Après un premier album qui a pété tous les plafonds, Dwight YOAKAM est en excellente position pour venir truster les premières places des cadors de la country en cette lointaine année 1987. Voyez donc comme tout est fait pour mettre en valeur notre cowboy des temps modernes : Une photo sur fond blanc, on évolue dans l’esthétique chères a nos amis américains, simple et efficace ! On se souvient de la spécificité de l’artiste qui a suscité son succès en tournant dans les clubs de LA alliant punk et rock à ses influences country. Nul doute que notre jeune bellâtre va savoir donner a la suite de sa carrière une teinte originale et anticonformiste ; second acte on y va !

Le choix de "Little Sister" comme premier single est révélateur des idées de notre artiste, Elvis PRESLEY en avait fait un des premiers titres à consonance clairement hard rock, Dwight en fait un hymne à la lisière de tous les styles, avec le talent qu’on lui connaît, très cool. Dwight est un grand fan de rock’n’roll, alors le second single est "Little Ways", qui swingue plutôt comme tel même si les instruments traditionnels se pointent pour donner à l’ensemble un look countrysant. C’est efficace, tressautant, et tout dans la bonne humeur, le jeune homme a choisit son camp et agrémente donc sa country d’éléments bien rock pour, tout ceci est cool et pas ramenard pour deux sous, le titre atteint la 8eme place des charts country.

L’esprit tonk reprend ses droits sur la dansante "Please Please Baby", avec cet étrange refrain scandé par les fiddles, tout ceci est bien agréable ! Puis c’est un son de guitare presque hawaien qui domine sur la toute simple "Always Late With Your Kisses", une reprise de Leffty FRIZZELL des fifties, le son y est clair toute comme la limpide voix de Dwight YOAKAM, qui se démarque en cela de ses pairs, on remarque les petits chœurs doowop. C’est le dernier single tiré de l’opus. On constate aussi l’efficacité et la régularité des hits, qui atteignent les places 7, 8, 6 puis 9 des tops US, c’est le moins qu’on puisse dire non ?

On entre de plein pied dans la vibration country sur "Smoke Along The Track" et on note à cette occasion la distance prise par notre nouvelle star avec les instances dirigeantes de Nashville… Ouais, le natif du kentucky en veut à l'état voisin du Tennessee d’avoir lâché Johnny CASH et la pureté de la country pour de la cosmopolitan. Mais peu importe sa fan base couvre l’entiereté des USA, il n’en a cure ! Sur des thèmes habituels propres au romantisme réaliste de la country, "Readin’, Rightin’, Rt 23" relance la machine à petite ballades soutenues par les fiddles et des grattes un peu raw.

On monte en célérité sur "This Drinkin Will Kill Me", avec un thème surtraité dans les maîtres du genre… solos de gratte clair puis de fiddle, c’est tout l’esprit de la country qui s’offre à nous. On est en pleine square dance sur "Throughout All Time", qui charme pas mal avec son petit côté trépidant et ses violons agiles. On jouxte la countrypolitan sur les harmonies de "1000 Miles", même si Dwight prend toujours soin de ne pas franchir le pas. Enfin la petite complainte cowboy chargé de lap steel guitar, le midslow "Johnson’s Love" se laisse bien écouter, on y apprécie la toujours belle tonalité du chanteur.

Ca ne rate pas, et même si les singles n’ont pas atteint les top place, l’album de Dwight se classe rapidement en première place du billboard country, confirmant ainsi ce que tout le monde pensait, voilà un compositeur chanteur avec lequel il faudra compter ! Le monde de la country reprend belle allure avec cette jolie exception presque subversive à la countrypolitan made in Nashville ! Un beau succès de cette année 87 même si rien de vraiment classique ne se trouve sur cet album, un joli trois bien sympa.