son éphémère participation à DREAM THEATER. A la production on retrouve en outre le désormais célèbre Kevin Shirley, l'équipe d'origine est ainsi totalement reconstituée.

Et que croyez vous qu'allaient nous offrir nos compères pour ce cinquième album ? Eh bien tout simplement la parfaite suite de leurs dernier opus (et des précédents), comme si le temps s'était suspendu dans l'intervalle. En fait pour eux il s'est d'ailleurs plutôt arrêté dans les 70's, le style musical du combo étant clairement et de façon totalement assumée, ancré dans cette époque, et très proche de celui des trois géants britanniques DEEP PURPLE, LED ZEPPLIN, et parfois THE WHO. Rien de bien nouveau en fait, mais c'est une nouvelle fois un prodigieux savoir faire qui nous est proposé au fil de dix compositions parfaitement troussées qui atteignent pleinement leur cible.

Tout démarre fort avec le riff efficace de "Enlighten" avant que Glenn Hugues pose sa basse et surtout sa voix sur un titre efficace en diable, et parfaitement porté par le groove de Bonham derrière les fûts. La suite est tout aussi excellente, "Stay Free" se distingue par une intro à la batterie fortement évocatrice de "Gimme All Your Lovin" de ZZ TOP, avant un riff sautillant soutenu par les claviers très évocateurs de Physical Grafitti de LED ZEPPLIN cette fois. Le refrain est top et le solo de Joe concis et efficace avec un son fuzz de circonstance. Pour compléter cette excellente entame, "Red Sun" nous offre un des meilleurs moments de l'album avec un riff un peu lourd mais un super refrain et un solo de guitare très inspiré, le tout en 6'33 qui laissent le temps de bien profiter du titre. Et les deux pièces suivantes ne sont pas en reste, "Restless" est une magnifique ballade blues, tellement classique mais tellement belle (et quelle voix de Hugues), alors que "Letting Go" est un des titres les plus accrocheurs de l'opus grâce à son refrain accrocheur et ses jolies échanges entre la guitare et les claviers.

La seconde partie du disque, tout en restant de très haut niveau, est un tantinet moins enthousiasmante. Se détachent de mon point de vue "You're Not Alone" au riff encore très lourd à la LED ZEP et aux belles montées de Glenn dans les aigus sur le refrain, et "Love And Faith" évocateur des WHO en intro, et où le chant est partagé entre Glenn et Joe. C'est un des plus jolis titres de l'opus, et un des plus épiques et variés. Dommage d'ailleurs que Joe ne chante pas plus sur le disque, même si Glenn est excellent, et écrit la plupart des morceaux. Les trois titres résiduels, "Skyway", "Too Far Gone" et "The Open Road" sont également de très bonne tenue, aucune fausse note ne vient entacher l'album.

L'appréciation générale de l'opus dépendra totalement de votre état d'esprit : si vous cherchez une valeur sûre, une parfaite maîtrise instrumentale et un plaisir régressif, ce disque est fait pour vous. Si au contraire votre humeur est aventureuse et avide de nouveauté, passez votre chemin. Je suis bien ennuyé avec la note, l'ensemble valant clairement 3,5. Je vais rester un peu sévère au regard du manque de prise de risques, mais c'est vraiment un album qui fait du bien par où il passe et que je vous recommande sans hésitation.