L'aventure, son précédent disque, est un de mes albums préférés de l’année 2020. Un opus que je réécoute encore avec grand plaisir, tant la tendresse et la qualité de l’orchestration me touchent toujours.
C’est dire si je me réjouissait de découvrir son successeur, ce Saint-Valentin. Et à la première écoute, la recette utilisée par OLDELAF semble restée globalement la même. Pour autant, le résultat m’apparait bien moins enivrant. La faute à une orchestration moins directe et plus emphatique qui a tendance à amoindrir l’impact et l’efficacité de certains des morceaux.

En effet, les arrangements musicaux m’apparaissent trop souvent un peu trop chargés, limite pompeux. Du moins pour ce style qui fait la part belle aux textes. Il serait très exagéré de prétendre que la production manque de relief et de clarté dans l’absolu, car le résultat est propre et sérieux. Mais cela ne colle pas forcément à l’univers artistique d’OLDELAF, qui est plus orienté humour et émotion. Et pour lequel la mise en avant des textes est importante. Un peu plus de sobriété, de rythme ou de relief m’aurait semblé plus judicieux. Et aurait permis aux textes d’être mieux mis en valeur, avec plus de clarté.

Car là, il est parfois ardu de saisir la finesse des textes, et il est nécessaire d’écouter l’album dans de bonnes conditions et en étant totalement concentré pour en saisir toutes les saveurs. Ce qui n’était pas le cas avec son prédécesseur qui pouvait libérer ses plaisirs quelques soient les conditions d’écoute.
Ainsi, certains titre sont pénalisés par une orchestration trop fade et qui pénalise la bonne compréhension de la diction qui se trouve noyée dans les instruments.

C’est ainsi le cas de "Saint Valentin", de "100" ou de "Change". Où malgré quelques petites ritournelles accrocheuses, il est un peu difficile de rentrer et de s’immerger dans les univers de ces titres. On peut aussi évoquer "Rue des Pyrénées" et ses violons un peu trop emphatiques. Le tout générant une ambiance un peu trop "guimauve" à mon sens. Par le passé, OLEDLAF a déjà joué cette carte, en forçant le trait, se faisant pompeux et symphonique, pour créer un effet comique. Mais là, le propos apparait plus sérieux, plus premier degré, et cela fait moins mouche. Il en résulte une certaine confusion qui rend l’accès au cœur de certains morceaux plus difficile et laborieux.

Cette légère déception n’est toutefois pas présente avec tous les titres de ce Saint-Valentin. Et avec le plus sobre "Marie" et le plus percutant "Bonhomme", on est à même de savourer la truculence d’OLDELAF. Ce dernier titre est d’ailleurs assez proche de ce à quoi il nous avait habitué à ses débuts (il en est de même avec le très bon "Cœur").

Certains titres, même s’ils bénéficient d’une production un peu "chargée" s’en sortent également haut la main. C’est ainsi le cas de de l’excellent "Pas adapté" qui mêle avec bonheur, humour et tendresse, et dont on ne peut que regretter qu’il ne soit pas plus long, et qu’il ne comprenne pas un ou deux couplets supplémentaires. Et il ne manque pourtant pas grand-chose pour que sur d’autres titres on bascule dans le plaisir total comme c’est d’ailleurs le cas à plusieurs reprises. En effet, certaines mélodies sont très efficaces, et surtout, certains textes sont de toute beauté. Il en va ainsi de "Mille Milliards", un très convainquant hommage à TINTIN, qui possède un rythme enlevé très prenant et qui gomme habilement l’excès d’orchestration qui aurait pu le plomber.

Alors que l’extase n’est pas au rendez-vous, il faut bien reconnaitre que presque tous les ingrédients sont pourtant réunis. Notamment une plume de qualité mêlant avec grâce humour et tendresse. Et des mélodies assez envoutantes. Mais, malheureusement il y a aussi beaucoup de chanson dans laquelle la sauce peine un peu à prendre. Ou, tout au moins, la magie opère légèrement moins que dans son précédant opus, dans lequel il faut bien reconnaitre qu’il avait placé la barre très haut. Ce Saint-Valentin n’est pas foncièrement mauvais et il possède même de très belles pépites, mais il n’arrive pas toujours à transformer les réelles qualités qu’il contient en morceaux imparables. Une semi déception, autant qu’une semi réussite.